L’ABC des plantes vertes

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Par Claude-Hélène Desrosiers
L’ABC des plantes vertes
Manon Clermont et Nathalie Houde, du Centre horticole Foliflor. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Au printemps, on a envie de verdure et de se plonger les mains dans la terre. Pourtant, nombreux sont les gens qui déclarent être incapables de garder une plante verte en santé. Voici des conseils de base pour des végétaux heureux.

Espèces

Il y a des espèces de plantes plus faciles que d’autres. Par exemple, les pothos, les peperomias, les plantes-araignées, les ficus et les sansevières (langues de belle-mère). Ces dernières peuvent aussi être utilisées à l’extérieur durant la belle saison dans d’originaux agencements. «On peut intégrer les sansevières à nos arrangements floraux l’été, dans des pots, ou encore dans les plates-bandes ou les boîtes à fleurs. C’est une plante qui tolère bien d’être dans un endroit ombragé, même si sa croissance est alors plus lente qu’au soleil», propose Manon Clermont, du Centre horticole Foliflor.

Lumière

Christine Roy, de Terre Nature. (Photo: Claude-Hélène Desrosiers)

En général, les plantes vertes tropicales ont besoin de luminosité, mais pas nécessairement de soleil direct, sous peine de faire brûler les feuilles. «Dans leur milieu naturel, elles ne vont pas forcément être directement exposées au soleil. Elles peuvent pousser sous les arbres et recevoir seulement de la rosée comme arrosage», explique Christine Roy, de Terre Nature.

Certaines espèces demandent peu de lumière, comme les lierres. D’autres s’accommodent de tous les niveaux de luminosité, comme le zamioculcas.

Arrosage

L’erreur la plus fréquente, c’est de donner trop d’eau. «Le problème numéro 1 des gens est de trop arroser», explique Nathalie Houde, du Centre horticole Foliflor. Il faut laisser le sol bien sécher, puis les arroser en profondeur. Il est utile d’enfoncer notre doigt dans la terre afin d’éviter d’arroser une plante qui est desséchée sur le dessus, mais humide en profondeur. Il est préférable d’arroser moins, mais mieux. «Quand on arrose, on s’assure que toute la motte est humide. Quand la terre est complètement sèche, on est capables de sortir la motte du pot très facilement», ajoute Mme Houde.

Il existe cependant des espèces de plantes qui n’aiment pas être arrosées souvent, et d’autres, qui ont besoin d’un plus grand taux d’humidité, comme les fougères. Dans le dernier cas, «on peut incorporer des billes d’argile dans le terreau. On peut aussi faire un lit de billes d’argiles dans la soucoupe et l’on verse de l’eau au niveau de la surface et on met le pot dessus», conseille Manon Clermont.

Bouturage

Doit-on mettre notre bouture dans de l’eau ou dans de la terre? Les deux sont possibles, mais «il faut savoir que les racines qui ont été formées dans l’eau sont moins fortes que les racines qui commencent dans la terre. Au moment de les mettre dans la terre, ça se pourrait que ça ne marche pas», mentionne Christine Roy.

Engrais

C’est autour du mois de mars qu’on peut donner de l’engrais, jusqu’en septembre, car c’est durant cette période que la plante grandit. Pendant l’hiver, la croissance des plantes ralentit. Puis, on peut observer des signes de croissance; par exemple, on va voir de nouvelles pousses. C’est le signe que la période de croissance est entamée!

Il existe une variété d’engrais, sous différentes formes : liquide, soluble dans l’eau, en granules (pour une dissolution plus lente), en encore de l’engrais foliaire, c’est-à-dire par vaporisation sur les feuilles. On retrouve des engrais naturels, comme les algues, ou synthétiques, comme le 20-20-20. Dans ce type d’engrais, les trois chiffres représentent, dans l’ordre, le taux d’azote, de phosphore et de potassium. L’azote aide à la croissance des feuilles et des tiges, le phosphore favorise la floraison et des racines saines, et le potassium fournit une protection contre les maladies. L’avantage des algues c’est qu’on n’y retrouve pas seulement de l’azote, du phosphore et du potassium. «On y trouve des biostimulants, qui soutiennent la verdure de la plante, des micronutriments comme du zinc, du cuivre, du manganèse, du bore…» détaille Nathalie Houde.

Si on s’achète de belles plantes à fleurs annuelles, ça vaut le coup de penser à ajouter de l’engrais. «Je suggère particulièrement d’ajouter un engrais riche en phosphore en été sur les annuelles. Elles coûtent cher et on veut qu’elles nous fassent un spectacle de fleurs, à partir du moment où on l’apporte à la maison jusqu’à la première gelée», propose Christine Roy.

