Jusqu’à 21 lits pourraient être fermés à Sainte-Croix cet été

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Par Cynthia Martel
Jusqu’à 21 lits pourraient être fermés à Sainte-Croix cet été
(Photo : L'Express - Archives)

SANTÉ. Les vacances estivales conjuguées à la pénurie de main-d’œuvre et aux travailleurs absents en raison de la COVID-19 amènent le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec à user de toutes les stratégies pour maintenir les services à la population, de sorte que 21 lits à l’hôpital Sainte-Croix sont susceptibles d’être fermés au cours de l’été en raison de la situation précaire.

S’il est coutume de réduire les services dans tous les centres hospitaliers l’été, les gestionnaires du CIUSSS MCQ doivent redoubler d’efforts ces jours-ci. La fermeture de lits est d’ailleurs une mesure qui figure dans la planification des services offerts au cours de la saison estivale.

«On réduit les lits pour être suffisamment efficace dans le but d’assurer la fluidité, pour ne pas qu’il y ait d’engorgement à l’urgence. On fait l’analyse en fonction des hôpitaux, car chacun d’eux a ses particularités. Et lorsqu’on ferme des lits, c’est toujours modulé en fonction de la disponibilité du personnel, et ce, dans le but d’aller au maximum de nos capacités à offrir des services de qualité et sécuritaires», a tenu à spécifier Christine Laliberté, directrice générale adjointe aux programmes de santé physique généraux et spécialisés au CIUSSS MCQ, lors d’une rencontre de presse faisant état de la situation.

À ses dires, la période estivale nécessite toujours une grande planification.

«Et ce n’est pas juste ici en Mauricie et au Centre-du-Québec, mais aussi dans tout le réseau. La pénurie était déjà présente avant même la pandémie, mais elle s’est accentuée avec celle-ci, donc combinée aux vacances estivales, il est clair qu’au niveau de la disponibilité, la main-d’œuvre se voit impactée», a-t-elle fait savoir.

En date d’aujourd’hui, 253 travailleurs sur tout le territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont retirés en lien avec la COVID-19.

«Ça, ça augmente notre précarité. Il y a aussi les travailleuses enceintes qui ne peuvent pas donner des soins directs aux usagers, donc elles sont déplacées vers d’autres secteurs. Par exemple, 160 infirmières sont actuellement déplacées. Finalement, il y a beaucoup d’éclosions de cas de COVID, lesquelles viennent s’ajouter à la précarité qu’on vit», précise-t-elle.

Trois éclosions touchent l’hôpital Sainte-Croix : l’unité de chirurgie au cinquième étage doit composer avec des cas depuis le 26 juin; l’unité de médecine du septième étage est en éclosion depuis le 28 juin; puis les unités de médecine et de courte durée gériatrique ainsi que de réadaptation fonctionnelle intensive, également situées au septième plancher, dénombrent plusieurs usagers contaminés depuis hier.

Trois principes guident les actions des gestionnaires et leur prise de décision dans le but de constamment adapter l’offre de services.

«Le premier, qui est prioritaire, est d’offrir des soins et services sécuritaires et de qualité à la population. Ensuite, c’est pouvoir permettre au personnel, à nos médecins et gestionnaires qui ont travaillé d’arrache-pied depuis deux ans, de prendre des vacances pleinement méritées, et finalement, préserver les services essentiels, par exemple, les urgences, les soins intensifs, l’obstétrique, les CHSLD et les blocs opératoires», a expliqué Mme Laliberté, en soulignant que les blocs opératoires fonctionneront à 70 % de leur capacité, comme c’est le cas tous les étés.

Si l’établissement a, jusqu’ici, réussi à préserver tous ces services partout, incluant à Drummondville, la situation demeure précaire. Le week-end de la Saint-Jean-Baptiste, le CIUSSS a dû recourir à la mesure du taux double où il manquait beaucoup de travailleurs.

«Il s’agit d’une mesure de dernier recours pour éviter un bris de service essentiels, comme l’urgence. Mais avant d’y arriver, il y a toute une série de mesures en place : téléphonie ciblée, réorganisation de tâches, déplacement de personnel, etc.», a-t-elle soutenu.

À la veille du long congé de la Fête du Canada, Mme Laliberté assure que la situation actuelle à l’hôpital Sainte-Croix est «stable», malgré les éclosions et le manque de personnel, et que tous les travailleurs en poste sont «capables de faire face à la fin de semaine qui s’en vient».

«On suit ça de très près, presque de minute en minute. C’est sûr qu’on n’est à l’abri de rien, car des absences de dernière minute pour toutes sortes de raisons, il y en a. Si la situation devient catastrophique, le taux double pourrait être envisagé», a-t-elle laissé entendre.

Appel à la collaboration des citoyens

Malgré cette précarité, Mme Laliberté se montre rassurante : «Si les citoyens ont des besoins urgents, qu’ils n’hésitent jamais à composer le 911 ou se rendre à l’urgence, car on est au rendez-vous. Toutes les mesures qu’on met en place, c’est pour préserver nos services essentiels. Par contre, il se peut qu’il y ait certains délais, surtout pour les soins ambulatoires, par exemple, pour un prélèvement sanguin et en radiologie, car on a dû diminuer un peu les plages de rendez-vous.»

En contrepartie, elle rappelle à la population que pour des problèmes de santé non urgents, qui ne mettent pas la vie en danger, d’opter pour d’autres options, telles que consulter son médecin de famille ou le pharmacien.

«Depuis une semaine, on travaille étroitement avec les GMF pour qu’ils puissent augmenter leurs disponibilités. On a également fait appel aux infirmières praticiennes spécialisées de première ligne et on voit que c’est aidant. Généralement, les gens peuvent obtenir un rendez-vous dans les 24 h à 48 h suivant leur appel», a-t-elle indiqué, en spécifiant qu’elle prendra soin de vérifier auprès des cliniques si leur système téléphonique est efficient afin que les citoyens puissent réussir à obtenir la ligne plus facilement.

Pour les personnes sans médecin de famille, elles peuvent contacter le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) en composant le 1 844 313-2029. Qui plus est, le service Info-Santé 8-1-1 où une infirmière peut conseiller et diriger vers le service approprié.

«J’ajouterais aussi que lorsque quelqu’un obtient son congé de l’hôpital, il serait apprécié que ses proches puissent venir le chercher rapidement, car cela permet à un autre usager d’être admis sur une unité d’hospitalisation. La contribution des proches aidants, notamment en CHSLD, nous aide également beaucoup à offrir de meilleurs soins. On travaille fort pour préserver nos services essentiels, mais nous avons besoin de la population», a conclu Christine Laliberté.

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