Santé mentale : un nouveau mouvement crie l’urgence d’agir afin d’assurer la continuité des services

Santé mentale : un nouveau mouvement crie l’urgence d’agir afin d’assurer la continuité des services
Patrice Larin, président du comité stratégique du Mouvement. (Photo : Capture d'écran)

SANTÉ. Le continuum de services des organismes communautaires en santé mentale de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (OCSM-MCQ) crie l’urgence d’agir et réclame de doubler le financement des OCSM afin de pallier au sous-financement et d’offrir des conditions de travail décentes aux travailleurs.

Réuni à l’Auberge Godefroy, à Bécancour, ce 29 juin, le regroupement comptant 30 organismes membres a ainsi donné le coup de départ du Mouvement Le choix impossible. Par une vidéo exclusive, mettant en vedette Érika, une travailleuse du milieu communautaire confrontée à un dilemme moral complexe, le choix impossible, le mouvement dévoile des faits saillants et des données alarmantes sur la crise vécue par les OCSM de la région.

«Ce qui m’a amené à choisir le milieu communautaire au début de ma carrière en intervention, c’est la volonté que j’ai de soutenir, de défendre et d’accompagner les plus vulnérables de notre société, trop souvent noyer dans une liste d’attente du système. Après quelques années à me battre contre les nombreuses injustices de notre système, l’énergie diminue. C’est difficile pour moi de garder la tête hors de l’eau quand je réalise que les intervenants sociaux sont, certes tous dans la même tempête, mais pas tous dans le même bateau face à la vague d’inégalité salariale. La volonté qui m’habite d’accompagner les personnes vulnérables devrait être un élément motivant dans mon quotidien et non pas la principale raison pour laquelle j’effectue ce travail. Mes compétences en intervention doivent être reconnues par le gouvernement. Sans quoi, ce sont mes collègues et moi qui auront la tête sous l’eau. Et à ce moment, qui sera présent pour nous tendre une bouée? Il y a urgence d’agir !», avertit Laurianne, intervenante à La Chrysalide, maison d’hébergement communautaire en santé mentale.

Des répercussions depuis 2018

En 2018-2019, les premiers impacts de la crise de la main-d’œuvre sont observés et le besoin de créer un comité stratégique pour remédier à la situation fait rapidement consensus dans l’ensemble des secteurs d’activités du Regroupement des organismes de base en santé mentale de la Mauricie-Centre-du-Québec (ROBSM 04-17)

«Début 2022, le constat est frappant et l’alarme est sonnée :  nos employés accentuent leur migration vers des secteurs d’activités mieux outillés pour répondre convenablement à leurs besoins financiers», mentionne Patrice Larin, président du comité stratégique du Mouvement.

Un sondage mené auprès de 135 répondants – intervenants, directions et coordinations cliniques – des OCSM met en lumière que 61 % d’entre eux ont pensé quitter leur emploi au cours des deux dernières années et que 66 % d’entre eux réfléchissaient à occuper une fonction dans le réseau public, dont 78 % pour des raisons reliées au salaire et 47 % aux avantages sociaux. Et ce malgré le fait que 92 % des employés consultés sont fiers de travailler dans le milieu communautaire.

C’est dans ce contexte que le 31 mars dernier, les OCSM-MCQ ont résolu à l’unanimité d’appliquer un rehaussement significatif des salaires en date du 1er juillet 2022. Cette hausse substantielle des conditions salariales servira à maintenir en emploi les travailleurs actuels et a donc pour objectif de freiner l’exode du communautaire en santé mentale. En appliquant cette mesure d’urgence, les groupes n’auront toutefois d’autre choix que de recentrer leurs activités, et au besoin, aller vers des mesures de délestage.

«L’ensemble du milieu communautaire en santé mentale de la région fait face à des choix impossibles.  Ce mouvement s’inscrit dans une perspective de main tendue envers les différents acteurs pour trouver des solutions ENSEMBLE », affirme Jonathan Lacasse, directeur général du ROBSM 04-17.

Jusqu’à maintenant, cette démarche a amené à mettre en place des canaux de communications essentiels entre le Mouvement et les instances gouvernementales et publiques. Mais le temps presse, les OCSM-MCQ composent toujours avec un sous-financement qui poussent les équipes à faire des choix impossibles.

Malgré l’horizon du contexte électoral provincial, c’est maintenant, estiment les membres, qu’il faut travailler à mettre en place des solutions innovantes et audacieuses qui permettront de maintenir l’offre de services communautaires en santé mentale, en Mauricie et au Centre-du-Québec, mais aussi, pour l’ensemble du Québec. (CGM)

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