COMMUNAUTÉ. Les personnes handicapées et leurs familles connaissent bien le Centre Normand-Léveillé. Après un changement de direction générale, une pandémie et un an de vie de la Maison Normand-Léveillé, la vie suit son cours, malgré les défis.
Le Centre Normand-Léveillé offre du répit et des camps de séjour à des personnes ayant des besoins particuliers de 5 ans et plus. Le site, en pleine nature, est accessible et adapté.
Juste à côté, il y a la Maison Normand-Léveillé où vivent 17 locataires avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) dans des appartements supervisés.
Il s’agit de deux entités distinctes, auxquelles s’ajoute une troisième : la Fondation Normand-Léveillé. Chaque organisme a un conseil d’administration et une direction générale différents.
Maison Normand-Léveillé
La Maison Normand-Léveillé est née d’une question que se posaient des parents : à mon départ, qu’adviendra-t-il de mon enfant? Le besoin pour un hébergement à long terme était nommé, en plus du répit déjà offert au Centre Normand-Léveillé. Le conseil d’administration a été formé en 2012, mais il a fallu attendre en août 2021 pour que la ressource ouvre ses portes. Les 17 logements ont été comblés rapidement. Ce n’est pas un organisme de transition, mais bien un milieu de vie permanent.
La maison est grande, lumineuse, colorée. Les lieux sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. Chaque loyer est personnalisé à son locataire. Il s’agit de loyers à prix modique; chacun paie un loyer équivalent à 25 % de ses revenus. Un 18e logement est occupé par un surveillant de nuit. Il y a donc une présence 24 h sur 24. «Les résidents ont 21 ans et plus et ne doivent pas avoir de troubles de comportement. De plus, pour intégrer leur 3 et demi, ils doivent bénéficier d’un service d’accompagnement du CIUSSS, au moins pour la première année», explique Mélissa Huot, directrice générale de la Maison Normand-Léveillé.
À la base, la mission de l’organisme à but non lucratif est d’offrir des appartements sécuritaires et supervisés à des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. «Après l’ouverture, on a constaté le besoin de socialisation des locataires, alors on a ajouté des postes, dont celui d’intervenant en milieu de vie, qui a pour tâche d’occuper le quotidien de ceux-ci», ajoute Mme Huot. La salle commune est un lieu de retrouvailles important, pour jaser, jouer ou écouter un film. «Ce sont toutes des personnes très autonomes, mais sur le plan occupationnel, ils ont besoin d’aide».
La vie en appartement supervisé apporte son lot de défis, mais aussi de potentiel positif. «Systématiquement, ce qui a le plus changé pour les 17 résidents, c’est d’avoir des amis, alors qu’ils n’en avaient pas avant», précise Mme Huot. Et ça a un impact majeur sur la qualité de vie. En effet, depuis l’ouverture, ils ont appris à se côtoyer, s’invitent à souper, ils s’entraident. Par exemple, quelqu’un ayant des difficultés d’élocution peut se faire aider d’un colocataire qui lui propose d’appeler avec lui à la pharmacie pour ses médicaments. Ou encore, une personne habituée au transport en commun peut aider une autre inquiète à cette idée. «Ils sont toujours en train d’apprendre et de grandir. Ils découvrent la vraie vie, en dehors du cocon familial. Et ils vivent ça à 115%», d’ajouter Mme Huot.
Centre Normand-Léveillé
Le Centre Normand-Léveillé, quant à lui, est grandement affecté par la pénurie de main-d’œuvre. Pour la plupart, il s’agit d’employés de 16 à 20 ans qui doivent avoir un intérêt pour cette clientèle différente. Étant un organisme à but non lucratif, les salaires ne peuvent pas être concurrentiels.
«Il faut savoir que chaque participant se voit attribuer un ratio d’accompagnement, qui peut aller de 1 pour 1 à 1 pour 5. Ceux qui ont besoin d’un ratio 1 pour 1, soit 1 accompagnateur par personne, ont de grands besoins physiques ou des problèmes de comportement. Les demandes pour du 1 pour 1 ont augmenté de façon marquée. Une demande en 1 pour 1, c’est un nouvel accompagnateur à chaque fois, et ça nécessite du personnel plus qualifié. Nos listes d’attente sont bourrées de demandes. Pour les autres types d’accompagnement, c’est assez facile d’avoir une place», mentionne Kim Martineau, directrice générale du Centre Normand-Léveillé.
Elle souligne l’importance capitale du répit offert durant l’année. «Certains parents sont tellement au bout du rouleau qu’un répit peut faire la différence entre placer son enfant ou être capable de continuer», dit-elle. En 2022, ce sont 900 séjours de répit qui ont eu lieu, dont 500 en 1 pour 1. La Fondation Normand-Léveillé paie 60 % des séjours de répit et le parent paie 40 %. Le but est de garder cela accessible.
Pour Mme Martineau et son équipe, c’est le temps des embauches pour les camps de vacances. Il y a des familles qui économisent toute l’année pour pouvoir venir au camp de vacances. Il y a des liens forts qui se tissent. Environ 25 accompagnateurs ont été embauchés; il reste encore des emplois à combler.
L’autre défi auquel est confronté le Centre Normand-Léveillé, c’est le financement, un peu comme tous les organismes à but non lucratif. «Avec un meilleur financement, je pourrais engager plus d’employés, avec de meilleures conditions», glisse Mme Martineau.
Malgré tout, l’amour que Kim Martineau et Mélissa Huot ont pour leur travail est évident. Toutes deux ont occupé différents postes au Centre Normand-Léveillé dès leur adolescence, ce qui les aide à comprendre les différentes réalités. «On travaille dans un environnement où l’on peut voir la différence qu’on fait, concrètement», termine Mme Martineau.