Cours de francisation : forte augmentation de demandes à Drummondville

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Par Lise Tremblay
Cours de francisation : forte augmentation de demandes à Drummondville
L’automne dernier, le Cégep de Drummondville a accueilli 164 élèves en francisation, un record. (Photo : Gracieuseté)

ÉDUCATION. Alors que le Québec et la MRC de Drummond accueilleront des centaines d’immigrants en 2023, les demandes pour des cours en francisation dans la région montent en flèche, ce qui amène certains défis liés au recrutement d’enseignants.

Selon l’organisme Intro Drummond, chargé de l’accueil des nouveaux immigrants en région, 609 nouveaux citoyens, dont 80 réfugiés, ont été intégrés à la communauté au cours de la dernière année. Pour l’année 2023, on s’attend aussi à ouvrir plusieurs autres dossiers.

«Mis à part pour les réfugiés qui sont répartis entre 14 régions au Québec, on n’est jamais capable d’avoir une estimation du nombre de nouveaux arrivants qui feront leur arrivée dans une année. Cependant, d’année en année, ça va en augmentant, principalement en raison du manque de main-d’œuvre», communique Luz Perez, directrice générale.

À Drummondville, ces gens ont deux portes d’entrée pour répondre à leur besoin en francisation : le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) et le Cégep de Drummondville. Comme l’indique Mme Perez, «il s’agit réellement de la première chose qu’ils doivent faire pour faciliter leur intégration». «C’est la base s’ils veulent aider leurs enfants à l’école, recevoir des soins de santé, s’organiser à l’épicerie, etc.», a-t-elle fait observer.

Évoluant dans le milieu de la francisation depuis une dizaine d’années, Raquel LeMaire agit à titre de conseillère pédagogique au Service de la formation continue du Cégep de Drummondville. Au fil des années, elle a vu les besoins évoluer et l’équipe s’accroître.

À Drummondville, le Cégep de Drummondville et le Centre de services scolaire des Chênes offrent des cours de francisation. (Photo d’archives – L’Express)

«Quand j’ai commencé, on était trois et nous avions toujours d’autres dossiers en parallèle. Maintenant, nous sommes une équipe de dix enseignants. L’automne dernier, on a enregistré un record avec 164 élèves inscrits à temps partiel et répartis dans neuf groupes. On s’attend à un nombre similaire à la prochaine session», a-t-elle informé, en précisant que le cégep agit comme un partenaire du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI).

L’institution collégiale offre précisément des cours de francisation pour immigrants adultes (neuf ans de scolarité et plus) à temps complet et à temps partiel.

«En 2017-2018, on recevait 3 à 4 cohortes complètes par année. Elles étudiaient à temps complet à raison de 30 heures par semaine. Ensuite, il y a eu la pandémie et un arrêt en ce qui a trait à l’accueil d’immigrants économiques ou de réfugiés dans notre région. Assez rapidement cependant, on a assisté à une continuité et des gens sont arrivés ici avec des permis de travail. Cela a transféré le besoin du temps complet au temps partiel. On n’a pas eu le choix de monter une équipe», a-t-elle expliqué.

Puisque les universités offrant les baccalauréats en francisation sont situées à Montréal et à Québec, le recrutement de spécialistes en région demeure un défi.

«La pénurie de main-d’œuvre, ça touche tout le monde. Au cégep, on a des exigences. On va recruter des gens qui ont des études universitaires en enseignement ou en littérature et études françaises. Préférablement, on va choisir des personnes qui ont une expérience en enseignement. Quand ce n’est pas le cas, on les accompagne et on les soutient. Chaque candidature doit être acceptée par le MIFI», a assuré Raquel LeMaire, qui accueillera deux nouveaux enseignants à temps partiel pour la session débutant le 9 janvier prochain.

«Quand les immigrants arrivent en classe au jour 1, ils partent bien souvent de zéro. C’est tellement spécial de les revoir à la fin de leur parcours et de les entendre parler en français. Ça fait dix ans que je suis dans le milieu et je ne m’habituerai jamais. Ces gens-là font face à tellement de défis. C’est pluridimensionnel. Ils quittent leurs racines. Ils arrivent ici et ils vivent toutes sortes de choses. Je me souviens d’ailleurs d’une cohorte qu’on a accueillie dans trois pieds de neige!»

Centre de services scolaire des Chênes

Au sein du CSSDC, on note également une augmentation de la clientèle. Pas moins de 240 personnes suivent présentement des cours de francisation au Service d’éducation aux adultes (Centre Sainte-Thérèse). Yves Hébert, directeur des services éducatifs, soutient être «régulièrement» à la recherche de personnel enseignant. «C’est un défi. Comme pour le cégep, on y arrive, mais ça demeure difficile, parce que ce sont des sessions de onze semaines et qu’on ne connait pas les besoins d’une session à l’autre, même si on sait que la tendance va en augmentant. Cette année, on a été chanceux. Une enseignante en francisation de Montréal est déménagée à Drummondville. Je crois qu’on a une bonne étoile», a-t-il fait savoir. Comme Mme LeMaire, il est un témoin privilégié de la persévérance de la clientèle.

Centre de formation générale des adultes Sainte-Thérèse. (Photo d’archives – L’Express)

«En ce moment, le tiers de notre clientèle est issu de l’immigration. Ces gens débutent par de la francisation et poursuivent leurs études au secondaire. C’est un long parcours et il y a un beau partage de culture dans ces cours», a-t-il relevé, soulignant au passage la collaboration étroite de toutes les instances à Drummondville visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants.

Pour faciliter davantage l’accès aux services, le gouvernement du Québec planche actuellement sur un projet de création d’un guichet unique pour regrouper les services et programmes en reconnaissance des acquis et des compétences. L’objectif du gouvernement du Québec est d’intégrer le plus grand nombre de personnes sur le marché du travail dans ce contexte où les besoins en entreprises sont criants. En octobre dernier, pas moins de 3000 postes étaient à pourvoir dans Drummond lors d’une foire à l’emploi.

 

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