Jumelage interculturel : une expérience enrichissante et humaine

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Par Emmanuelle LeBlond
Jumelage interculturel : une expérience enrichissante et humaine
Luz Restrepo et Véronique Laforest se sont liées d’amitié grâce au programme de jumelage interculturelle d’Intro Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

TÉMOIGNAGE. Luz Restrepo, 30 ans, a grandi en Colombie. Véronique Laforest, 40 ans, est née au Canada. L’une étudie en gestion de commerces au cégep; l’autre enseigne la francisation aux nouveaux arrivants. Leurs routes se sont croisées grâce au programme de jumelage interculturel de l’organisme Intro Drummondville. Une amitié solide s’est développée entre elles au fil des rencontres.

Environ huit mois se sont écoulés depuis que Luz Restrepo et son mari sont arrivés au Québec. «Venir au Canada, c’est un projet de vie, indique-t-elle. Je suis née dans une petite ville en Colombie. J’ai vécu six ans en Argentine à Buenos Aires. J’avais une entreprise avec mon mari. Pour fonder une famille, on avait envie d’une meilleure qualité de vie. En Amérique latine, c’est plus compliqué. Il y a beaucoup d’insécurités. On était à la recherche de stabilité.»

Afin de faciliter leur intégration, le couple s’est inscrit à des cours pour apprendre le français. Malgré tout, ils ont vécu un choc lorsqu’ils sont débarqués à Drummondville. «En Argentine, il y a plusieurs Européens. Notre professeure était Française. Quand je suis arrivée ici, je ne comprenais rien à cause de l’accent québécois. J’étais venue pour étudier au cégep. La première semaine, c’était très difficile», raconte celle qui s’implique aussi dans le Club entrepreneur étudiant du Cégep de Drummondville.

La trentenaire a décidé de prendre la situation en main. Entre autres, elle a suivi des cours de renforcement en français, tout en faisant les démarches pour avoir un tuteur. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle s’est tournée vers l’organisme Intro Drummondville. «J’ai décidé de participer au programme de jumelage. C’était une manière pour moi de m’introduire à la culture québécoise. En arrivant dans un nouveau pays, c’est facile de s’entourer de gens de sa communauté. J’avais envie de connaître quelqu’un qui vient d’ici pour m’aider à maîtriser la langue.»

Véronique Laforest permet à Luz Restrepo de mieux connaître la culture locale. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Intro Drummondville a mis sur pied le programme de jumelage interculturel pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. L’organisme effectue les jumelages en fonction des intérêts des participants. Une première rencontre est organisée entre la personne issue de l’immigration et le membre de la société d’accueil. Lorsque le lien est créé, ils sont invités à planifier des activités ensemble selon leurs disponibilités.

Une amitié sincère

Luz Restrepo a fait la rencontre de Véronique Laforest en janvier dernier. Entre elles, la chimie a tout de suite opéré. Comme première sortie, elles sont allées au cinéma. Ensuite, les deux complices ont assisté à un spectacle d’humour à la Maison des arts. La Drummondvilloise a eu un coup de cœur pour la personnalité de sa jumelle. «C’est une fille qui aime essayer des nouvelles choses. Elle est curieuse. J’aime beaucoup son côté aventurier. Elle a un grand cœur.»

En l’espace de quelques mois, elles ont vécu des moments inoubliables. Par exemple, Véronique Laforest a invité sa nouvelle amie à son quarantième anniversaire. «Je voulais l’inclure dans mon cercle, soutient-elle. J’aime la salsa et la danse. J’ai mis de la musique latine. On a dansé dans le salon. C’était vraiment agréable.»

Elles ont récemment organisé une soirée multiculturelle où chaque participant apportait un plat provenant de son pays natal. Véronique Laforest a profité de l’occasion pour faire découvrir les produits d’érable. Les discussions autour de la table étaient enrichissantes. «On gagne à faire des activités ensemble pour mieux se connaître. On a réalisé qu’il y a beaucoup d’expressions québécoises qui existent dans les autres langues quand on les traduit. On a beaucoup de ressemblances dans nos différences.»

Pour sa part, Luz Restrepo apprécie son expérience. Elle se sent entre de bonnes mains. En plus, son français ne cesse de s’améliorer. «Véronique est comme ma sœur. Je sais que je peux compter sur elle en cas de besoin.»

Une demande grandissante

Marie Mochon est celle qui est responsable du programme de jumelage interculturel chez Intro Drummondville. Elle procède à des inscriptions tous les jours. Depuis les derniers mois, la demande a explosé du côté des nouveaux arrivants.

Les entreprises ont récemment mené des missions de recrutement à l’étranger. Résultat, plusieurs travailleurs s’établissent dans la région. Madagascar, Cuba, Île Maurice, Cameroun, Tunisie, Inde, Burundi, Maroc, Sénégal : les nouveaux arrivants proviennent de plusieurs endroits à travers le globe. «Ils ont tous le même discours. Ils veulent s’intégrer à la communauté drummondvilloise.»

Un total de 45 jumelages sont en cours sur le territoire. L’organisme est toujours à la recherche de nouveaux bénévoles.

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