JUSTICE. L’ex-enseignant drummondvillois, Marc Gignac, a été acquitté de trois chefs d’accusation qui pesaient contre lui le 26 mai dernier, au palais de justice de Drummondville.
Rappelons que M. Gignac était accusé de cinq chefs d’accusation en matière d’exploitation sexuelle et un chef d’agression sexuelle. Il a été acquitté de deux chefs d’exploitation sexuelle et du chef d’agression sexuelle. Les démarches judiciaires sont toujours en cours pour les trois accusations restantes.
Les événements pour lesquels Marc Gignac était accusé se sont déroulés en avril 1996. À ce moment enseignant d’anglais dans une école secondaire drummondvilloise, ce dernier se serait rendu dans un bar de Saint-Lucien. Sur place, il aurait rencontré une ancienne élève, âgée de 16 ans, qui fréquentait toujours l’école secondaire où travaillait Marc Gignac. Celle-ci était accompagnée d’une amie. Un jeune homme y travaillait également comme barman.
Selon la version de la plaignante, après avoir consommé de l’alcool pendant un certain temps, l’amie de celle-ci se serait retirée avec le barman dans une pièce adjacente dans laquelle se retrouvaient deux lits. Un peu plus tard, elle se serait retrouvée dans le second lit en compagnie de l’accusé qui se serait livré à des attouchements sexuels, sur elle, contre son gré. Il l’aurait ensuite forcé la plaignante à le masturber.
Pendant ce temps, l’amie de la plaignante et le barman se livraient également à des activités sexuelles dans la même pièce. Seule la plaignante a témoigné en soutien aux accusations lors du procès.
De son côté, l’accusé a admis s’être rendu au bar de Saint-Lucien et y avoir rencontré la plaignante, son amie et le barman. Cependant, il a affirmé avoir quitté les lieux vers 22 h 15 et de ne pas être allé dans la pièce adjacente. Il a formellement nié être l’auteur des attouchements subis par la plaignante. Selon lui, il y a erreur sur la personne.
Il a raconté s’être rendu sur place afin de voir s’il y avait bel et bien une table de billard accessible gratuitement dans le bar. Il a ajouté qu’il devait ensuite rejoindre une amie, Josée Pelletier, pour sortir dans un bar de Drummondville plus tard.
M. Gignac a affirmé, durant son témoignage, être arrivé à l’établissement luciennois vers 21 h 45. Il a ajouté avoir discuté avec la bande tout en sirotant une consommation. À un certain moment, l’amie et le barman se seraient éclipsés dans la pièce adjacente.
Ensuite, il a soutenu ne jamais s’être rendu dans cette pièce et avoir quitté les lieux vers 22 h 15 afin de rejoindre Mme Pelletier. Les deux avaient prévu de sortir dans un bar qui exigeait un pris à l’entrée après 23 h. Marc Gignac a confirmé s’y être rendu pour l’heure prévue et y être resté, avec Mme Pelletier, jusqu’à la fermeture vers 2 h 45 du matin.
Appelée à témoigner, Josée Pelletier a confirmé la version de l’accusé selon laquelle il s’est rendu au bar de Saint-Lucien et est revenu la rejoindre vers 22 h 45 afin de sortir dans le bar drummondvillois L’Entre-Nous.
Il est indiqué, dans le document du jugement de la Cour du Québec, que M. Gignac a communiqué avec Mme Pelletier dans les jours qui ont suivi son arrestation afin de lui demander de rencontrer son avocat pour lui donner sa version des faits.
Doute raisonnable
Dans son jugement, le juge Chapdelaine a indiqué qu’«un tel retour dans le temps comporte son lot d’imprécisions et d’oublis, parfois sur des questions cruciales, surtout lorsqu’il y a, comme en l’espèce, une consommation importante d’alcool».
Il a ajouté que le Tribunal devait procéder à «l’analyse de la défense et déterminer la crédibilité qu’il accorde à l’accusé et à Mme Pelletier, de même que la vraisemblance et la fiabilité de leur témoignage respectif en tenant compte de l’ensemble de la preuve.»
Dans le témoignage de l’accusé, le juge a noté plusieurs repères significatifs. Cependant, la poursuite a demandé au Tribunal de rejeter le témoignage au motif que l’accusé se serait contredit en répondant à une question portant sur son travail d’enseignant. Le Tribunal a rejeté cette demande.
Concernant le témoignage de Josée Pelletier, le jugement fait état de la crédibilité et de la fiabilité de la témoin malgré que la poursuite a avancé qu’il s’agissait d’un témoignage de complaisance.
Dans ces circonstances, le juge a estimé que la preuve en défense apparaissait comme cohérente et vraisemblable. Ainsi, un doute raisonnable sur l’identité de la personne qui aurait agressé la plaignante a subsisté.