HOCKEY. Les séries éliminatoires, c’est une autre saison, répètent les commentateurs sportifs à l’unisson. Jusqu’ici, la confrontation entre les Voltigeurs et les Tigres en fait la démonstration.
Jouant avec l’aplomb longtemps attendu en saison régulière, le bataillon drummondvillois a signé une victoire convaincante de 4-1 sur les Tigres de Victoriaville, mardi soir, devant une foule enflammée de quelque 2500 spectateurs au centre Marcel-Dionne. Après avoir échappé le premier duel en prolongation, voilà que les protégés d’Éric Bélanger mènent soudainement 2-1 dans cette série quatre-de-sept au premier tour éliminatoire dans la LHJMQ.
«Présentement, la chimie d’équipe fait toute la différence, a lancé le vétéran Tristan Roy. Les gars sont tous dans le même bateau. On a vraiment une belle énergie en ce moment.»
À l’image de plusieurs coéquipiers, l’attaquant originaire de Saint-Cyrille joue du hockey inspiré depuis le début du tournoi printanier. «J’adore ça, les séries! C’est émotif. Je suis un gars d’émotions. La foule qui crie, une série contre les Tigres : il n’y a rien qui me motive plus», a-t-il lancé, en saluant l’enthousiasme des spectateurs.
«On entend les partisans. Ça nous donne de l’énergie!»
Dans un match robuste où la rivalité entre les deux clubs a continué de grandir, les joueurs des Rouges ont réussi à éviter les punitions inutiles.
«J’ai aimé notre contrôle des émotions après les coups de sifflet, a affirmé Éric Bélanger. On est resté dans notre plan de match. C’était difficile d’avoir du momentum, car il y a eu beaucoup de pénalités, mais les gars sont restés concentrés sur la tâche. C’est une autre belle victoire d’équipe.»
Landry expulsé; Mercer se signale
Les Drummondvillois ont été particulièrement efficaces en infériorité numérique. Le jeu de puissance des Tigres a notamment été réduit au silence pendant un cinq contre trois, puis lors d’une punition majeure à Manix Landry. Ce dernier a d’ailleurs été expulsé du match en raison d’une mise en échec illégale. «On a perdu un de nos leaders, mais les gars n’ont pas paniqué, a fait remarquer Éric Bélanger. D’autres ont pris la relève pour accomplir sa tâche de travail. Les gars ont bien répondu.»
«En séries, c’est un match d’échecs, a-t-il ajouté au sujet des unités spéciales. Avec la technologie, on voit ce que l’adversaire fait. Chacun apporte des ajustements. C’est de bonne guerre.»
N’eût été le brio de Nathan Darveau, les Voltigeurs auraient pu creuser l’écart encore davantage. Bombardé de 47 lancers, le vétéran de 19 ans a effectué 43 arrêts. Également en pleine possession de ses moyens, Riley Mercer a repoussé 27 des 28 tirs dirigés vers lui.
«Un gardien, c’est la clé en séries, a souligné Éric Bélanger. Dans les moments où on a été un peu chambranlant, Riley a fait de gros arrêts dans des moments clés. C’est dur d’être parfait dans un match. Le hockey est un jeu d’erreurs. Quand ton gardien est là pour les réparer, ça donne confiance aux joueurs.»
Relégué au sein du quatrième trio en début de match, Tyler Peddle ne s’est pas laissé abattre. L’espoir en vue du prochain repêchage de LNH a terminé sa soirée de travail avec une passe et un différentiel de +2.
«J’ai eu une bonne conversation avec lui avant-hier, a expliqué Éric Bélanger. Je lui ai rappelé qu’au hockey, ça change vite. J’ai aimé sa réponse. Maintenant, il doit faire preuve de constance. Je veux le voir jouer du hockey de séries et aller se mettre le nez où ça fait mal.»
