Monica Pena Florez fait sa place

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Par Emmanuelle LeBlond
Monica Pena Florez fait sa place
Monica Pena Florez est arrivée à Drummondville en 2007. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Monica Pena Florez n’a pas froid aux yeux. Celle qui est native de la Colombie a débarqué à Drummondville avec deux valises en main. Malgré les défis qui se sont posés sur sa route, elle n’a jamais baissé les bras.

En entrevue dans un café à Drummondville, Monica Pena Florez débordait d’énergie. Un vent glacial soufflait à l’extérieur, alors que la température ressentie avoisinait les – 40 degrés Celsius. Les conditions météorologiques n’ont pas freiné les ardeurs de celle qui habite à Wickham. Elle n’a pas hésité à prendre le volant pour se rendre jusqu’au lieu du rendez-vous. «L’hiver est ma saison préférée. Le froid ne me fait pas peur», lance-t-elle, en riant.

Monica Pena Florez rêvait de paysages enneigés, lorsqu’elle vivait en Colombie. «Pendant le temps des Fêtes, j’allais chercher un sapin dans le bois avec ma sœur. On collait des petites boules de styromousse et de coton pour imiter la neige. C’était une tradition qu’on répétait à Noël.»

Cette dernière a vécu une enfance heureuse. Son quotidien a été bouleversé quand l’un de ses frères, qui travaillait pour l’armée, a été assassiné. Quelque temps après, son demi-frère a été kidnappé, avant d’être libéré. Il a fait le choix de quitter la Colombie afin d’intégrer le Québec, à titre de réfugié. Drummondville a été sa terre d’accueil.

«Ces années étaient difficiles. Il y avait beaucoup de problèmes politiques dans le pays. On vivait dans la peur. C’est ça qui nous a poussés à partir. Je suis arrivée ici en 2007 avec mes parents, une sœur, un frère et ma fille qui avait neuf ans», se remémore celle qui était âgée de 30 ans.

Monica Pena Florez s’est impliquée dans plusieurs organismes dans les dernières années. (Photo Ghyslain Bergeron)

Un nouveau pays. Une nouvelle ville. Une nouvelle culture. Une nouvelle langue. Monica Pena Florez a fait face à l’inconnu, recommençant à zéro.

Son but premier? Apprendre le français. Elle a suivi pendant neuf mois des cours de francisation. Ensuite, elle a complété son cinquième secondaire, tout en réalisant une formation en vente-conseil et représentation.

Monica Pena Florez a occupé quelques emplois dans la région. Entre autres, elle a travaillé aux Productions horticoles Demers en tant qu’adjointe aux ressources humaines. «Il y avait une centaine de travailleurs du Guatemala. Ils ne parlaient pas français. J’étais le lien entre eux et l’entreprise.»

Les travailleurs étaient logés dans trois maisons et un ancien motel situé dans le secteur de Saint-Nicéphore. Cette dernière a été alarmée par leurs conditions de vie. «Ils habitaient dans des espaces étroits. Dans les chambres, il y avait six lits superposés pour douze personnes. Il y avait de l’humidité et de la moisissure, décrit-elle. En tant qu’immigrante, c’est venu me chercher. Je me disais que ça ne se pouvait pas qu’ils restent dans ces conditions.»

La Colombienne d’origine a contacté les médias afin de dénoncer la situation. La nouvelle a produit une onde de choc. Quelques mois plus tard, les Productions horticoles Demers ont apporté plusieurs changements en rénovant les logements. «Pour moi, c’était un grand bonheur. Ça a eu un impact à Drummondville, mais aussi à travers le Canada. Aujourd’hui, les entreprises n’ont pas le droit d’avoir des lits superposés pour les travailleurs étrangers. Elles sont plus supervisées.»

En parallèle, Monica Pena Florez s’est toujours impliquée activement afin de redonner au suivant. Elle a été bénévole au Comptoir alimentaire Drummond, au Mondial des cultures, chez Intro Drummondville et à la Course des Chênes-toi.

En somme, la mère de famille est fière du chemin qu’elle a parcouru. «Ma vie ici est différente, mais je suis contente. Je suis bien. Je fais de plus en plus ma place.»

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