SANTÉ. Quand l’infirmière Line St-Laurent prend les choses en main, elles se placent rapidement. Se disant peu fière de l’exiguïté du local servant aux délicats examens suivant une agression sexuelle, celle-ci s’est retroussé les manches, a identifié un espace mieux adapté et y a transféré tout le matériel. Le tout, en une heure.
Exit les comités, analyses ou longues réflexions. Depuis plusieurs années, les patients devant subir un examen requérant l’utilisation d’une trousse médicolégale à l’hôpital Sainte-Croix étaient amenés dans un minuscule local mal adapté, tout près du département de l’urgence.
«Je trouvais que le local ne représentait pas la qualité des soins que nous offrons et que nous voulons offrir. Mon rôle est de sécuriser le patient pendant la durée de l’examen. À cause de l’étroitesse de l’espace dont nous disposions, je ne pouvais pas me placer à côté de la personne. Je devais rester à côté ou derrière le médecin. Les gens qui viennent ici vivent un traumatisme. C’est important pour les infirmières d’être à côté d’eux durant l’examen», a mis en contexte Line St-Laurent, qui travaille à l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix.
C’est après avoir pris part à deux examens au cours de la même semaine – et réalisé à quel point le local était inapproprié – qu’elle a décidé de faire une différence pour les patients. Après avoir ciblé un nouvel espace, elle est allée voir le chef de service de l’urgence, Michel Béland.
«Les meilleures décisions sont celles qu’on prend sur le bout du comptoir. Ça n’a pas été long. Elle avait raison. On a transféré tout le matériel sur-le-champ. Les patients bénéficient maintenant d’un endroit plus serein et plus intime», a-t-il expliqué.
Tout juste à côté de la salle d’examen, une autre salle sera aménagée pour accueillir policiers et intervenants sociaux impliqués au dossier. Du mobilier a d’ailleurs été acquis et sera livré prochainement. «C’est une grande amélioration à coûts très minimes», a ajouté M. Béland en soulignant que la superficie du local d’examen a plus que doublé.
Trop nombreuses
Selon Mme St-Laurent et M. Béland, les victimes d’agressions sexuelles sont malheureusement trop nombreuses à Drummondville. «Ça va par vague, mais il ne passe pas une semaine sans qu’on ait à faire passer des examens avec trousses médicolégales. Ce n’est pas facile pour les patients et ce n’est pas facile pour nous. Disons que ça brasse les émotions», a fait savoir l’infirmière, en informant que ces examens prennent minimalement 30 minutes à réaliser.
«Ici, on accueille des femmes de tous les âges, des enfants et parfois des hommes…»
Soulignons que l’initiative du duo a été soulignée lors de la Semaine de la sécurité des usagers, récoltant le prix Coup de cœur au sein du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (MCQ).
«Cet espace confidentiel (le nouveau local aménagé) permettra de mieux accompagner les victimes. Cela s’inscrit directement dans la vision des tribunaux spécialisés qui se déploieront dans la MRC de Drummond. Ceux-ci visent à bonifier l’accompagnement des personnes victimes et ainsi mieux les soutenir et répondre à leurs besoins à travers le continuum de services. Le centre désigné pour les victimes d’agression sexuelle du CIUSSS MCQ est une des portes d’entrée pour les victimes. Elles peuvent aussi appeler le CALACS ou le CAVAC pour obtenir de l’aide. Il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide rapidement si vous êtes victime d’une agression sexuelle», a commenté Julie Barabé, directrice adjointe au sein de la Direction du programme santé mentale et dépendance.