Rempotage

Le rempotage se fait en général annuellement, préférablement au printemps. Les besoins en rempotage varient d’une espèce à l’autre. Il existe cependant des signes qui ne trompent pas : les feuilles jaunissent, les racines sortent du pot, ou encore, quand on arrose, l’eau passe tout de suite au travers du terreau. Si c’est le cas, c’est qu’il y a plus de racines que de terre qui peut retenir l’eau. Parfois, on peut aussi remarquer une croûte blanchâtre ou jaunâtre en surface. Cela indique que des sels minéraux se sont accumulés. Il faut agir, car cela peut être toxique pour la plante. «Si on veut en avoir le cœur net, on regarde. On sort la motte et on observe : si l’espace est occupé seulement par des racines et qu’il n’y a presque plus de terreau : c’est le temps», spécifie Nathalie Houde.

Cependant, certaines plantes aiment être bien à l’étroit dans leur pot, comme les sansevières. Pour celles-là, mieux vaut trop petit que trop gros. On attend que les racines déforment le pot.

Il est nettement préférable d’avoir des pots avec des trous. Ceux-ci peuvent aller dans un cache-pot si on le désire, mais le drainage est important. «Attention également à la taille des pots. On grossit d’une grandeur de pot à la fois pour les petites plantes (par exemple, passer d’un pot de 5’’ à 6’’)», spécifie Christine Roy. En effet, si la plante est mise dans un pot trop grand, en arrosant la terre, on l’expose à une trop grande humidité pendant trop longtemps et les racines vont pourrir.

Quand il s’agit de très grosses plantes, on peut procéder par surfaçage, c’est-à-dire qu’on enlève environ 4 pouces de terre sur le dessus et on remplace par de la nouvelle terre.

Acclimatation

Durant l’été, les plantes sont très heureuses à l’extérieur, mais il faut y aller étape par étape. On ne peut pas, à la première belle journée, sortir d’un coup une plante, même si elle arrive tout juste d’une serre. «Croyez-le ou non, elle va faire un coup de soleil, elle va blanchir», assure Nathalie Houde. On commence par les sortir à l’ombre au début, quelques heures, et on augmente l’exposition progressivement. Les plantes n’aiment pas non plus les grands contrastes, alors il faut éviter les variations importantes de température entre la maison et l’extérieur.

La bonne plante pour le bon environnement

Il y a un réel engouement en ce moment pour les plantes, particulièrement chez les jeunes. On en voit partout sur les réseaux sociaux, et il y a de plus en plus de demandes pour des espèces avec des particularités. On peut facilement craquer pour une jolie plante qu’on a vue sur Instagram, mais il faut considérer l’environnement qu’on a. A-t-on peu ou beaucoup d’ensoleillement? Est-ce que les lieux sont très secs?

Idéalement, quand on choisit une espèce dans une jardinerie, on s’informe de ses besoins spécifiques. «C’est l’avantage des jardineries, d’avoir accès à des spécialistes qui peuvent bien nous conseiller dans nos choix. Il faut s’assurer d’avoir une plante qui convient à notre environnement, et on peut se faire guider là-dessus», dit Nathalie Houde.

Si on a un problème avec notre plante, pas de panique! On peut toujours apporter une photo ou même notre plante à notre jardinerie, qui pourra poser le bon diagnostic et suggérer les bons soins.

Prescriptions en vrac

«Attention à vos sources d’information sur Internet, elles ne sont pas toujours fiables ou encore adaptées à notre climat». (Christine Roy)

«Si votre plante est fraîchement rempotée avec de la nouvelle terre, l’engrais n’est pas nécessaire. Il faut bien lire les directives. Il est moins nocif de ne pas en donner assez que trop en donner». (Manon Clermont).

«C’est prouvé que les plantes, l’horticulture, le jardinage sont des activités bénéfiques pour la santé physique et mentale». (Nathalie Houde)

«Il peut être utile de regrouper les plantes aux mêmes besoins ensemble». (Manon Clermont)

«Il est bon d’arroser les grosses plantes en leur donnant quelques douches dans l’année. Un bon jet d’eau sous et sur les feuilles, ça permet de déloger la poussière qui pourrait éventuellement empêcher la plante de respirer, et qui aide aussi à chasser les petits insectes qui pourraient s’être développés (petites araignées rouges, acariens…)». (Nathalie Houde)

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