CULTURE. L’artiste Émilie Dore est allée à la rencontre d’une trentaine de citoyens de Drummondville afin de capturer leurs traits en dessin. Le fruit de son travail est exposé à la galerie Ö Berkail, où une panoplie de visages recouvrent les murs.
Du haut de ses 37 ans, Émilie Dore fait ses premiers pas en tant qu’artiste. La Drummondvilloise est retournée aux études à l’âge de 30 ans. «J’ai fait mon DEC (diplôme d’études collégiales) en arts visuels. Je suis dans mes débuts, mais je suis quelqu’un qui dessine depuis longtemps», fait savoir celle qui œuvre en tant que technicienne en arts visuels au Cégep de Drummondville.
Avec le projet Prendre la pose, l’artiste en voie de professionnalisation ajoute des cordes à son arc. «J’ai reçu une subvention de la Ville dans le cadre de l’aide spécifique au projet. C’est dans le but d’aider les artistes à développer de nouveaux acquis. Ça faisait vraiment longtemps que je n’avais pas fait de modèle vivant. Dans ma pratique actuelle en art, les gens n’ont pas de visage. Je fais des méandres qui exposent leurs états mentaux», explique-t-elle.
Émilie Dore a proposé à une trentaine de citoyens, de tous les âges, de vivre une expérience de modèle gratuite. «J’ai invité les gens au printemps à prendre rendez-vous avec moi. J’ai fait un calendrier en ligne. J’ai fait des partenariats avec des espaces publics. Je voulais que les gens se sentent sécurisés.»
Les séances d’étude de portrait se sont déroulées à plusieurs endroits à travers la ville, dont le festival Allô le monde (organisé par l’organisme Intro Drummondville), à la galerie Ö Berkail, à la bibliothèque publique ainsi que dans les cafés Ölistik, Nature Sereine et Rose Café. Crayons en main, l’artiste réalisait une esquisse en l’espace de vingt minutes.
«Je dessinais les traits particuliers. Ce n’est jamais tout à fait fidèle à la personne. C’est pour ça que ce genre de projet prend plusieurs heures. Les participants repartaient avec l’esquisse. J’avais une photo de l’esquisse et une photo d’eux. Je finissais le portrait dans mon studio. Je prenais le temps d’ajuster les proportions», indique-t-elle.
Cette expérience a permis à l’artiste de tisser des liens avec les membres de la communauté. Le contexte était propice aux échanges. «Il y a des gens qui se sont vidé le cœur. Certaines personnes m’ont tout de suite fait confiance comme si j’étais leur grande amie.»
À travers le projet, Émilie Dore a mis en lumière la diversité de la population drummondvilloise sur tous les plans. Les participants sélectionnaient d’ailleurs leur couleur de peau à partir d’une charte.
Les portraits sont affichés à la galerie Ö Berkail jusqu’au 30 novembre. Il s’agit de la première exposition solo de l’artiste. Notons qu’un vernissage est prévu le 6 septembre à 17 h.
Émilie Dore se dit motivée pour la suite. «Pour l’instant, j’ai envie de tout apprendre. J’aimerais suivre des cours. J’ai aimé aller chercher quelque chose qui était mon point faible pour le transformer en point fort. J’ai envie de recommencer le processus», soutient-elle.