Quand des hommes s’entraident pour mieux s’élever

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Par Emmanuelle LeBlond
Quand des hommes s’entraident pour mieux s’élever
Le milieu de vie est un endroit pour échanger et tisser des liens au Centre de ressources pour hommes Drummond. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. Le milieu de vie du Centre de ressources pour hommes Drummond (CRHD) rassemble des participants de tous les horizons. Chacun d’entre eux détient un bagage unique, une histoire personnelle qui leur est propre. Malgré leurs différences, un point commun les relie. Ils ont tous à cœur leur santé et leur bien-être.

Mercredi matin, la porte du milieu de vie est ouverte, prête à accueillir les participants qui arrivent au compte-gouttes. Une odeur de café flotte dans l’air. Des rires se font entendre. Certains se saluent en se donnant une accolade; d’autres optent pour une poignée de main. L’atmosphère est légère et conviviale.

À compter de 9 h 30, l’animateur Gilles Grenier annonce le début de la séance. Afin de s’ancrer dans le moment présent, l’intervenante et animatrice Line Picard propose une méditation guidée. Une douce musique enveloppe la pièce. Les tensions se relâchent. Quelques minutes plus tard, le groupe est enfin prêt à entrer dans le vif du sujet.

Chaque séance est consacrée à une thématique précise, comme l’estime de soi, la gestion des émotions, le détachement ou les relations interpersonnelles. Alors que les hommes sont assis en cercle, Line Picard prend la parole. «Comme être humain, on est invité à porter des masques pour ne pas montrer qui on est vraiment. Quand on est un homme, c’est encore plus difficile d’exposer sa vulnérabilité. Aujourd’hui, le but est de reconnaître les masques que l’on porte, de les accueillir et les accepter», mentionne-t-elle.

Les participants sont invités à se prononcer via un tour de table. Au fil de la discussion, un climat de confiance s’installe. Les hommes partagent des histoires ou des anecdotes personnelles. Certains préfèrent passer leur tour, en restant silencieux. Tout le monde est accueilli dans l’ouverture et le respect.

Un espace bienveillant

Le milieu de vie est un endroit pour échanger, partager et se déposer. C’est un service gratuit et ouvert à tous. «Les personnes n’ont pas besoin d’être en dépression, d’être en détresse ou d’avoir des comportements violents pour venir. On valorise l’entraide entre les participants. On veut qu’ils partagent leurs couleurs, leur positivisme et leur lumière pour inspirer les autres. Chaque rencontre, il y a une synergie qui s’opère», explique Line Picard, en précisant qu’il ne s’agit pas d’une thérapie.

Les séances ont un impact positif dans la vie des participants. C’est d’ailleurs le cas de Guy qui a réussi à surmonter la solitude. Il assiste aux rencontres trois fois par semaine, et ce, depuis un an. L’homme n’a pas l’intention d’arrêter de sitôt. «Ça a changé ma vie. J’ai habité à Québec pendant 30 ans. J’ai perdu tous mes amis quand j’ai déménagé ici. C’est une travailleuse sociale qui m’a conseillé de venir ici. Ça m’a permis de tisser des liens et d’avoir un cercle social», témoigne-t-il.

En participant aux rencontres du milieu de vie, Denis a réussi à briser l’isolement social qu’il vivait à cause de la crise sanitaire. «En septembre 2021, on était en pleine pandémie. Ça ne faisait pas longtemps que je venais de prendre ma retraite. J’étais habitué d’être dans un groupe et je ne l’étais plus. Toutes mes activités étaient coupées. Je ne voyais personne. Je n’avais plus rien. Ça m’a fait beaucoup de bien d’assister aux séances», souligne-t-il.

Pour sa part, Claude fait partie du groupe depuis environ cinq ans. À l’époque, des pensées suicidaires le hantaient. «Je vivais une séparation. Je venais d’apprendre un diagnostic de cancer. J’étais content à l’idée de mourir. C’était une porte de sortie pour régler mes problèmes. Le CLSC m’a référé à Gilles du Centre de ressources pour hommes. C’est grâce à lui si je suis encore là», raconte-t-il.

Michel concède qu’il n’est pas toujours facile de faire le premier pas. Il a lui-même éprouvé de la difficulté à se rendre chez une ressource. Il avoue avoir monté les marches de l’organisme pour finalement faire demi-tour. C’est en prenant son courage à deux mains qu’il a réussi à aller chercher de l’aide. «J’ai appris qu’il n’est jamais trop tard. J’ai commencé à 40 ans et je continue à cheminer.»

Line Picard, intervenante et animatrice, René Desrosiers, bénévole au milieu de vie durant 20 ans et responsable des cuisines collectives au CRHD, et l’animateur Gilles Grenier. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Les rencontres du milieu de vie se déroulent les lundis, mardis et mercredis de 9 h à 11 h 45. Il n’est pas nécessaire de réserver sa place.

Pour l’avenir, Line Picard et Gilles Grenier souhaitent bonifier les plages horaires pour que l’activité se déroule en soirée. «Il y a un besoin énorme auprès des travailleurs. Ça nous permettrait de rejoindre une clientèle différente», indique l’intervenante.

Rappelons que la Journée québécoise pour la santé et le bien-être des hommes se déroule le 19 novembre. Pour l’occasion, le CRHD désire sensibiliser la population aux réalités masculines et mettre en lumière des actions comme le milieu de vie qui contribuent à la santé des hommes.

Il est possible de contacter le Centre de ressources pour hommes Drummond au 819 477-0185.

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