Le féminisme rime avec humanisme! (Tribune libre)

Le féminisme rime avec humanisme! (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Née en 1963, j’ai grandi et vécu mon adolescence à travers le vent de changement de la 2e vague féministe qui a déferlé sur l’ensemble du monde, dès le début des années 60. Deuxième, dites-vous? Hé oui! La première vague, qui a débuté en février 1909, avait comme principal combat celui du droit de vote des femmes, principalement sur les continents européen et américain. Deux ans plus tard, le 19 mars 1911, s’est tenue la première Journée internationale des femmes qui revendiquait, en plus du droit de vote des femmes, leur droit au travail et à la fin des discriminations au travail. Ce n’est cependant que le 18 avril 1940 que les Québécoises obtiennent le droit de vote de l’Assemblée nationale du Québec. Cela s’était produit en 1918 pour les élections fédérales.

C’est donc vers la fin des années 1960 que s’est véritablement amorcée la 2e vague féministe qui a connu son moment charnière durant l’année de mes quatorze ans, soit en 1977. Ce vaste mouvement social mettait l’accent sur les enjeux sociaux tels que la place de la femme dans la famille, les violences conjugales et la liberté sexuelle incluant la contraception. C’est grâce à ce vaste mouvement de libération et d’émancipation féministe que l’Organisation des Nations unies a invité tous les pays du monde à célébrer, le 8 mars 1977, et par la suite à chaque année, la Journée internationale des femmes, qui se nomme aussi au Québec, la Journée internationale des droits des femmes.

Pour celles et ceux qui ont vécu cette époque, l’effervescence autour de la naissance de cette journée historique était porteuse de tous les espoirs pour les femmes du monde entier. C’était plus qu’une simple journée de célébration; c’était la reconnaissance des revendications faites depuis sept décennies, voire plus, pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Mes souvenirs de cette époque sont teintés naturellement de mon statut d’adolescente qui découvrait, par la même occasion, qu’il y avait des différences entre ce que les garçons pouvaient faire et ce que l’on m’autorisait à faire comme jeune fille. Ce fut un choc de comprendre que mes droits, mes ambitions professionnelles, auraient pu être limités du fait de mon genre.

Mais cette première journée du 8 mars a été l’élément déclencheur pour une transformation en profondeur de la société québécoise, et un événement fondateur de ma personnalité. Je crois que grâce à cette «Journée» de 1977, de nombreuses jeunes filles de ma génération, et des générations qui ont suivi, ont pu accéder aux études supérieures et à des métiers qui auparavant étaient majoritairement occupés par des hommes, comme la médecine, la psychologie, l’administration, l’ingénierie et la politique, pour ne nommer que ceux-ci.

Il reste pourtant encore beaucoup à faire pour que la place des femmes, dans toutes sphères de la société, soit véritablement reconnue et ne soit pas perçue comme un obstacle à la place des hommes. Le terme «féministe» peut faire peur encore aujourd’hui, car il peut être associé, à tort, à une forme de «terrorisme» qu’il faut combattre, car il menace les acquis patriarcaux et l’équilibre social. Les drames sociaux et familiaux qui ont lieu chaque heure du jour, ici et ailleurs, la cyberviolence qui touche majoritairement les femmes, les obstacles à l’éducation des filles en Afghanistan, sont des exemples de la peur qui biaise la logique de ceux qui s’y laissent prendre.

Pourtant, «être féministe» c’est avant tout «être humaniste». C’est vouloir le respect de la nature humaine, quels que soit son genre, sa culture, sa langue, ses désirs, ses aspirations. C’est vouloir le bien à travers la réalisation personnelle et professionnelle de chaque individu. C’est vivre des liens harmonieux avec les personnes qui nous entourent, en construisant ensemble l’avenir pour un monde meilleur.

Alors OUI, je suis et serai toujours très, très féministe, car je suis fondamentalement humaniste.

Annie Jean, DG Partance

 

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