L’Hôtel Windsor et les débits d’alcool à Drummondville

Yolande Allard - Société d'histoire de Drummond
L’Hôtel Windsor et les débits d’alcool à Drummondville
(Photo : Société d’histoire de Drummond, Collection régionale ; C1-2.4D23.)

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE DRUMMOND. Au Québec, en vertu de la Loi sur la tempérance du Canada de 1885, dite Loi Scott, aucun permis de vente d’alcool au détail ne peut être émis sauf à des fins médicales ou sacramentelles. Dans le comté de Drummond, un référendum entraîne le rappel de ladite loi dès 1892. Le conseil municipal de Drummondville, sous la pression du clergé, limite cependant à quatre le nombre d’hôtels permis sur le territoire et fixe à 200 $ le coût annuel d’une licence d’exploitation.

Ephrem Archambault, propriétaire de l’Hôtel Windsor. (Société d’histoire de Drummond, Fonds Yolande Allard ; P17)
Ephrem Archambault, propriétaire de l’Hôtel Windsor. (Société d’histoire de Drummond, Fonds Yolande Allard ; P17)

De plus, il interdit la vente de spiritueux le dimanche et les jours de fête, sauf sur présentation d’un certificat signé par un médecin et contresigné par le curé de la paroisse Saint-Frédéric ou le pasteur anglican. En tout temps, les mineurs et les ivrognes reconnus sont contraints de s’abstenir. Enfin, l’heure de fermeture des bars est fixée à 23 h 00.

Les quatre hôtels désignés par le conseil municipal s’alignent sur la rue Heriot. Le plus ancien, l’Hôtel Boisvert, aussi connu sous le nom de Drummondville Hotel, est situé du côté nord, en face de la rue Loring. Les trois autres sont construits du côté sud, soit le Grand Central, à l’intersection de la rue Cockburn, l’American House, en face de l’Église anglicane St. George, et l’Albion, au-delà de la voie ferrée.

Pour étancher sa soif, l’honnête citoyen peut également s’approvisionner chez l’embouteilleur de bière Ferland, rue Dorion, ou dans le bas de la ville au comptoir des boissons alcoolisées du magasin général Turcotte, situé au coin des rues Heriot et du Pont.

Ephrem Archambault croit flairer une bonne occasion d’affaires lorsqu’il entreprend, en 1895, la construction d’un hôtel à l’intersection des rues Lindsay et Cockburn. Baptisé du nom de Windsor, l’édifice en brique s’élève sur trois étages; la superficie au sol est d’environ 2 500 pieds carrés. Un bar ou une taverne accueille les joyeux lurons au rez-de-chaussée.

La concurrence est vive et le métier d’hôtelier ne convient pas à Ephrem. Aussi, moins de cinq ans après l’inauguration, il loue le Windsor à Octave Bourque, qui résilie le bail au bout d’un an. Puis, un dénommé monsieur Vincent d’Acton Vale tente de reprendre le flambeau, sans succès. Ni Bourque ni Vincent ne réussissent à le rentabiliser. Ephrem trouve à le vendre à Lacasse & Gendreau, lesquels le lui rétrocèdent au bout de quelques mois, en avril 1909. Pour en finir, il se voit refuser son permis d’exploitation par le conseil municipal, alors qu’il est lui-même échevin…

Hôtel Grand Central, rue Heriot, Drummondville, vers 1920. (Société d’histoire de Drummond, Collection Cartes postales ; C3-3.1D1)

La providence se manifeste enfin en novembre 1910 sous les traits des Sœurs de la Charité de Nicolet, qui acceptent de louer son hôtel pour le convertir en hôpital. La durée du bail est de quatre ans et cinq mois, moyennant un loyer annuel de 550,50 $. À l’expiration du bail, les sœurs emménagent dans un édifice plus vaste qui avait jusque-là servi à des fins d’enseignement. L’hôtel-hôpital est par la suite vendu au notaire Edmond Rousseau de Saint-Zéphirin. Il sera plus tard transformé en maison multilogements.

Magasin général J.N. Turcotte, rue Heriot, Drummondville, 1890. (Société d’histoire de Drummond, Collection régionale ; IC-2.4E3)

 

 

 

 

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