Le parcours atypique de l’infirmière Virginie Senécal

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Le parcours atypique de l’infirmière Virginie Senécal
Virginie Senécal est infirmière clinicienne à la clinique médicale de la Marconi depuis novembre 2022. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Virginie Senécal était destinée à devenir professionnelle de la santé. Mais avant de choisir cette voie, son parcours a été ponctué de plusieurs détours. C’est finalement dans l’adversité, à travers la maladie incurable de son fils aîné, que la femme de 43 ans a découvert sa passion.   

La Drummondvilloise est l’exemple parfait d’une professionnelle au parcours atypique. Diplômée d’un double DEC en sciences humaines et musique et détentrice d’un DEP de cuisine d’établissement et de pâtisserie, rien ne laissait présager qu’elle deviendrait infirmière… sauf une fois, lors d’un test d’orientation de carrière au secondaire!

«D’après ce test, j’étais la candidate parfaite pour le domaine de la santé, mais je ne comprenais pas, car j’avais peur du sang. J’étais étourdie juste pour une prise de sang!» indique-t-elle en riant.

Virginie Senécal s’est donc accomplie une dizaine d’années en hôtellerie, derrière les chaudrons, avant de devoir mettre sa carrière sur pause.

«Mon fils Christophe était atteint d’une maladie de sang très rare dont l’espérance de vie moyenne est de six ans. Parce que je voulais être auprès de lui pour en prendre soin et pour assister à tous les rendez-vous, j’ai donc dû mettre ma carrière en suspens», se souvient-elle. C’est en l’accompagnant à travers les épreuves et les multiples interventions médicales, comme les ponctions lombaires et les biopsies, que Virginie Senécal a apprivoisé sa peur du sang.

Puis, une phrase de son petit garçon est venue sceller son destin.

«En étant constamment dans les hôpitaux et puisque je ne ressentais aucun malaise, ça m’a soudainement donné le goût de retourner aux études. Un jour, du haut de ses quatre ans, Christophe m’a regardé et m’a demandé : «Pourquoi tu ne t’inscris pas?». Je n’en revenais pas!»

Mme Senécal a été acceptée au Cégep de Drummondville en technique de soins infirmiers, programme qu’elle a complété en cinq ans en raison d’une grossesse et des rechutes de Christophe.

«À ce moment-là, c’était clair pour moi que je voulais travailler avec les enfants, en obstétrique ou en néonatalogie», précise celle qui a atteint son but en travaillant 12 ans en obstétrique à l’hôpital Sainte-Croix.

S’épanouissant dans sa nouvelle profession, l’infirmière avait le désir d’en faire plus.

«Je me suis payé un cadeau en 2019 en m’inscrivant au BAC pour devenir infirmière clinicienne. Christophe savait que j’avais un rêve universitaire, il m’encourageait à le réaliser avant qu’il ne décède en 2014, à l’âge de 12 ans», raconte la maman de trois autres enfants, d’une résilience remarquable.

Depuis novembre, Virginie Senécal œuvre au sein de la clinique médicale de la Marconi.

(photo Ghyslain Bergeron)

«J’ai eu cette opportunité. En acceptant ce poste, je me suis acheté une qualité de vie, car je travaille du lundi au vendredi. Je passe donc toutes mes soirées et fins de semaine avec mes enfants, c’est presque impensable en santé! En plus, je m’occupe toujours de la clientèle que j’aime : soit les femmes enceintes et jeunes enfants», explique-t-elle, soulignant qu’une fois par semaine, elle va donner un coup de main à ses anciennes collègues du Centre famille-enfant.

«Toutes les épreuves avec Christophe ç’a forgé mon caractère. Je suis fière de ce que j’ai accompli. C’est le plus beau métier du monde! Pour moi, ce n’est pas tant une vocation, c’est simplement le désir d’aider les gens, et ça, ça m’a toujours caractérisé», exprime-t-elle en toute gratitude.

Ayant une soif d’apprendre infatigable, Mme Senécal complète actuellement un certificat en santé sexuelle.

«C’est ma façon de me gâter. Il y en a qui font de la course pour s’évader, moi, ce sont les études», conclut-elle pleine d’ambition.

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