La commère, figure marquante du Village québécois d’antan

Photo de Marilyne Demers
Par Marilyne Demers
La commère, figure marquante du Village québécois d’antan
La commère est à l’affût des moindres nouvelles, et prête à les colporter. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Elle fait la pluie et le beau temps au Village québécois d’antan. Au fil des années, la commère, incarnée par Hélène Crépeau, est devenue une figure marquante de ce site historique reconnu dans le paysage touristique et culturel du Québec.

Par la fenêtre de sa maison au toit rouge, la commère, longues-vues à la main, dit regarder les oiseaux. D’un air espiègle, elle est plutôt en train d’épier ses voisins. «Les oiseaux sont bien bas!» Le téléphone est non loin, un essentiel pour tout savoir dans le canton, à cette époque de 1921.

À l’intérieur de sa maison, le banc de quêteux est ouvert; le mendiant, qui se promène de village en village, pourra y passer la nuit pour dormir. En attendant, il est assis à l’extérieur, sur le balcon. «Il faut bien que j’en prenne soin, si je veux avoir les nouvelles d’ailleurs», nous chuchote la commère.

Le quêteux peut facilement avoir un lit chez la commère, en échange de quelques bavardages des villages voisins. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Celle qui personnifie la commère, c’est Hélène Crépeau. Si elle a 23 années d’expérience derrière le costume d’époque, elle en est en réalité à sa 33e saison au Village. «J’ai commencé en mai 1989. Le matin, je m’occupais des jardins et ensuite des dîners. J’ai commencé par le commencement», mentionne la femme de 65 ans.

«En 1994, j’étais à la Maison du colon. Je racontais des histoires. Quand ils ont décidé de mettre des animateurs de rue, ils m’ont sortie du bois! En 1999, je suis donc devenue la première commère du Village québécois d’antan», poursuit-elle.

Aujourd’hui, elle n’a plus besoin de présentation. «Bonjour la commère!», lui lancent les visiteurs, alors qu’elle se balade dans les rues. Bavarde, celle-ci leur répond, du tac au tac.

«C’est spontané, ça vient tout seul. Ça vient de ma tête. C’est toujours dans le respect. Il m’est arrivé de faire des tournages avec Yves Jacques et Gilles Latulippe. Ils m’ont dit que c’était inné, que j’avais un talent», raconte-t-elle.

Les tournages, les publicités et les conférences de presse, la commère est une habituée. Au fil des années, son visage est apparu tant à la télévision, sur les panneaux en bordure d’autoroute que dans les médias. «Au Village, les gens viennent à moi. Il est déjà arrivé que des visiteurs veulent se faire rembourser parce que la commère n’était pas là, se souvient-elle. Que ce soit moi ou une autre, une commère dans un village, ça attire les gens parce qu’ils veulent savoir ce qu’il se passe.»

Hélène Crépeau incarne la commère du Village québécois d’antan depuis 23 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Assise à la table de cuisine, dans la maison de la commère, Hélène Crépeau feuillette les pages d’un album de photos. Un brin nostalgique, elle se remémore des anecdotes, des rencontres et des comédiens qui ont quitté. Elle constate que le Village québécois d’antan a évolué depuis son arrivée. «Mon souhait, c’est qu’il reste ouvert le plus longtemps possible», exprime celle qui figure parmi les doyennes.

Pour sa part, elle veut continuer à se glisser dans les souliers de la commère tant et aussi longtemps que la santé le lui permettra. «J’y vais au jour le jour, comme on dit», philosophe Hélène Crépeau, qui n’a jamais manqué une seule saison.

«Ici, c’est bien plus une passion qu’un travail. C’est comme une deuxième famille. J’ai des amis précieux. On est bien, on est heureux, on s’amuse», témoigne Mme Crépeau qui, tout au long de l’entrevue, envoie la main tant aux comédiens qu’aux visiteurs qui déambulent dans les rues.

Et puis, il reste encore de la place dans son album de photos pour y glisser quelques autres souvenirs.


En rafales

  • La thématique qu’elle préfère : le Village en été «J’ai joué une sorcière au Village hanté et la mère Noël au Village illuminé, mais je préfère être la commère en été.»
  • Lieu qu’elle aime au Village : la maison de la commère «J’appelle ça mon chalet, on est bien!»
  • Personnage avec qui elle aime jouer : le quêteux «On s’adonne bien, on a du fun. Ça fait 18 ans qu’on travaille ensemble.»
  • Un collègue ou une collègue qui lui manque : Louise Morin, qui incarnait une fileuse de lin «Elle m’a beaucoup appris sur l’époque, quoi dire ou pas aux visiteurs.»
Partager cet article