ÉDUCATION. La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont officiellement lancé samedi matin la campagne nationale «Renversons le poids de la précarité» lors d’une conférence de presse à Montréal, avec l’appui de plusieurs groupes syndicaux et jeunes.
Cette coalition, qui regroupe plus de 200 000 étudiants de cégeps et d’universités à travers la province, demande des actions concrètes de la part du gouvernement du Québec pour lutter contre la précarité financière qui frappe durement la population étudiante. Leurs solutions proposées se divisent en trois points.
Le premier est la rémunération des stages. Selon la coalition, 84 % des stagiaires dans les établissements collégiaux et universitaires n’obtiennent toujours pas de rémunération pour leur travail. Cette situation contraint de nombreux étudiants à chercher un emploi rémunéré en parallèle de leurs études, alors même qu’ils consacrent parfois jusqu’à 40 heures par semaine à leur stage.
La FECQ et l’UEQ demandent que le gouvernement débloque les fonds nécessaires pour assurer une rémunération des stages, permettant ainsi aux étudiants de se consacrer pleinement à leur apprentissage. «Il est inconcevable que les étudiants doivent jongler entre des stages non rémunérés, des études et des emplois précaires pour survivre», affirme le président de la FECQ, Antoine Dervieux.
Aide financière aux études
Le deuxième point est l’actualisation de l’Aide financière aux études (AFE), considérée comme un soutien qui ne reflète pas la réalité étudiante. La coalition avance que, dans sa forme actuelle, l’AFE est loin de répondre aux besoins des étudiants qui peinent à subvenir à leurs besoins essentiels.
Le coût de la vie, notamment pour le logement et la nourriture, a considérablement augmenté, mais les montants d’aide sont restés inchangés, laissant beaucoup d’étudiants dans une précarité financière croissante.
«Les trois quarts des étudiants universitaires admissibles au programme de prêts et bourses n’y ont pas recours. Cela en dit long sur la perception que les étudiants ont de ce régime ainsi que sur la difficulté de naviguer les demandes d’aide financière. C’est quelque chose d’alarmant», déclare le président de l’UEQ, Étienne Paré.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, précisait, vendredi, au média Le Devoir, qu’il faudrait peut-être revoir la méthode de calcul de l’AFE. «On va regarder ça, on va voir de quelle manière on peut bonifier l’AFE. Moi, je suis toujours ouverte à bonifier ce programme-là, puisque c’est un programme qui est vraiment le pilier de la mission même en enseignement supérieur», a-t-elle dit.
Insécurité alimentaire
Le dernier point concerne le financement d’initiatives permettant de contrer l’insécurité alimentaire. En effet, entre 2011 et 2023, le recours aux banques alimentaires par les étudiants postsecondaires a augmenté de 540 %.
Antoine Dervieux soutient que les étudiants ne devraient pas avoir à choisir entre se nourrir et réussir leurs études. «Ce n’est pas normal qu’un étudiant sur cinq doive compter sur les banques alimentaires pour se nourrir. Les associations étudiantes collégiales ont fait leur part en proposant des solutions concrètes, mais ces efforts ne peuvent répondre à cette demande croissante. Il est maintenant temps pour le gouvernement de prendre ses responsabilités et de venir financer la mise en place et le maintien de ces initiatives», avance-t-il.
Afin de se faire entendre, la coalition envisage différentes actions, telles qu’une tournée régionale, au cours de laquelle des conférences de presse locales et régionales seront organisées. «Nous apportons des solutions concrètes. Maintenant, le gouvernement doit choisir : se tenir aux côtés des étudiants et prouver qu’il prône réellement l’accessibilité aux études, ou s’accrocher au statu quo. L’avenir de milliers d’étudiants en dépend», conclut M. Dervieux. (WH)