Les taxes en hausse de 4,43 % à Drummondville

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Par Lise Tremblay
Les taxes en hausse de 4,43 % à Drummondville
Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

BUDGET. La montée inflationniste force la Ville à augmenter le fardeau fiscal des Drummondvillois de 4,43 %, au terme d’un exercice budgétaire ardu. «Ce n’est pas un budget très festif. Ce ne sera pas une année de gros développement, mais nous estimons que nous avons réussi à protéger les finances des familles», informe la mairesse Stéphanie Lacoste.

Adopté en séance extraordinaire lundi soir, le budget de fonctionnement 2023 de la Ville de Drummondville prévoit, précisément, une augmentation moyenne de 3,95 % de l’impôt foncier, en excluant un ajustement tarifaire de 11 $ lié à l’eau potable et imposé à chaque propriétaire de résidences unifamiliales ou multifamiliales. Ce montant financera la construction de la nouvelle usine de traitement d’eau potable. Nous y reviendrons.

Dans sa globalité, le budget 2023 prévoit des revenus et des dépenses équilibrés de l’ordre de 149,2 M$, une augmentation de 10 M$ par rapport à l’année 2022. Au chapitre des dépenses, on souligne que la hausse des prix, comme le carburant et les pièces servant aux travaux publics, les produits chimiques permettant de traiter l’eau potable (+ de 400 000 $), et l’augmentation de 800 000 $ liée à la Sûreté du Québec sont venus complexifier l’exercice budgétaire. «Habituellement, on a affaire à un casse-tête de 1000 morceaux. Cette année, il y en avait 5000», compare Benoit Carignan, trésorier à la Ville de Drummondville.

Pour amoindrir l’impact sur les factures municipales qui seront postées au début de la nouvelle année, le taux de la taxe foncière pour les immeubles a été relevé de 0,034 $ par rapport à l’an dernier et fixé à 0,834 $ par tranche de 100 $ d’évaluation.

«L’augmentation du taux est beaucoup plus faible que l’indice des prix à la consommation. En ajoutant les ajustements tarifaires, la hausse totale pour une maison moyenne d’une valeur de 223 000 $ correspondra à une augmentation de 100 $ sur l’année. Somme toute, nous avons été en mesure de préserver les finances des familles», communique Mme Lacoste, en précisant que «la maison moyenne» sera revue à la hausse l’an prochain alors qu’un nouveau rôle d’évaluation sera en force et ramènera le prix des maisons à la réalité d’aujourd’hui. «Quand on sera rendu là, il faudra faire une stratégie pour limiter l’impact», laisse-t-elle tomber.

Pour ce qui est des commerces et industries, l’impôt foncier subira aussi une augmentation, mais selon la même répartition que l’an dernier, d’après Benoit Carignan. Ainsi, pour un commerce moyen d’une valeur de 1,3 M$, l’entrepreneur payera 1090 $ de plus que l’an dernier. Et pour l’industrie moyenne de 2,8 M$, il devra allonger 2431 $ de plus.

Malgré ces majorations, la Ville de Drummondville fait observer que les taxes foncières et les tarifications de services demeurent parmi les plus basses des villes comparables en province.

«On a travaillé très fort pour limiter la hausse, assure Stéphanie Lacoste. Nous aussi, l’inflation nous a touchés (…) Une augmentation de 100 $ pour le résidentiel, ce n’est pas rien, mais ça aurait pu être vraiment pire.»

Francis Adam, Stéphanie Lacoste et Benoit Carignan. (photo Ghyslain Bergeron)

Évaluation des dépenses

Par ailleurs, la Ville a aussi pris l’initiative d’amorcer un travail d’évaluation de ses dépenses, lequel sera approfondi au cours des prochains mois.

«Avec l’inflation, on a essayé d’être le plus conservateur possible. On a aussi fait l’exercice de revoir toutes nos dépenses qu’on dit incompressibles. On a réussi à dégager certaines marges et on va aller encore plus loin en 2023 avec un exercice plus complet. C’est bon de prendre du recul. Il faut s’assurer que chacune de nos dépenses soit justifiée et pertinente», souligne Stéphanie Lacoste, assurant que 9 dépenses sur 10 représentent des coûts fixes ou inévitables qu’il faut assumer, à l’exemple du remboursement de la dette ou des différentes rémunérations.

