CULTURE. Marie-Claude Cournoyer croyait que c’était le bon. Depuis plus deux ans déjà, elle vivait l’une de ses plus belles histoires d’amour. Pas de chicane ni de tiraillement. Les jours étaient heureux jusqu’à ce qu’il lui annonce qu’il ne vivait pas dans le bon corps.
Ils se sont rencontrés en 2017 et se sont quittés en mai 2020. La douceur a laissé place à l’incompréhension, la colère et au désir de changer l’autre.
«Quand il m’a annoncé qu’il était transsexuel et qu’il n’habitait pas le bon corps, ç’a eu l’effet d’une bombe. Je ne comprenais pas. On venait de s’acheter une maison et tout allait bien. J’étais fâchée. J’ai tout fait pour essayer de l’en dissuader et de le raisonner», partage avec une totale ouverture la femme de 46 ans.
Écorchée vive, elle a été contrainte de demeurer auprès de lui, le Québec tout entier étant secoué par des mesures sanitaires strictes. Elle confie avoir traversé plusieurs épisodes de colère.
«J’ai passé par toutes les étapes du deuil. Une chance que je travaillais quand même. Mais il m’avait demandé de ne pas parler de la situation. Je me sentais isolée. Je suis d’une nature très dynamique, mais là, ça n’allait plus. Mes collègues me demandaient ce que j’avais et je ne pouvais pas leur répondre. C’était difficile», poursuit Mme Cournoyer, qui occupe un emploi de cuisinière à l’hôpital Sainte-Croix.
À la suggestion d’un psychologue, elle a commencé à décrire dans un cahier chacune de ses journées pour l’aider à surmonter la difficulté.
C’est d’ailleurs ce qui l’a amené à écrire un livre à compte d’auteur peu avant la période des Fêtes. Intitulé «L’alliée», l’ouvrage constitue une fiction, mais largement inspiré de son histoire.
«Ç’a été comme une thérapie d’écrire un livre. Je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas. Je voulais une totale liberté, car je me suis sentie seule et isolée. Je souhaitais aussi aider les gens qui vivent ça. Bien que ce n’est pas parfait, les transsexuels ont accès à beaucoup d’aide. Pour leurs proches, c’est moins évident. Il manque de ressources pour les conjoints et la famille, alors qu’on passe par toutes sortes d’émotions», ajoute la Drummondvilloise, en soulignant qu’elle a obtenu une bonne écoute du côté de l’organisme Trans-Mauricie/Centre-du-Québec.
Après quelques mois d’éloignement, cette dernière est revenue auprès de son conjoint. Non pas comme amoureuse, mais comme «alliée». Elle a décidé de l’accompagner dans son processus de changement de sexe jusqu’au bout. «Je vois ça comme une personne âgée qui accompagne son conjoint jusqu’à la mort. La différence, c’est que je l’ai accompagné jusqu’à ce qu’il devienne une femme», compare Mme Cournoyer.
Maintenant que le livre est lancé, elle caresse l’idée de lancer une série de conférences avec son ex-conjoint, qui est devenue une excellente amie. Il s’agit d’une façon pour elle de transformer une épreuve en une expérience positive. «On aimerait parler de ce qu’on a vécu, mais avec humour. Je crois que ça pourrait aider bien des gens», estime-t-elle.
Le livre «L’alliée» est disponible au sein de deux commerces de Drummondville, soit chez Buropro, à la boutique la Plume étoilée ainsi qu’à la galerie d’art au Bercail. Il est également possible de contacter l’auteure sur Facebook.
