Une itinérance beaucoup plus visible qu’avant à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Une itinérance beaucoup plus visible qu’avant à Drummondville
L’organisation de la Nuit des sans abri se fait en collaboration avec plusieurs organismes du milieu. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. L’itinérance n’a jamais été aussi visible à Drummondville, d’après les organismes de la région. L’inflation, le manque de logements abordables et les problèmes en santé mentale font partie des causes de ce phénomène.

Les organismes qui proposent des services pour les personnes en situation d’itinérance n’ont jamais été aussi sollicités. «On offre deux services d’hébergement, soit l’hébergement d’urgence qui est disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ainsi que l’unité de débordement. Cette année, on a doublé nos demandes d’admission», indique Jacinthe Dorr, directrice générale de l’Ensoleilvent.

Le Comptoir alimentaire Drummond se trouve dans la même situation. L’organisme offre des dépannages alimentaires pour les personnes à faible revenu. «Depuis avril, il y a de 20 à 30 % de personnes qu’on aide de plus par mois, en comparaison à l’année dernière. En septembre, on a aidé 620 ménages. Pendant la pandémie, je pensais qu’on avait atteint un sommet, mais ce n’est rien à ce qu’on vit actuellement», amène la directrice des services Manon Dubois, en précisant que plusieurs foyers ont été touchés par l’inflation.

«Lors des dernières années, on avait quelques personnes en situation d’itinérance qui utilisaient nos services. Maintenant, on en a vraiment beaucoup, soit une douzaine par mois. Ce sont des personnes qui sont en mesure d’entreposer la nourriture», ajoute-t-elle.

D’après le directeur général de La Piaule, Francis Lacharité, le manque d’accès à des logements sociaux et abordables sont des facteurs liés à la hausse du risque d’itinérance. «La crise du logement qu’on vit à Drummondville est sans précédent. On n’a jamais vécu ça. On a un taux d’inoccupation plus bas qu’à Montréal. C’est un nombre important de gens qui sont incapables d’avoir accès à un logement abordable.»

De son côté, Joanie Côté, directrice générale de la Maison Habit-Action, a remarqué que sa clientèle est de plus en plus touchée par des enjeux de santé mentale. «Les demandes sont de plus en plus grandes et les listes d’attente sont de plus en plus grandes, ce qui rend les services moins accessibles, soutient-elle. À l’organisme, on doit fréquemment gérer des situations de crise. Avant, c’étaient des cas isolés.»

Cette dernière ajoute que certains citoyens peuvent avoir de la difficulté à vivre seuls en appartement. Ainsi, des alternatives devraient être mises en place pour répondre à leurs besoins, comme des logements partagés.

L’hiver et ses enjeux

Par conséquent, les campements de fortune ont fait leur apparition à l’extérieur au courant de la saison estivale. «C’est un phénomène qu’on a vu dans plusieurs villes à travers le Québec et Drummondville ne fait pas exception, souligne Jacinthe Dorr. La venue de l’hiver me préoccupe. Il y a plus de demandes pendant cette période. Les gens sont disposés à rester longtemps. Présentement, nous sommes pas mal tout le temps à capacité maximale.»

Les organismes doivent se tourner vers les solutions afin de répondre aux besoins du milieu. Par exemple, l’Ensoleilvent compte reconduire son initiative de halte chaleur en collaborant avec la paroisse Bon-Pasteur. Les itinérants pourraient se réchauffer aux locaux de la Halte Saint-Joseph.

Rappelons que la 33e édition de la Nuit des sans abris aura lieu le 21 octobre à compter de 18 h à la place Saint-Frédéric au centre-ville de Drummondville. Des activités sont à la programmation, question de sensibiliser la population à l’itinérance.

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