D’autre part, fait à souligner, la Ville utilisera en 2023 une somme de 6,8 M$ pour payer ses immobilisations au comptant. Il s’agit d’une somme dite record.

«Quand on a produit notre cadre financier en 2014, un des objectifs était notamment de se mettre à l’abri de la fluctuation des taux d’intérêt, informe Benoit Carignan. Dans ce temps-là, on payait nos immobilisations à hauteur de 2 M$ par année, mais en 2023, on va en payer pour 6,8 M$. Quand je regarde l’augmentation des taux aujourd’hui, je me dis qu’on a vraiment bien fait. Ça nous a permis de réduire considérablement nos frais d’intérêts et de contrôler notre endettement.»

«Plus ça va aller, plus on va augmenter nos immobilisations payées comptant et moins qu’on va emprunter. C’est notre objectif», renchérit Francis Adam, directeur général de la Ville de Drummondville.

Nouvelle tarification de l’eau potable

Concernant la tarification de l’eau, une nouvelle ère s’amorcera en 2023. La construction de la nouvelle usine de traitement d’eau potable passera par un effort collectif. Ainsi, la tarification résidentielle fera un bond de 11 $, passant de 135 $ en 2022 à 146 $ en 2023. Qui plus est, les commerces et industries se verront imposer une toute nouvelle tarification basée sur leur consommation d’or bleu. La Ville compte ainsi aller chercher un demi-million de dollars dans les poches des entrepreneurs au cours des douze prochains mois.

«Ce sera tout nouveau en 2023. On amène une tarification de l’eau par palier, explique M. Carignan. Plus les entreprises consommeront, plus ça coûtera cher. C’est le principe d’utilisateur-payeur et une stratégie de financement de l’usine. On parle d’écofiscalité», dit-il.

En 2023, la Ville de Drummondville imposera aux entrepreneurs une nouvelle tarification pour l’eau potable basée selon le principe de l’utilisateur-payeur. (Photo Deposit)

Trois paliers ont été établis pour fixer les tarifs. Pour donner une idée, les plus grands utilisateurs (plus de 15 000 mètres cubes annuellement) payeront 0,552 $ le litre d’eau.

Pour la mairesse, il s’agit d’un puissant incitatif.

«C’est un incitatif à améliorer les pratiques (…). Ce n’est pas parce que l’on construit une nouvelle usine qu’on aura de l’eau à profusion. L’eau n’est pas une ressource inépuisable. On veut encourager les meilleures pratiques possibles et on demande l’aide de tous», dit-elle. Pour l’instant, aucune tarification de l’eau au compteur n’est prévue pour le résidentiel. Cependant, on indique que d’autres analyses basées sur l’écofiscalité seront réalisées prochainement, dans un but de diversification des revenus. Et pour les autres tarifications que sont l’assainissement, les égouts et la gestion des déchets, on parle de gel pour l’année 2023.

En terminant, malgré l’incertitude générée par le spectre d’une récession et la montée de l’inflation, la Ville assure que la santé financière de Drummondville demeure «très bonne», anticipant notamment un surplus net utilisable de l’ordre de 3,8 M$ au 31 décembre 2022. La majeure partie de ce montant proviendra des droits de mutation appelés communément «taxes de bienvenue». «À ce propos, on s’attend à une stabilisation des revenus tirés des droits de mutation en 2023 en raison de la hausse des taux d’intérêt qui vient freiner l’ardeur du milieu de la construction. On a été prudent dans nos estimations à cet égard», a conclu Francis Adam, directeur général de la Ville de Drummondville.

 

Principaux postes de dépenses

Administration générale (16,3 M$, en hausse de 1 M$)

Sécurité publique (21,2 M$, en hausse de 900 000 $)

Travaux publics (37,3 M$, en hausse de 2,5 M$)

Loisirs et vie communautaire (15,3 M$, en hausse de 1,2 M$)

Service de la dette (26,3 M$, en hausse de 2,2 M$)

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