Un fleuriste qui respire la résilience

Caroline Lepage
Un fleuriste qui respire la résilience
Camil St-Onge est le propriétaire depuis 25 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Entouré de ses proches et ses fidèles clients, le propriétaire de Fleuriste Bergeron, Camil St-Onge, a démontré une grande résilience en s’adaptant aux changements «pas toujours roses» imposés par la pandémie.

Ayant débuté chez Fleuriste Bergeron dans le cadre d’un emploi étudiant, M. St-Onge a occupé divers postes au sein de ce commerce qui fête cette année son 50e anniversaire. Il a agi comme homme d’entretien, livreur, secrétaire, réceptionniste de la marchandise, responsable de l’aménagement des vitrines, etc.

«Graduellement je me suis mis à servir les clients et à recevoir les familles en deuil», raconte celui qui est devenu propriétaire du commerce il y a 25 ans.

Ce Drummondvillois est fier d’avoir servi au cours des dernières décennies plusieurs générations d’une même famille, en commençant par les grands-parents jusqu’aux petits-enfants. «Mes clients sont plus que des clients», partage l’homme de 62 ans.

Le contact avec les gens est encore ce qu’il préfère. M. St-Onge se fait un point d’honneur d’être à leur écoute et d’inculquer cette valeur primordiale aux membres de son équipe. «Les gens qui viennent nous voir vivent parfois des moments plus que malheureux, que ce soit un suicide, un accident. Il faut prendre le temps de les écouter. Les gens ne sont pas bousculés ici», exprime-t-il.

Adoucir le deuil et célébrer l’amour

Par exemple, ces échanges permettent de mieux connaître les passions ou les qualités d’une personne défunte et de créer des arrangements de fleurs qui la représenteront à son meilleur. «Aujourd’hui, toutes les fleurs se prêtent à tout, que ce soit pour un mariage ou un deuil», renchérit-il.

Si les funérailles durent parfois trois heures au lieu de trois jours et sont plus rarement célébrées à l’église, comme autrefois, les cérémonies sont toujours décorées de fleurs pour adoucir le départ de ces êtres chers. Afin d’honorer cette tradition, Fleuriste Bergeron s’assure d’offrir la plus haute qualité.

Voilà pourquoi M. St-Onge est fidèle au poste tous les samedis matin, dès 6h30, pour vérifier, avec sa conjointe, chaque bouquet à bord du camion de livraison avant qu’il se dirige vers les lieux de cérémonies, qui se déroulent en grand nombre les fins de semaine. «Je ne veux pas voir aucune fleur fanée», assure ce passionné.

M. St-Onge témoigne aussi de l’évolution des célébrations des mariages, adoptant des formules et des styles qui varient selon les origines culturelles, l’âge ou le sexe des futurs époux. En raison de la pandémie, plusieurs mariages ont été reportés. «Certains qui étaient prévus en 2021 auront finalement lieu en 2023.»

Le choc de la pandémie

La crise sociosanitaire a bien sûr bouleversé les activités du commerce. «Humainement, je ne veux plus jamais vivre ça, mais malgré tout, on s’en est bien sorti», laisse tomber l’homme résilient.

(Photo Ghyslain Bergeron)

M. St-Onge raconte avoir vécu deux crises de panique durant la nuit lorsqu’il a dû mettre temporairement la clé dans la porte et congédier des employés, sans savoir ce qui les attendait. Comme il avait de la difficulté à respirer, il a pris le temps de se calmer et se raisonner, en se parlant avec sincérité.

«Je me suis dit que je n’étais pas le seul dans cette situation et que même si j’aimais bien payer toutes mes factures avant même qu’elles soient arrivées, je devais y aller étape par étape, un jour à la fois», confie-t-il.

Par chance, la fidélité des clients était au rendez-vous grâce aux commandes en ligne qui ont plus que doublé durant le confinement. Plusieurs envoyaient des fleurs à leurs proches ou leurs parents vu qu’ils ne pouvaient pas les visiter. «On a livré énormément de fleurs dans les résidences du troisième âge», souligne-t-il.

La composition des bouquets variait selon les fleurs disponibles, car les arrivages qui surviennent normalement au Québec tous les jours avaient lieu seulement une fois par semaine. «Les clients étaient compréhensifs. Ils me remerciaient. Ils étaient contents et c’était mon but!», s’exclame-t-il.

Entouré de sa famille

M. St-Onge se dit aussi très reconnaissant envers sa conjointe qui l’a toujours soutenu dans tous ses projets fous. Le plus marquant a bien sûr été le déménagement du commerce qui était situé sur la rue Lindsay, au centre-ville, et qui a ouvert ses portes, il y a 15 ans, sur la rue Hébert à Drummondville.

Fleuriste Bergeron, qui a toujours pignon sur rue à cet endroit, bénéficiait alors de locaux six fois plus grands. «C’était une bonne décision», confirme le gestionnaire qui aime prendre des risques calculés.

La conjointe de M. St-Onge s’est jointe à l’équipe dévouée, en travaillant à temps complet à la boutique depuis juin dernier. Son beau-frère, Pierre, lui a offert 26 ans de précieux services et son frère l’a toujours secondé. D’emblée, ce père de deux enfants admet que sa famille constitue sa plus grande fierté.

S’il n’est pas disponible les samedis matin pour aller voir ses six petits-enfants jouer au hockey ou faire d’autres activités, il aime les visiter chaque fois qu’il le peut. Et l’avenir lui réserve encore bien des heures de plaisir, car sa famille continue de s’agrandir. «Je deviendrai arrière-grand-père en mars», annonce-t-il, avec le sourire.

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