Michel Couturier, la petite histoire d’une grande course et de son fondateur

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Par Lise Tremblay
Michel Couturier, la petite histoire d’une grande course et de son fondateur
Michel Couturier a pris la pose à la boutique Zone Course de Drummondville. Ce dernier participera à l’organisation de sa dernière Course des Chênes-toi le dimanche 21 mai prochain. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COURSE DES CHÊNES-TOI. Dimanche, des milliers de coureurs s’élanceront à la 14e reprise de la Course des Chênes-toi Bourret. Ce sera le dernier événement que pilotera Michel Couturier, l’un des fondateurs qui avait la ferme intention «de mettre Drummondville sur la carte», sportivement parlant. Portrait d’un homme qui carbure aux compétitions avec la même intensité qu’il prône les saines habitudes de vie.

Âgé de 64 ans, Michel Couturier est un peu le Pierre Lavoie de Drummondville, à la différence qu’il recherche un peu moins les grands titres de journaux et les appareils-photo. Son truc : le soccer de haut niveau et l’accessibilité de l’activité physique au sein de la population.

La petite histoire de la Course des Chênes-toi a débuté à l’automne 2007. À cette époque, M. Couturier était agent de développement de sport pour la Commission scolaire des Chênes, l’ancien vocable du centre de services scolaire.

Michel Couturier. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Mon rôle était de développer la pratique sportive et de mettre en place les programmes de sports dans les écoles, met en contexte le principal intéressé. C’est peut-être extrême ce que je vais dire, mais ici, il n’y avait que le hockey et le football. Il fallait mettre Drummondville sur la carte sportive du Québec avec une activité de masse. Vous savez, on a un corps dans notre vie. Dans mon passé, j’ai tellement donné de cours. Je sais que les gens veulent être en forme, mais sans s’investir tant que ça. La marche et la course demeurent les deux activités les plus simples et accessibles pour les familles. Elles sont donc devenues un prétexte pour organiser une grande fête et pour conscientiser les gens à l’importance de la santé.»

Aux yeux de Michel Couturier, Drummondville, avec ses nombreux faux plats, présente tout plein d’avantages liés à la course à pied. L’idée était là. La volonté aussi. Il ne restait qu’à pointer la mission, mettre sur papier les valeurs puis à élaborer le projet.

«On a entamé des discussions. Je me rappelle d’un souper à la Casa du spaghetti. Il y avait Rénald Leclair, Lucie Roy… un paquet de gens qui croyaient à la cause et j’avais l’honneur de gérer les débats d’idées. Un peu plus tard, feu André Lamy (27e Grand du sport à Drummondville) s’est joint à nous. Le monde avait besoin à ce moment-là d’avoir un souffle nouveau dans la pratique sportive», exprime M. Couturier.

Et c’est ainsi que le 8 juin 2008 est arrivé. Le jour de la première course des Chênes-toi. Budget : 5000 $. Provenance des fonds : Commission scolaire des Chênes.

«On n’avait pas eu l’autorisation de tenir l’événement dans les rues de Drummondville, mais le Village québécois d’antan, qui cherchait à reconnecter avec les gens d’ici, a accepté de nous accueillir. Les premières années, les participants ont donc couru dans le sable!», se rappelle M. Couturier, en précisant que ce premier événement a attiré 749 personnes. Trois distances étaient offertes, soit le 1, 2 et 5 kilomètres.

Chaque année, la Course des Chênes-toi attire des milliers de coureurs. (Photo d’archives)

«Les gens me félicitaient, mais je ne comprenais pas trop pourquoi, car dans mon sport, on attire des milliers de personnes. Je voyais plus grand», lance-t-il.

L’année d’après, les organisateurs ont été en mesure d’inclure un volet marche à l’événement. Puis, en 2010, l’épreuve du 10 kilomètres a été ajoutée au programme si bien qu’en 2012, 2000 sportifs ont pris l’un des départs proposés.

La 5e édition présentée en 2013 constituera une année charnière : la Course des Chênes-toi a déménagé au parc Woodyatt et le défi aux entreprises a pris son envol. Ensuite, le pied sur l’accélérateur, la Course des Chênes-toi a joint le circuit provincial Sports Experts – Intersport, a ajouté de nouvelles épreuves, soit le combo puis le demi-marathon, puis a été représentée par un porte-parole de choix : Frédéric Plante, animateur à RDS.

