Un marché immobilier au ralenti, mais dispendieux

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Par Louis-Philippe Samson
Un marché immobilier au ralenti, mais dispendieux
(Photo : Deposit)

IMMOBILIER. Le marché immobilier de Drummondville ralentit. Moins de transactions sont conclues, mais celles-ci se font à un prix plus élevé encore.

«La surchauffe qu’on a connue se calme d’elle-même. Cependant, les prix sont encore supérieurs à ce qu’ils étaient au dernier trimestre de l’année dernière. On reçoit moins d’offres multiples et l’inventaire commence à remonter, mais il est encore inférieur, de l’équivalent d’une centaine de propriétés, à la période prépandémique. Aussi, on conclut autant de transactions qu’à cette époque», a indiqué Nathalie Bisson, vice-présidente-région Drummondville de la Chambre immobilière Estrie–Mauricie–Centre-du-Québec (CIEMCQ).

Il y a un an, une maison unifamiliale dans l’agglomération de Drummondville se détaillait à un prix médian de 275 000 $, soit près de 100 000 $ de plus qu’en 2019, avant la pandémie. En 2022, le prix médian a atteint un sommet de 322 800 $ en début d’année, selon les données recueillies par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Au moment d’écrire ces lignes, celui-ci avait diminué à 308 750 $ à la conclusion du troisième trimestre.

Nathalie Bisson, vice-présidente pour la région de Drummondville de la Chambre immobilière Estrie-Mauricie-Centre-du-Québec. (Photo : Gracieuseté)

Parmi les facteurs qui ont une influence sur le marché immobilier, Nathalie Bisson identifie les taux d’intérêt comme étant celui qui a le plus grand rôle à jouer. Ainsi, le ralentissement actuellement observé se poursuivra tant que ces taux ne diminueront pas.

«Les taux d’intérêt vont monter encore un peu. On voit des acheteurs qui veulent conclure leur transaction rapidement avant que ça monte encore. D’un autre côté, on a une plus grande proportion d’acheteurs qui veulent être patients. On commence à en avoir qui regardent pour le prochain cycle au printemps. Dans ces circonstances, les propriétés vont rester sur le marché pendant un plus grand nombre de jours», a fait savoir Mme Bisson.

Ces derniers temps, la mode était de choisir un taux d’intérêt variable lors de l’achat d’une maison. Avec l’augmentation des taux, la courtière drummondvilloise a remarqué que certains acheteurs commencent à rencontrer des difficultés à payer leurs versements puisqu’ils doivent débourser un montant plus élevé que ce qui était prévu dans leur budget initial.

Du côté des immeubles de deux à cinq logements, aussi appelés plex, l’influence des taux d’intérêt a fait diminuer le nombre d’inscriptions de 29 % dans l’agglomération drummondvilloise lors du dernier trimestre.

«Lorsque les taux d’intérêt augmentent, c’est moins intéressant d’investir dans ce genre de propriétés. Généralement, la valeur marchande des immeubles à revenus tend à diminuer dans cette situation», a signalé Nathalie Bisson.

L’augmentation soutenue des prix a également une influence sur la capacité des premiers acheteurs à accéder à la propriété. Malgré les programmes d’aide à accéder à la propriété, les jeunes doivent épargner un plus grand montant avant de conclure une transaction.

«Ça crée une difficulté d’acheter qui est encore plus grande pour les premiers acquéreurs en particulier. Les acheteurs millénariaux, qui représentent facilement 50 % de la clientèle actuellement, veulent aussi profiter de la vie, voyager et faire des activités. Ça va créer une baisse du nombre de transactions», a poursuivi la vice-présidente de la CIEMCQ.

Stabilisation

Comme prévu il y a un an, le marché a commencé à se stabiliser ces dernières semaines. Cette stabilisation se caractérise par une augmentation d’inscriptions dans l’inventaire immobilier et des délais de ventes plus longs. «C’est de cette façon que le pouvoir va revenir un peu plus entre les mains des acheteurs», a commenté Bisson.

Les ventes ont ralenti d’un ordre de 5 % à 10 % alors que les prix ont continué à augmenter. Cependant, dans une région métropolitaine de recensement (RMR) comme Montréal, ce ralentissement est environ cinq fois plus fort que dans une région comme Drummondville, selon Nathalie Bisson. «C’est le même mouvement à une intensité un peu moins grande parce qu’on a encore la migration des gens qui s’éloignent des grandes régions vers le Centre-du-Québec, par exemple», ajoute-t-elle.

Le phénomène de migration, accentué durant la pandémie, est toujours bien présent dans la région. Celle-ci est actuellement observée dans une proportion de 10 %. «La proximité de Drummondville avec Montréal peut être un facteur de son attrait pour ces gens. Il n’y a que 45 à 50 minutes sur l’autoroute 20 pour se rendre à Montréal et le prix médian des propriétés est beaucoup moins élevé ici qu’il ne l’est à Montréal et sur la Rive-Sud», a dit la courtière immobilière.

Nathalie Bisson estime que la situation géographique de Drummondville assure à la région un marché qui reste plus sain et plus stable lorsque le reste de la province vit des fluctuations importantes.

Selon les prévisions, la prochaine année permettra d’observer une augmentation du nombre de propriétés inscrites à la vente, une diminution du nombre de transactions et des délais plus longs avant de vendre. Le marché devrait ainsi retrouver un certain équilibre.

«Dans quelle proportion cela se fera, ça reste à déterminer, mais il est clair qu’on entre dans une période où de vendre facilement dans n’importe quelle situation ne sera plus aussi facile. On devra travailler davantage pour vendre une propriété. Lorsque les taux recommenceront à descendre, on aura probablement une augmentation du nombre de transactions et ce sera une occasion d’acheter. À l’inverse, s’il y a moins d’acheteurs, les propriétés vont s’accumuler sur le marché», a conclu Nathalie Bisson.

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