Un front commun pour faire reconnaitre plus de cancers chez les pompiers

Un front commun pour faire reconnaitre plus de cancers chez les pompiers
(Photo : Ghyslain Bergeron)

POMPIERS. Composé du Regroupement des associations de pompiers du Québec, dont Drummondville fait partie, du Syndicat des Pompiers du Québec (FTQ) et de l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ), le front commun exhorte les candidats de tous les horizons politiques à prendre parti, en marge des élections du 3 octobre prochain, sur le sujet des cancers chez les pompiers.

Le front commun demande à ce que le nouveau gouvernement du Québec augmente le nombre de cancers reconnus et accepte un rôle de chef de file dans le domaine. Avec neuf cancers reconnus comme maladies occupationnelles, le Québec tire actuellement largement de l’arrière, face aux autres provinces et territoires canadiens (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest), et aussi à plusieurs états américains qui reconnaissent un très grand nombre de cancers.

«L’Ontario, notre voisin immédiat, a déjà reconnu pas moins de 19 cancers comme maladies directement liées au travail de pompier et continue à en reconnaitre d’autres ponctuellement», a expliqué le président du RAPQ et de l’Association des Pompiers de Montréal, Chris Ross.

Pour celui-ci, la situation des pompiers du Québec constitue la plus grande aberration qui soit au seul regard de l’évidence selon laquelle les pompiers risquent leur santé en s’exposant, dans le cadre de leur travail, à des substances toxiques et cancérigènes émanant de la combustion de matériaux composites, notamment.

La situation est d’autant plus urgente, a poursuivi M. Ross, précisant qu’aujourd’hui, les pompiers meurent en plus grand nombre que jamais de cancers, ce qui en fait la principale cause. Pas plus tard que le 11 septembre dernier, 24 pompiers montréalais, morts de cancers divers vraisemblablement contractés dans l’exercice de leurs fonctions ont vu leurs noms inscrits sur le monument de la Fondation canadienne des Pompiers morts en Service (FCPMS), à Ottawa.

Pour le président du RAPQ, c’est quand même ironique de constater que les pompiers dont la mission première est de protéger la population et de sauver des vies doivent eux-mêmes se battre dans un système qui nie leurs propres droits à faire valoir les risques de l’exercice leur métier.

«Le travail des pompiers les amène à affronter plus que jamais des risques de contracter toute sorte de cancers, compte tenu de la présence de plus en plus généralisée d’éléments chimiques et synthétiques nocifs dans les matériaux de construction d’immeubles et grands complexes immobiliers» ont poursuivi les coprésidents de l’AGSICQ, Jean Bartolo et Jean Melançon. Ceux-ci ont cité en cela les benzènes, dioxines, furanes, sous-produits chlorés, les sous-produits cyanurés, les agents retardateurs de flammes et autres comme des tueurs invisibles.

Affirmant qu’aucun autre employé municipal n’accepte le risque de sacrifier sa vie comme le font les pompiers, le président du Syndicat des pompiers et pompière du Québec (FTQ), présent dans plus de 180 municipalités au Québec, Sylvain Côté, a pour sa part enchaîné en stipulant que le Québec comptait 11 000 pompières et pompiers et que cette communauté ne pouvait plus tolérer que tant de cancers ne soient pas reconnus par la loi sur la santé & sécurité, ou, même, considérés dans la liste-annexe administrative de la CNESST : cela venant en nette contradiction avec les conclusions de 25 scientifiques de huit pays différents qui se sont réunis au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon, France, en juin dernier, pour finaliser leur évaluation de la cancérogénicité de l’exposition professionnelle sur les pompiers.

«Ces conclusions confirment les prétentions du RAPQ, appuyées par des études d’experts en médecins du travail, qui vont essentiellement dans la même direction», a poursuivi M. Côté.

«Il est grand temps qu’au regard de la réalité et des données disponibles sur les pompiers qui sont parmi les plus complètes de toutes les professions pour le risque de cancer que le système suive le principe de la justice réparatrice, selon lequel un préjudice doit être réparé», a plaidé Chris Ross.

Le front commun a d’ailleurs mis en ligne un site Web d’information sur lequel le public peut signifier son appui en écrivant à leurs députés. M. Ross a conclu en disant que dans un pays doté de filets de protection sociale et de soins de santé efficaces comme les nôtres, la question fondamentale est essentiellement celle de l’équité et non de la simple survie.

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