L’art littéraire à quatre mains

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Par Lise Tremblay
L’art littéraire à quatre mains
Bernard Marquis et Louise Boucher, alias Ben Morris et Lou Benedict, ont lancé un quatrième livre à la fin du mois d’octobre. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Il travaille au sein de la sécurité publique pour le Service correctionnel du Canada et la Gendarmerie royale du Canada. Elle a eu une carrière dans le domaine des arts, de la culture et du patrimoine. En couple depuis 40 ans, Bernard Marquis et Louise Boucher amorcent un nouveau chapitre de leur vie. Ils créent des œuvres littéraires à quatre mains marquées par un style unique en son genre.

Mais ne cherchez pas les noms de ces auteurs sur internet ou à la librairie. Ils signent leurs bouquins avec les pseudonymes Ben Morris et Lou Benedict.

Leur aventure a débuté durant la pandémie de la COVID-19. Étant passionné de cinéma depuis toujours, Ben Morris a toujours eu un immense plaisir à inventer des histoires qui marient univers policier, enquêtes et fantastique. Alors que le couple habitait dans des villes différentes pour des considérations professionnelles, Ben Morris a décidé de profiter de ses soirées en solo pour imaginer des histoires et griffonner des idées ici et là. D’une page à l’autre, l’histoire de Belleville L’héritage maudit a pris forme.

«Je ne savais même pas qu’il travaillait sur un livre. Il habitait à Gatineau et moi à Montréal à cette époque. Quand il me l’a fait lire la première fois, je n’en revenais pas. J’ai rapidement été conquise. L’histoire était captivante et… je suis retombée en amour avec lui», a exprimé Lou Benedict lors de sa rencontre avec L’Express Magazine.

Du premier coup de crayon à la sortie du livre, il s’est écoulé pas moins de 25 ans. «C’est vraiment la pandémie qui nous a amenés à concrétiser le projet et à lancer le livre», communique l’autrice, aussi mère de deux enfants.

Le lancement a eu lieu en février 2022. Depuis, ces passionnés Drummondvillois ont publié deux autres bouquins : Mélanges mortels ainsi qu’un recueil de nouvelles appelé Satanées nouvelles. Un quatrième ouvrage baptisé Double vie est en vente depuis le 24 octobre. Ils peuvent tous être commandés sur Amazon puisqu’ils sont publiés à compte d’auteurs ainsi qu’au Buropro Citation.

«Écrire à deux, c’est mieux, mais c’est plus difficile et laborieux. D’ailleurs, tout ce qui est difficile dans la vie est souvent récompensé. On se questionne beaucoup et on fait des plans. On a chacun nos carrières et on a tous les deux des personnalités fortes. J’ai une imagination jaillissante. Elle aussi, mais elle est un peu plus poétique que moi. Ça amène des visions différentes, ce qui entraîne bien des discussions», partage Ben Morris.

«La création, ce n’est pas une récréation, renchérit Lou Benedict. C’est vraiment intense, d’autant plus qu’on entre dans la culture du doute. Au fil des mois, on a reçu beaucoup de conseils et on a écouté plusieurs master class notamment avec Bernard Werber (Les Fourmis, les Tanatonautes, La boîte de Pandore). Ce dernier nous a dit de ne pas tomber amoureux du premier manuscrit. Il faut savoir le mettre dans le tiroir et recommencer. C’est un exercice rigoureux à la limite douloureux, car tu fais lire ton texte par l’autre. Ça touche à l’égo.»

Ben Morris a écrit son livre Belleville L’héritage maudit à la manière d’un scénario. «C’est ma façon d’écrire. Il faut que les gens soient capables d’imaginer des images, mais sans tomber dans les descriptions. Je veux que l’imagination des lecteurs puisse prendre le relais», explique-t-il.

Malgré leur récente entrée dans l’univers littéraire au Québec, les Drummondvillois ont déjà récolté quelques prix, ce qui témoigne de leur talent à quatre mains. (Photo Ghyslain Bergeron)

Déjà, son livre a été présenté à quelques réalisateurs, comme à Podz (Minuit le soir, 19-2, etc.) qui est très connu au Québec. Si ce dernier a démontré une belle ouverture, les amoureux sont cependant loin de la coupe aux lèvres. Ils poursuivront leurs démarches avec ténacité.

Déjà des reconnaissances

Peu importe ce que l’avenir réserve à leurs œuvres, les auteurs additionnent déjà des reconnaissances littéraires, ce qui est non-négligeable considérant leur récente entrée en scène dans l’univers littéraire.

Entre autres, Ben Morris a mérité la 2e place au concours H.P. Lovecraft : Littérature fantastique pour son texte Le marais alors que Lou Benedict a obtenu la première place du Prix Clément-Marchand 2021 de la Société des écrivains de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Le 9 septembre dernier, elle a aussi décroché le premier prix au concours littéraire Méandres et mémoires organisés par les Éditions Parenthèses pour son texte intitulé Le corps livre son histoire.

Des rêves

Tout en espérant que ses personnages prennent vie au petit écran, le couple caresse le rêve de créer un nouvel événement littéraire à Drummondville pour que les talents des auteurs locaux puissent être mis en évidence. «On est ouvert à tout, sauf à un gros événement comme on en voit à Montréal, Sherbrooke ou Trois-Rivières. On estime qu’il y a suffisamment de salons institutionnels au Québec. On aimerait plutôt créer un événement québécois qui refléterait la nouvelle réalité du livre d’aujourd’hui. On s’intéresse aussi à la deuxième vie qu’il peut avoir. De plus en plus d’auteurs lancent des bouquins et versent les profits à des organismes», souligne la Drummondvilloise, qui vise mars 2023 pour le lancement de ce nouvel attrait.

Chose certaine, aux yeux de Bernard et Louise, ce type d’événement est essentiel pour faire rayonner les talents québécois et pour entreprendre une réelle discussion sur la littérature d’ici. De surcroît, il constituerait une précieuse source d’inspiration.

«Les rencontres avec les auteurs et les lecteurs sont passionnantes. Je suis quelqu’un de très cartésien dans la vie, mais j’aime beaucoup l’humain. J’aime rencontrer les gens et entamer des discussions. Je trouve ça enrichissant», termine Ben Morris.

Ben Morris et Lou Benedict invitent les gens à une séance de dédicaces le dimanche 6 novembre, de 13 h à 15 h, au Buropro Citation de Drummondville.

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