Projet de loi 15 : une occasion de rendre autonome le Centre-du-Québec, croit Pierre Levasseur

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Par Cynthia Martel
Projet de loi 15 : une occasion de rendre autonome le Centre-du-Québec, croit Pierre Levasseur
Pierre Levasseur (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Pierre Levasseur, ex-directeur général de l’hôpital Sainte-Croix, voit dans le projet de loi 15 une «fenêtre d’opportunités» pour que le Centre-du-Québec puisse gérer ses propres soins et services. Devant ce constat, il interpelle la Table des MRC pour qu’elle milite en ce sens en déposant un mémoire à la commission parlementaire.

C’est en décortiquant certains des 1200 articles de ce projet de loi visant à rendre le réseau de la santé plus efficace, que M. Levasseur a pu entrevoir cette possibilité.

«À moins que je me trompe, j’ai trouvé dans ce projet une approche intelligente et peu coûteuse permettant de corriger, entre autres, les erreurs passées relativement au fait que le Centre-du-Québec est la seule région administrative qui n’est pas une région sociosanitaire dans la province. J’y ai trouvé des éléments très intéressants qui permettraient au Gouvernement du Québec de remplir les promesses maintes fois répétées par le premier ministre, François Legault (octobre 2016 et septembre 2018), et nos députés Sébastien Schneeberger et André Lamontagne», laisse entendre le Drummondvillois, ne manquant pas de rappeler que cette autonomie est réclamée depuis 1971.

«Ce projet de loi est un outil exceptionnel pour corriger une erreur historique au Centre-du-Québec», ajoute-t-il.

Pour émettre cet avis, M. Levasseur se base notamment sur les articles 28, 37 et 345 stipulant que chaque région sociosanitaire actuelle peut être subdivisée en territoire de réseaux locaux et qu’au moins un établissement doit être institué dans chaque région pour assurer la gouvernance.

«Lorsque le conseil d’administration de Santé Québec institue plus d’un établissement territorial dans une même région sociosanitaire, il détermine les réseaux locaux de services de santé et services sociaux dont chacun des établissements est responsable», rapporte l’article 345.

«Si je comprends bien, cela signifie que Santé Québec pourrait faire en sorte que la région du Centre-du-Québec aurait la chance de posséder un établissement territorial avec un président-directeur général. Ça pourrait être la première étape qui nous mènerait graduellement vers la création de la région sociosanitaire», avance M. Levasseur.

Il poursuit : «Des ententes avec l’établissement de la Mauricie permettraient d’obtenir des services plus régionaux tels que les services jeunesse, la réadaptation, la santé publique ou autres. Une telle approche vient annuler les empêchements précédents émis à hauts cris par le CIUSSS MCQ lors de l’analyse visant la création d’une région sociosanitaire au Centre-du-Québec, lesquels faisaient référence à des coûts de centaines de millions de dollars. Ainsi, tous les services seraient donnés sans ajout majeur de coûts et tout en permettant au Centre-du-Québec d’agir pour et par sa population. Jusqu’à ce que des services médicaux surspécialisés soient disponibles à l’hôpital Sainte-Croix ou à l’hôtel-Dieu d’Arthabaska, le PDG de l’établissement centricois pourrait prendre des ententes avec le CHUS (principal lieu de référence depuis des décennies) et éventuellement avec le CHAUR de la Mauricie.»

Pierre Levasseur se sert également de l’argument de la Montérégie, où il y a actuellement trois CISSS.

«Si Santé Québec peut appliquer son modèle à la Montérégie, il peut aussi l’appliquer en Mauricie-Centre-du-Québec, estime-t-il. Une telle démarche viendrait corriger l’erreur d’avoir nommé une présidente-directrice générale adjointe au Centre-du-Québec en croyant qu’elle permettrait de régler tous les problèmes inhérents à la gestion de deux régions très différentes. Une telle décision, aussi classique soit-elle pour le passé, n’a fait qu’isoler encore plus le Centre-du-Québec du pouvoir décisionnel régional. Je crois que la situation actuelle vécue à Drummondville vous le confirme. Sans compter que la qualité et la quantité des services de santé et services sociaux se sont dégradés depuis cette nomination.»

Quoiqu’il en soit, l’ancien dirigeant de l’hôpital souhaite que des instances, comme la Table de la MRC, profitent de cette réforme pour faire valoir l’avantage pour le Centre-du-Québec d’être autonome.

«Le timing est là. Ça n’arrive pas tous les cinq ou dix ans ce genre de réforme. Mon objectif, c’est d’amener la Table des MRC à saisir ce dossier-là et aller présenter un mémoire à la commission parlementaire. Il faut qu’elle le fasse. J’offre même mes services pour la rédaction du mémoire», soutient-il.

Dans un document intitulé «Les trois enjeux prioritaires de la Table des MRC du Centre-du-Québec» rédigé dans le cadre des élections provinciales 2022, les membres avaient manifesté leur enthousiasme face à la volonté du gouvernement de décentraliser les services de santé.

La date limite pour déposer un mémoire est le 23 mai.

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