Congédiement de Simon Houle : des gestes à l’encontre des valeurs de Canimex

Caroline Lepage
Congédiement de Simon Houle : des gestes à l’encontre des valeurs de Canimex
Simon Houle. (Photo : Tirée de Facebook)

JUSTICE. Le Groupe Canimex a mis fin mardi matin à son lien d’emploi avec l’ingénieur mécanique Simon Houle, coupable d’agression sexuelle et de voyeurisme, pour respecter les valeurs de l’organisation.

L’employeur de Simon Houle a réussi à mettre la main jeudi dernier sur le jugement écrit de l’honorable Matthieu Poliquin, rendu le 21 juin 2022. Sa décision controversée d’accorder une absolution conditionnelle à l’accusé suscite depuis de vives réactions.

Au retour du congé de la fête du Canada, une réunion a été convoquée au sein du Groupe Canimex au cours de laquelle une discussion s’est tenue à propos des informations se retrouvant dans ce fameux jugement. Il en est ressorti que celles-ci allaient à l’encontre des valeurs de l’entreprise, explique Michel Goulet, vice-président aux ressources humaines.

«Le groupe Canimex compte 850 employés, dont une partie très significative de femmes», met-il en contexte.

L’employeur a mis un terme mardi matin à son lien d’emploi avec l’accusé, qui aurait fêté ses quatre ans de service en septembre prochain au sein de l’équipe d’ingénierie.

Des faits troublants

Les faits relatés dans le jugement révèlent que l’accusé et la victime, qui fréquentaient la même université, finissent leur soirée bien arrosée à l’appartement d’un ami, en avril 2019.

«La victime se réveille par la lumière d’un appareil photo. Elle sent des doigts dans son vagin qui font un mouvement de va-et-vient. Elle sent également que sa camisole est levée et que son soutien-gorge est détaché par l’avant. Elle panique», décrit-on dans la décision.

Quelques jours après, un ami de l’accusé regarde dans le téléphone de l’accusé. Il trouve alors, dans la corbeille de l’appareil, des photos des parties intimes d’une femme. Il informe la victime qui porte officiellement plainte aux policiers.

Neuf photos sont récupérées dans le cellulaire de l’accusé. Elles sont montrées à la victime qui reconnaît son corps.

D’après le juge Poliquin, les gestes graves et criminels que Simon Houle a posés à l’égard de la victime sont contextuels et ponctuels dans sa vie. Selon lui, l’accusé est habituellement une personne de bonne moralité qui aide et supporte les autres au lieu de les agresser.

«Le Tribunal n’est pas convaincu qu’il s’agissait-là d’un abus de confiance ou d’autorité. Il s’agit plutôt d’un cas flagrant d’abus de la vulnérabilité de la victime», renchérit-il.

Le juge a statué qu’une condamnation entraînerait des conséquences négatives et disproportionnées, comme de contraindre ses possibilités de voyager à l’extérieur du pays, ce qui risquerait d’entraver sa carrière d’ingénieur.

Appel de la décision

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a annoncé mardi après-midi qu’il allait porter en appel la décision du juge Poliquin. La poursuite réclamait une peine d’emprisonnement de 18 mois pour ce crime ayant engendré des conséquences importantes sur la victime : tristesse, colère, honte méfiance, isolement, insomnies, cauchemars, etc.

Sur Twitter, la porte-parole, Audrey Roy-Cloutier, a écrit qu’une requête pour permission d’en appeler est en cours de rédaction et sera déposée au greffe de la Cour d’appel d’ici le 21 juillet 2022.

Selon M. Goulet, Simon Houle avait conservé son emploi durant les procédures judiciaires parce qu’il bénéficiait alors de la présomption d’innocence. Cependant, une ordonnance du tribunal lui interdisait d’être en contact avec un collègue de travail, qui était un ami intime de la victime, ce qui le forçait à exercer ses fonctions en télétravail de façon permanente.

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