À travers cela, de nouvelles personnalités se sont ajoutées dans la tour de contrôle de la course, comme Frédéric Ouellet (2013), Yann Lanoie (2014) et Carl Houle (2016). Une équipe tissée serrée et complémentaire.

Dans les faits marquants de la jeune histoire de la Course des Chênes-toi, on se souviendra que la 8e reprise a été synonyme d’un deuxième déménagement, et ce, en raison des travaux d’embellissement au parc Woodyatt. Le choix du comité organisateur s’est arrêté sur le terrain de l’école Marie-Rivier, une idée qui plaît puisque pas moins de 8000 personnes s’inscrivent et participent à l’événement.

La 10e reprise restera quant à elle à jamais dans la mémoire collective. Pas moins de 12 000 participants ont chaussé des espadrilles et relevé le défi. À elle seule, la course du 5 km a attiré 5000 coureurs. Du jamais vu. Cette année-là, l’action s’est tenue au Centrexpo Cogeco où un salon portant sur la santé et les saines habitudes de vie a eu lieu parallèlement.

Michel Couturier. (Photo d’archives)

La pandémie a par la suite contraint les organisateurs à annuler les deux éditions subséquentes, mais la course est revenue en force au printemps 2022 avec la présentation d’un premier marathon.

Fort d’un budget d’exploitation oscillant entre 400 000 $ et 500 000 $, la Course des Chênes-toi est aujourd’hui à la croisée des chemins, un «point de bascule», comme le nomme Michel Couturier.

«Je quitterai le navire après cette course, mais je crois que la mission devra être changée. Entre autres, le comité devra se pencher sur les médailles. Ça coûte cher et il y a toute la question de l’environnement», soutient celui qui a toujours caressé le rêve que la Course des Chênes-toi devienne l’événement de course à pied le plus populaire en province.

Questionné à savoir s’il a manqué de temps pour hisser la course au sommet, M. Couturier a répondu par l’affirmative. «J’ai manqué de temps et peut-être qu’on n’a pas rêvé aussi fort que moi. Je crois néanmoins que nous avons tout pour y arriver.»

Une finale émotive à l’horizon

Lors de la conférence de presse annonçant la tenue de l’événement, les collègues de Michel Couturier ont souligné à grand trait l’apport de ce dernier en présentant une touchante vidéo. Sous l’air d’une chanson de Frank Sinatra, on a pu voir l’organisateur dans son élément, en pleine action.

De toutes ces années, il gardera certes de précieux souvenirs, surtout de tous ces gens qui ont franchi la ligne d’arrivée, comblés de fierté. Il indique qu’il aura un «deuil à vivre» quand il pensera aux «gars de l’organisation» puis il se souvient avec émotion de ce jour où ses parents âgés ont été bénévoles puis lorsque ses petits-enfants ont été en âge de participer à la course.

Michel Couturier et sa famille. (Photo Ghyslain Bergeron)

«J’ai tellement de belles histoires en tête. Il y a trois ans, j’étais avec Yann Lanoie. La course achevait; on était fatigués. On attendait un homme qui faisait la marche. Quand il est arrivé, il nous est tombé dans les bras en nous disant : «Grâce à vous, j’ai recommencé à marcher». On s’est mis à pleurer», se rappelle-t-il.

Après l’édition 2023, celui que tout le monde appelle Mike sur le terrain entend poursuivre son implication dans le sport. Entre autres, il participera à l’organisation de la coupe Saputo l’automne prochain. C’est qu’à la base, à travers tous les pas de course dont il a rêvé, on se souviendra que Michel Couturier est avant tout reconnu comme étant une sommité du soccer au Québec.

Saviez-vous que…

-Cinq Drummondvillois sont au cœur de l’organisation de la Course des Chênes-toi, soit Michel Couturier, Yann Lanoie, Carl Houle, Jean-François Lamoureux et Frédéric Ouellet. Ensemble, ils ont créé une entreprise baptisée Événements Cré-Action.

-L’entreprise a été approchée pour organiser le Marathon de Montréal alors que celui-ci subissait la critique. Elle a décliné l’invitation.

-La Ville de Drummondville contribue à l’événement à la hauteur de 35 000 $; le Centre de services scolaire des Chênes y investit 24 000 $.

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