60 M$ pour une usine de farine protéinée à base d’insectes

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Par Louis-Philippe Samson
60 M$ pour une usine de farine protéinée à base d’insectes
La nouvelle usine d'Entosystem sera construite dans le quartier industriel de Saint-Nicéphore. (Photo : Gracieuseté)

INVESTISSEMENTS. Avec la construction de sa première usine commerciale dans la vitrine 55 du secteur Saint-Nicéphore, Entosystem élèvera 400 millions d’insectes qui s’inséreront dans l’économie circulaire du secteur agroalimentaire de la région et de la province.

Fondée à Sherbrooke, la nouvelle installation de Drummondville, qui doit ouvrir ses portes quelque part entre la fin de l’année 2022 et le début de 2023, se veut un premier pas de la croissance d’Entosystem. Déjà, des discussions pour l’ouverture d’une seconde usine commerciale, d’ici deux ans, cette fois-ci à l’internationale seraient amorcées. L’entreprise prévoit conserver son bâtiment et les 30 emplois déjà en place à Sherbrooke.

Cédric Provost, président et co-fondateur d’Entosystem. (Photo Ghyslain Bergeron)

Pour élever ces insectes, l’entreprise récupérera des résidus organiques de la région pour les nourrir. «Les 400 millions d’insectes consommeront, de façon quotidienne, 250 tonnes de matières organiques. Le tout sera issu de l’industrie agroalimentaire. On parle de fruits et légumes périmés des épiceries et de résidus de boulangerie; donc toutes des matières organiques qui ne contiennent pas de viandes, mais qui ont une certaine traçabilité», a expliqué Cédric Provost, président et co-fondateur d’Entosystem.

Justement, ces résidus seront principalement obtenus de fournisseurs locaux afin d’éviter la création de nouveaux transports. La force agroalimentaire du Centre-du-Québec a également été un argument qui a incité l’entreprise à s’installer à Drummondville. D’ailleurs, Entosystem s’est allié à Sanimax afin d’utiliser leur réseau de transport déjà existant. De plus, la Société de développement économique de Drummondville (SDED) apportera son aide afin de créer des partenariats entre différentes entreprises de la région.

L’économie circulaire est un aspect qui a été fortement mis de l’avant par les intervenants lors de l’annonce de cette nouvelle usine. Autant du côté de l’entreprise, de la SDED que du gouvernement québécois.

«La filière des insectes est en effervescence au Québec. Entosystem est un des leaders et ils seront observés par leur façon de faire, de leurs stratégies de commercialisation. Nous voulons mettre de l’avant ces projets d’économie circulaire», a indiqué André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Entosystem
Les millions de larves d’Entosystem se nouriront de résidus alimentaires périmés afin d’éviter le gaspillage. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Malgré une forte demande aux États-Unis pour les produits d’Entosystem, M. Provost a indiqué que les partenaires québécois de longue date seront favorisés afin de respecter la mission environnementale de son entreprise. On cherche aussi à consolider la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Québec avec cette nouvelle installation.

«On a réalisé avec la pandémie et, plus récemment, avec la guerre en Ukraine que notre chaîne d’approvisionnement était fragile. Nous voulons, chaque année, contribuer à rendre plus résilient notre système alimentaire en fournissant aux marchés 5 000 tonnes de larves protéinées de haute qualité ainsi que 15 000 tonnes d’engrais approuvé pour la culture biologique afin de soutenir nos agriculteurs», a détaillé le président d’Entosystem.

Le gouvernement contribue d’ailleurs à la hauteur de près 21 millions de dollars au projet de l’usine qui a été baptisé Envol. De ce montant, 14,6 millions proviennent d’Investissements Québec divisé en parts égales du fonds propre et du programme Essor. La Financière agricole du Québec complète le portrait du financement gouvernemental.

Opération séduction

Cédric Provost a signalé le dynamisme dont a fait preuve la SDED et la Ville de Drummondville pour attirer Entosystem sur son territoire. Alors que l’entreprise avait déjà l’œil sur Drummondville, le mariage entre les deux entités s’est fait tout naturellement.

«Pour nous, avec l’axe sur l’autoroute 20, c’était un choix stratégique. C’est le dynamisme de la SDED qui a fait la différence dans notre choix d’emplacement pour notre première usine commerciale. L’usine aura déjà sa taille maximale, mais nous aurons une certaine croissance à vivre dans le bâtiment. Cette usine est une grande étape pour notre entreprise, mais nous n’en sommes qu’au début de ce que promet d’être Entosystem», a annoncé M. Provost.

(Photo Ghyslain Bergeron)

«Durant les discussions, la SDED les aider à trouver un endroit optimal pour eux et s’assurer qu’ils choisissent Drummondville», a remarqué Stéphanie Lacoste, présidente de la SDED et mairesse de Drummondville.

Avec une usine totalement automatisée, l’entreprise a dû elle-même développer ses technologies propres à la culture des insectes. Ainsi, les 70 emplois créés se retrouveront principalement dans les domaines de la supervision d’opérations, de la biologie, de l’ingénierie et administratifs.

De son côté, la mairesse de Drummondville a assuré que l’administration municipale planche sur le dossier. «On travaille très fort. Les projets qu’on reçoit représentent une belle offre de densification sur notre territoire. L’objectif est de concrétiser rapidement des logements. Nous sommes très proactifs afin de doter la ville de logements pour accueillir des travailleurs», a annoncé Mme Lacoste.

Critiqué à Sherbrooke pour des problèmes d’odeur, Cédric Provost a assuré que le problème a été réglé et que les odeurs ne devraient pas être une nuisance à Drummondville.

 

La technologie derrière Entosystem

La technologie consiste à répéter le cycle naturel de la mouche soldat noire, mais à grande échelle et de façon optimisée. Ainsi, les résidus du gaspillage alimentaire serviront à nourrir les larves qui seront à leur tour récoltées après six jours. Ces larves seront séchées puis transformées en engrais, farine et huile. Les engrais pourront servir dans la production agricole alors que la farine, l’huile, ou encore des larves séchées pour nourrir des animaux.

«C’est de faire ce que l’insecte fait super bien depuis des millions d’années, mais en l’automatisant dans une usine. On leur donne les conditions optimales pour qu’ils se développent rapidement en convertissant les matières organiques», a développé Cédric Provost.

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