SANTÉ. Sous des airs de cérémonie funéraire, des infirmières ont symboliquement dit au revoir à leurs conditions de travail avant de les enterrer, lundi matin. Par cette action, elles voulaient illustrer la dégradation de la situation depuis la mise en place du plan du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
Toutes vêtues de noir, une quarantaine de professionnelles en soins ont formé un cortège funèbre avec en tête un corbillard. Elles ont défilé dans les rues, du CLSC Drummond à l’hôpital Sainte-Croix.
«Le non-respect de nos conditions a tué notre convention. À cause du CIUSSS MCQ et de ses décisions, nous sommes en deuil de nos conditions», ont-elles scandé.
Vers midi, elles ont procédé à l’inhumation symbolique dans un espace vert situé en face de l’hôpital.
Après plusieurs semaines d’actions, la colère des professionnelles en soins gronde toujours et la mobilisation continue de prendre de l’ampleur à la veille des fusions de centres d’activités.
«Qu’est-ce que ça va prendre à notre employeur pour qu’il comprenne? Combien d’autres marches comme celles d’aujourd’hui devrons-nous faire pour qu’il retrouve le chemin de la raison?» s’est questionnée Patricia Mailhot, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (FIQ-SPSMCQ).
Les infirmières refusent de travailler dans n’importe quelles conditions, sans égard à leur expertise ou à leur conciliation vie personnelle-travail.
«C’est à la fois dangereux pour elles et pour leurs patients. Oui, il faut être innovateur, mais sans demander aux infirmières de mettre leur expertise de côté et d’aller travailler dans des secteurs où ça fait 15-20 ans qu’elles n’ont pas mis les pieds», a insisté Mme Mailhot.
L’objectif de cette mobilisation et les autres à venir est d’empêcher le CIUSSS d’élargir les fusions de centres d’activités imposées à Drummondville ailleurs sur le territoire.
«Nous ne lâcherons pas, a lancé la porte-parole syndicale. Nous continuerons d’interpeller le CIUSSS MCQ autant de fois qu’il le faudra parce que le plan qu’il nous a imposé ne tient tout simplement pas la route.»
D’ailleurs, celle-ci reproche à l’employeur le manque d’écoute.
«On le dit depuis le 6 février (date d’entrée en vigueur de la réorganisation des horaires) : on a des solutions. Mais jamais qu’on n’a voulu du côté du CIUSSS prendre un temps de pause pour s’asseoir avec nous, les professionnelles, les médecins, bref tout le monde impliqué. Tout ce qu’on demande, c’est d’être écoutés», souligne-t-elle.
Temps complet pour les professionnels ne travaillant pas dans les secteurs 24/7, quart de 12 heures et autoconfection des horaires ne sont que quelques exemples de solutions que propose le syndicat.
Se désolant de la situation, des membres du Parti québécois des sections Drummond-Bois-Francs, Johnson, Nicolet-Bécancour et Champlain tenaient à être présents pour démontrer leur appui.
«Je me fais traiter ici (hôpital) régulièrement pour toutes sortes de maladies et je peux affirmer que j’ai un service extraordinaire. Par contre, je sais que les infirmières sont dans le trouble. Plus ça va aller, plus la population sera vieillissante, plus il y aura de la maladie et moins il y aura d’infirmières, car elles se tournent vers le privé ou prennent leur retraite. Il y a tout un travail à faire pour remettre ça sur pied. Nos membres soutiennent ces gens-là; on va voir ce que notre haute direction va décider de faire et de promettre pour les prochaines élections», a affirmé Roger Pomerleau, conseiller dans l’exécutif de Johnson.
Soulignons que les fusions constituent la troisième étape du plan de réorganisation des horaires déployé par le CIUSSS cet hiver. Les infirmières les plus touchées pour le moment sont celles travaillant au CLSC, autrement dit, où les services seront le plus impactés.