Un refuge pour chats hors du commun au Québec

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Par William Hamelin
Un refuge pour chats hors du commun au Québec
L’aire commune, aussi appelée l’aire de vie, est réservée aux résidents félins permanents et les pensionnaires à long terme qui retourneront chez leur propriétaire. (Photo : William Hamelin)

ANIMAUX. Un refuge de fin de vie pour chats, situé à Saint-Pie-de-Guire, organisera une journée porte ouverte le 15 septembre pour amasser des fonds. L’Express s’est entretenu avec la propriétaire de ce lieu hors du commun au Québec.

Le refuge de fin de vie la CHAT’mane existe depuis trois ans et peut accueillir autour de 80 chats. Il est dirigé par seulement deux personnes : sa propriétaire, Marie-Eve Salvas, ainsi que son partenaire Yanick Hébert. Il s’agit d’un rêve d’enfance devenu réalité pour Mme Salvas.

«Pour moi, je le voyais d’abord comme un projet de retraite. Puis, quand la pandémie de COVID-19 est venue, et en voyant des gens mourir du jour au lendemain, je me suis dit que peut-être je ne passerais pas au travers. Alors, j’ai décidé de tout lâcher pour ainsi concrétiser mon rêve», exprime-t-elle avec joie.

La mission du refuge de fin de vie la CHAT’mane est d’être un lieu permettant aux chats âgés, handicapés et souffrant d’une maladie nécessitant une médication de terminer leur vie dans la dignité. À ses débuts, Marie-Eve Salvas souhaitait répondre à un besoin.

«Au départ, on visait la clientèle des personnes âgées qui partent en résidence et qui ne peuvent pas emmener avec elles leur chat. Je me suis dit que ça prenait un refuge comme celui-là pour que les gens puissent avoir l’esprit tranquille en se départissant de leur compagnon. Puis, ça l’a fini par faire boule de neige», raconte celle dont le refuge est maintenant au maximum de sa capacité.

Marie-Eve Salvas insiste que ses chats sont les vedettes de son refuge et ce pourquoi elle travaille tous les jours. (Photo : William Hamelin)

Une pension au coût variable, comprenant le logement et les frais de vétérinaire, s’applique à chaque chat s’établissant au refuge. Si la moitié des félins demeure sous la tutelle des propriétaires, l’autre bénéficie gracieusement des services via le système de parrainage du refuge.

Au coût d’un dollar par jour, des personnes peuvent devenir parrain ou marraine d’un chat. Elles payent ainsi ses soins et sa nourriture jusqu’à son décès. Marie-Eve Salvas leur envoie même des photos et des vidéos en privé pour leur donner des nouvelles de leur filleule à quatre pattes. Elle s’enthousiasme de voir qu’aucune personne ne s’est destituée de ses frais jusqu’à présent.

La propriétaire affirme que la majorité des clients humains viennent de la région de Montréal. «On est le seul au Québec à faire cela. On m’a même dit que j’étais la seule au Canada», avance-t-elle.

Victime de sa popularité

La propriétaire a été surprise par la vitesse à laquelle son projet a pris de l’ampleur et gagné en popularité. Elle reçoit tellement de demandes qu’elle se retrouve obligée, avec beaucoup de peine, d’en refuser la grande majorité.

«Je ne pensais pas en arriver où j’en suis trois ans plus tard parce que je pensais que ça aurait pris des années. S’il n’y avait qu’une chose que j’aimerais changer, c’est qu’on soit dix fois plus gros que ce que l’on est actuellement avec des employés qui y travaillent et tout. Malheureusement, ce n’est pas possible», laisse tomber la propriétaire.

La Guiroise confie avoir effectué des demandes de subventions auprès du Gouvernement du Québec, mais n’a rien trouvé pour ce type de refuge. Tous les frais de construction, d’aménagement des lieux, d’entretien des pensionnaires et de visite chez le vétérinaire sortent de sa poche et de celle de son partenaire.

Plusieurs chats sont morts dans la dignité au refuge de fin de vie la CHAT’mane. (Photo : William Hamelin)

«Il nous faudrait des fonds ou des subventions du gouvernement, voire une reconnaissance du travail qu’on fait par ce dernier, parce qu’on ne peut pas toujours tout dépenser de notre poche. Rien qu’en frais vétérinaire, on tourne autour de 4000 $ par mois. C’est sans compter les suivis de médication et le renouvellement de prescription comme l’insuline pour les chats diabétiques», met-elle en lumière.

Et quel est l’un des défis à venir pour sa propriétaire dans les prochaines années? «Faire en sorte que ça s’autofinance en parlant notamment des condos servant de garderie pour chat, ainsi que des parrainages puisque c’est ça qui fait vivre le refuge. Si je n’ai pas ces gens-là, je ne peux pas effectuer mon travail», répond Marie-Eve Salvas.

Sensibiliser le public

L’un des désirs et autres défis de Marie-Eve Salvas est de pouvoir changer les mentalités des gens vis-à-vis la stérilisation des chats et la surpopulation de ces animaux. Elle cite en exemple son groupe de chats atteints d’axatie, isolés dans une pièce à l’écart des autres et aménager en fonction de leur maladie.

«Quand les gens entrent dans le refuge, le premier réflexe de la moitié d’entre eux c’est qu’ils vont pleurer et prendre ces chats en pitié. « Ça n’a pas de bon sang! Pourquoi les gardes-tu? », me disent-ils. Je leur réponds : « Pourquoi ne les garderais-je pas? Pourquoi faut-il déjà les condamnés? Eux, ils n’ont pas demandé à être comme ça. » C’est la génétique qui fait qu’ils sont atteints d’axatie et l’humain qui n’a pas fait sa job de stériliser la chatte», s’indigne-t-elle.

La Guiroise met de l’avant que le refuge ne pratique en aucun cas l’euthanasie à moins d’une recommandation de la part d’un vétérinaire. Elle espère que d’autres personnes auront l’envie de se lancer dans le même concept qu’elle.

«Je ne juge pas la raison pourquoi quelqu’un veut se départir de son chat. S’ils me l’amènent ici, je considère que ce n’est pas un abandon. Ils prennent au contraire leur responsabilité en payant une pension pour que le chat soit en sécurité et continue d’avoir les soins nécessaires», souligne-t-elle.

La journée portes ouvertes sera la deuxième de l’histoire du refuge de fin de vie la CHAT’mane. Il s’agit d’un moyen pour amasser des sous ainsi qu’une occasion pour les parrains et marraines de rencontrer leur filleul félidé.

«C’est rare que l’on aille demander aux gens de l’argent parce qu’on veut faire ça par nous-même. On se dit que c’est notre responsabilité et c’est à nous de bien nous en occuper au lieu de demander tout le temps aux gens la charité. Cette journée nous permet, entre autres, de rétablir les comptes chez le vétérinaire», termine Marie-Eve Salvas.

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