Frustration palpable
À l’autre bout de l’aréna, Carl Mallette n’a pas caché sa frustration en soulignant le manque d’opportunisme et de concentration de son équipe.
«On manque des buts, on manque des buts et on manque des buts! Mercer fait la différence présentement, mais il est souvent chanceux. On a des buts ouverts et on lance à côté. J’ai adoré notre début de match : si on avait marqué à ce moment, l’histoire aurait pu être différente», a fait valoir le pilote des Félins.
«Il faudra aussi être meilleurs au niveau de la discipline, a poursuivi l’ex-hockeyeur professionnel. On doit mieux contrôler nos émotions et notre frustration, moi le premier. Cette frustration doit se transformer en énergie. D’ailleurs, j’espère que les chants qu’on a entendus en fin de match vont nous motiver suffisamment pour venir gagner le match de demain. Le mot d’ordre en venant ici, c’était de reprendre l’avantage de la glace. Si on gagne demain, c’est 2-2 et on retourne à la maison.»
Questionné au sujet de la mise en échec de Manix Landry sur Thomas Belzile, Carl Mallette a préféré laisser le comité de discipline de la LHJMQ trancher. «Ça fait trois joueurs qu’on se fait blesser depuis le début de la série. C’est une mise en échec dans le dos. Notre joueur a eu besoin de points de suture et d’une cage pour revenir en troisième», a-t-il fait remarquer.
Toujours privés d’Egor Goriunov et Justin Gendron, tous deux blessés, les Tigres ont rappelé Noah Larochelle des Albatros de Rivière-du-Loup. L’attaquant de 16 ans n’était toutefois pas en uniforme pour le match numéro trois.
Le quatrième duel de cette série sera disputé dès mercredi soir, à compter de 19 h, au centre Marcel-Dionne.
«On ne peut pas devenir complaisants, a averti Éric Bélanger. La page doit se tourner rapidement. Le match de demain va venir vite. Il ne faut pas penser que ce sera facile. Victo, c’est un club qui a de l’expérience. Ils sont bien dirigés. Ils seront prêts.»
«Demain, on repart à zéro, a renchéri Tristan Roy. On doit commencer le match en jouant de façon physique et intense. Notre énergie va nous permettre de connaître du succès.»
Le fil du match
Reprenant là où ils ont laissé dans le deuxième duel, les Voltigeurs entament le match en force. Un revirement coûteux derrière le filet des Tigres mène au but de Tristan Roy, qui se fait insistant pour ouvrir le pointage sur son propre retour de lancer.
Quelques minutes plus tard, les recrues mettent la main à la pâte. Maxime Lafond saute sur un retour de lancer de Lukas Landry pour inscrire son premier but en carrière en séries. En fin d’engagement, les Rouges écoulent un désavantage numérique de deux hommes pour retraiter au vestiaire avec une avance de 2-0.
En début de deuxième période, Eliott Simard tente de venger un coéquipier victime d’une mise en échec percutante, mais légale de Manix Landry. Puni pour coup de bâton, il voit Justin Côté toucher la cible aussitôt pour porter la marque à 3-0.
Pendant une punition à Justin Côté pour avoir accroché, Thomas Belgarde voit la rondelle dévier sur son patin. Les Tigres réduisent l’écart à 3-1 à mi-chemin dans le match.
À la suite d’une lourde mise en échec par-derrière sur Thomas Belzile le long de la bande, Manix Landry écope d’une punition de cinq minutes et d’une extrême inconduite de partie. Une fois de plus, l’unité de désavantage numérique des Rouges accomplit le travail.
Les locaux écoulent une autre pénalité en début de troisième période, puis le défenseur Matteo Rotondi porte la marque à 4-1 avec son premier but à vie dans la LHJMQ. Les hommes d’Éric Bélanger continuent de mener la vie dure à leurs rivaux, poussant leurs partisans à entonner le traditionnel «Na na na na, hey hey, goodbye» en fin de rencontre.