Un ex-pasteur coupable d’attouchements sexuels se dit victime d’un complot

CAROLINE LEPAGE
Un ex-pasteur coupable d’attouchements sexuels se dit victime d’un complot
L’ex-pasteur Jules Roy à sa sortie de la salle d’audience, mercredi, aux côtés de son avocat Me Andrew Morin, au palais de justice de Drummondville. (Photo : Caroline Lepage)

JUSTICE. Jules Roy, qui a agi comme pasteur pendant une dizaine d’années, retournera derrière les barreaux pour avoir touché à 11 reprises les parties intimes de deux fillettes âgées de six et huit ans, de 2016 à 2019.

Le procureur de la Couronne, Me Jean-Philippe Garneau, a demandé une peine 4 ans de prison pour cet homme de 72 ans qui a déjà été condamné en 2008 pour des crimes similaires, dans des circonstances semblables et sur des fillettes du même âge. «C’est extrêmement inquiétant», a-t-il commenté mercredi, lors des représentations sur sentence au palais de justice de Drummondville.

L’avocat a pointé plusieurs facteurs aggravants du rapport présentenciel de l’accusé qui n’aurait fait aucune réflexion sur ses actes déviants antérieurs, malgré une probation et un an derrière les barreaux.

L’agresseur… agressé

En novembre dernier, M. Roy a plaidé coupable aux nouvelles accusations, mais il prétend que les gestes commis sont survenus accidentellement dans le cadre de jeux. Il dit être victime d’un coup monté par les fillettes, influencées par leur mère qui voulait se venger.

«Ce sont les deux filles qui m’ont agressé. Elles m’ont manipulé», a lancé le procureur de la Couronne, en rapportant les propos de M. Roy, qui affirme d’ailleurs que son pire défaut est d’être trop honnête.

Jules Roy. (Photo tirée de Facebook)

Selon Me Garneau, le discours tordu du septuagénaire est une «version grotesque» empreinte d’irresponsabilité.

L’avocat de la défense, Andrew Morin, admet aussi que son client ne reconnaît pas sa problématique. Le fait qu’il se perçoit à tort comme une victime serait, à son avis, un mécanisme de défense. Par exemple, M. Roy raconte avoir été agressé sexuellement à l’âge de 14 ans… par un jeune de 8 ans. «Ça risque d’être plus le contraire. On ne le saura jamais», a avancé Me Morin.

Manque d’éducation sexuelle?

Selon le procureur, M. Roy aurait également manqué d’éducation sexuelle durant sa jeunesse, alors qu’il voyait son père et son frère avoir de la sexualité avec des vaches de la ferme. Lui-même aurait déjà fait cette expérience, mais ne l’aurait jamais reproduite après avoir vécu sa première relation avec une femme.

Me Morin suggère que son client écope d’une peine de détention de 2 ans moins un jour, assortie d’une probation, en vertu de son faible risque de récidive. Cette information est néanmoins contestée dans les rapports.

M. Roy serait aussi contrevenu à ses conditions lorsqu’il était pasteur et ne pouvait se trouver en présence de mineurs. D’après son avocat, ces allégations ne sont basées sur aucune preuve. Des ex-victimes, présentes à l’audience, confirment que l’accusé était un pasteur chrétien évangéliste bien connu dans la région. Il fréquentait aussi plusieurs terrains de camping. Ces dames craignent qu’il demeure une menace pour la société.

Quant à elle, la mère des présentes victimes a détaillé avec émotion toutes les séquelles de ses filles depuis les gestes commis. «Notre vie de famille est devenue un enfer», a-t-elle exprimé au juge Paul Dunnigan, qui a pris la cause en délibéré. Il a reporté le dossier au 17 mai où il soumettra une date pour rendre sa sentence.

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