Énantiosémie, regard sur les œuvres des finissants en arts visuels

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Par Emmanuelle LeBlond
Énantiosémie, regard sur les œuvres des finissants en arts visuels
Vue de l’exposition 2022 des finissants du programme d’arts visuels du Cégep de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Les finissants en arts visuels du Cégep de Drummondville présentent l’exposition Énantiosémie, jusqu’au 19 juin, au centre d’art DRAC.

L’exposition collective regroupe des pratiques singulières qui font état des préoccupations de ces artistes aux balbutiements de leurs parcours professionnels.

Énantiosémie, qui signifie un mot et son contraire dans une forme d’ambivalence, symbolise ainsi la grande diversité des œuvres créées et issues d’un même parcours académique. L’exposition est l’occasion de faire rayonner le travail de la relève en arts visuels de la région et de créer une première expérience d’exposition dans un contexte institutionnel.

Josiane Comeau, À ta place. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Pendant 15 semaines les finissants ont réfléchi à leur projet en définissant leur démarche artistique, en regroupant leurs réalisations antérieures dans un portfolio et en planifiant un échéancier et un budget qui les a menés à créer une œuvre qui représente leurs acquis et préoccupations», soutient Claudine Brouillard, enseignante et coordonnatrice du département des arts visuels au cégep.

Âgée de 20 ans, Josiane Comeau a fait le choix d’aborder les thématiques de l’environnement et de la pollution. À ta place est une œuvre qui porte sur le quotidien des tortues qui sont affectées par les océans de plastique. «J’avais ce projet en tête depuis que j’ai terminé mon cours d’estampe. Je voulais que le spectateur se mette à la place d’une tortue. Les méduses sont l’aliment préféré de cet animal. Les sacs en plastique ressemblent à des méduses. Je voulais faire le contraste entre les deux», explique-t-elle.

Pour sa part, Myriam Demers a abordé la charge mentale via une installation vidéo. Elle expose la charge cognitive portée par les femmes. «On voit que je prépare à manger. Je fais du lavage. Je fais l’épicerie. Sur les images, on peut voir ma liste de repas de la semaine, la feuille vide et la feuille pleine. Quand on écoute, on voit qu’il y a des semaines ou j’ai moins d’argent pour faire l’épicerie, que je me débrouille avec ce qu’on a déjà. Souvent, les mamans doivent penser à tout», soutient la femme de 45 ans.

Myriam Demers propose une installation vidéo. (Photo Ghyslain Bergeron)

Malyka Sydavong-Noël a aussi opté pour le médium de la vidéo, mais elle propose une approche artistique différente. L’artiste a mis à la disposition de la clientèle d’un restaurant de Drummondville des cartons, en leur proposant de répondre à des questions. «Je m’intéresse à l’art relationnel. J’aime tout ce qui a un lien avec la société, les idées et les habitudes de vie des autres. On côtoie plusieurs personnes tous les jours et on ne les connaît pas nécessairement. Je veux mettre en lumière la société dans laquelle on vit pour mieux la comprendre», mentionne celle qui a récolté 197 cartons.

Un peu plus loin, les visiteurs peuvent découvrir le travail d’Alicia Léveillée. La jeune femme de 19 ans a proposé une peinture acrylique sur une planche de masonite. Une bande audio complète son œuvre. «Je parle de la pression d’être l’aînée de la famille. J’aime faire de gros formats et travailler en hyperréalisme.»

Dix-sept autres finissants ont participé à l’exposition collective, dont Carolyne Boisclair, Laïla Bouzid, Joannie Cajolet, Virginie Desmarais, Natan Dubé Giguère, Véronique Girard, Laurence Grégoire, Shad Labbé, América Mérette, Alicia Paquette, Carolane Racicot-Thomas, Maéva Robert, Lissya St-Laurent, Allisson Thouin, William Thouin et Maïka Wenning-Lemyre.

Alicia Léveillée, Cage dorée ne nourrit point l’oiseau. (Photo Ghyslain Bergeron)

Lors du vernissage d’Énantiosémie, samedi dernier, l’émotion était au rendez-vous.

«Je suis vraiment fière de ce que j’ai accompli durant mon parcours au Cégep de Drummondville. Avant le collège, j’ai fait un AVC et un côté de mon corps a été paralysé. J’ai réappris à marcher, à parler et à utiliser ma main droite. En étudiant en arts visuels, ça m’a permis de vivre des réussites. Ça m’a fait une thérapie psychologique et en ergothérapie. Ma main a gagné en endurance», appuie Myriam Demers.

Les heures d’ouverture du centre d’art sont le mardi et le mercredi de 13 h à 17 h, le jeudi de 13 h à 20 h, le vendredi et le samedi de 11 h à 20 h et le dimanche de 13 h à 17 h. L’entrée est gratuite.

Mentionnons que DRAC organise atelier créatif inspiré de l’exposition, le samedi 4 juin. Une inscription est requise.

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