FESTIVAL. L’ambiance était survoltée, vendredi soir, au cinéma Capitol. Le cinéaste Guillaume Venne a présenté en exclusivité son premier long métrage Rêver ma vie, dans le cadre des Rendez-vous Québec cinéma.
Guillaume Venne est un homme aux multiples facettes. Certaines personnes le connaissent comme étant co-propriétaire des cinémas RGFM. Dans ses passe-temps, le Sorelois adore être derrière la caméra. Ce désir de raconter des histoires l’habite depuis qu’il est jeune. Il a entre autres fait ses études universitaires en scénarisation.
«L’idée de faire un long métrage m’est venue il y a environ dix ans», soutient-il. Pour y arriver, il s’est d’abord lancé dans la réalisation de deux courts métrages. Le premier, intitulé Effroi, est sorti en 2015. Il a connu un vif succès en figurant sur la liste de quelques festivals, tout en raflant des prix.
Le deuxième, Rêver ma vie, est la version abrégée du long métrage. «J’ai délibérément écrit une scène de flashback pour qu’on voie l’enfance du personnage. Je me suis rendu jusqu’à New York pour présenter le court métrage dans un festival», raconte-t-il, en mentionnant que ce projet a vu le jour en 2017.
La même année, Guillaume Venne a entamé l’écriture du film. Il avait une idée précise en tête. «Je voulais parler d’un homme tout à fait normal qui vit un gros défi et qui emprunte un chemin pour s’en sortir. En parallèle, je voulais expliquer le concept du deuil.»
Le long métrage raconte l’histoire de Philippe Dubé, un père de famille qui est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) au volant de sa voiture. Du jour au lendemain, sa vie bascule. Il ne peut plus marcher ni parler. Pour surmonter cette épreuve, il doit traverser plusieurs étapes comme le déni, la colère, le marchandage, la tristesse et la résilience.
Même si la trame de fond est dramatique, Rêver ma vie aborde plusieurs thèmes comme la famille, l’amitié et l’amour. Le film est tantôt drôle, tantôt touchant. «C’était important pour moi de mélanger le drame avec de l’humour et de la légèreté. Je voulais faire vivre une montagne russe émotionnelle, qui termine sur une belle note.»
Le long métrage se base sur des faits réels. Lors de l’écriture du scénario, Guillaume Venne s’est informé à propos des AVC, en consultant des professionnels issus du milieu de la santé. Il s’est également renseigné sur le processus de réadaptation, par souci de réalisme.
Il a même interrogé des personnes qui ont vécu un tel accident. «J’ai rencontré à plusieurs reprises un type qui s’appelle Daniel Despatie. Il a subi un AVC. Plusieurs scènes du film sont inspirées de l’histoire de Daniel», ajoute le cinéaste.
Trouver la perle rare
Guillaume Venne était à la recherche de la perle rare pour camper le rôle de Philippe. «J’avais besoin d’un personnage principal fort et crédible parce qu’il est présent dans la majorité des scènes. Il a le film sur ses épaules. J’ai été chanceux de croiser la route de Frédéric», mentionne-t-il.
Frédéric Gagnon a été interpellé par ce projet. Ce dernier a évolué pendant plusieurs années dans le milieu de la danse. Récemment, il a renoué avec le jeu. «J’ai eu une hernie discale. Je n’ai pas été capable de bouger pendant trois mois. J’ai été arrêté complètement pendant un an. Ça a mis fin à ma carrière de danseur contemporain. J’ai vécu un deuil. Ça a été une chance incroyable pour moi de décrocher ce rôle», exprime-t-il, avec reconnaissance.
L’acteur avait de la facilité à se glisser dans la peau de Philippe. Sur le plateau de tournage, la magie a opéré. «J’avais beaucoup de liberté. Guillaume est quelqu’un qui laisse de l’espace et qui fait confiance à ses acteurs. Ça a été un cadeau pour moi.»
Mentionnons que Frédéric Gagnon partage l’écran avec Danièle Belley (Sophie) et Yannick Chapdelaine (Samuel Thibodeau).
Un accomplissement personnel
La postproduction de Rêver ma vie a été accélérée avec la crise sanitaire. En plus d’écrire et de réaliser le film, Guillaume Venne s’est chargé du montage et du mixage sonore. «Pendant la pandémie, ce n’était pas très positif avec les cinémas. On a eu beaucoup de défis. De travailler sur le film, c’était mon dessert. C’était ma façon de me reposer mentalement. J’avais un projet qui m’apportait et qui me complétait en tant que personne. Ça m’a rendu meilleur», témoigne-t-il.
Le cinéaste a grandi à travers cette expérience. Il est fier de son accomplissement. Après une longue attente, il peut enfin présenter le fruit de son travail dans les salles de cinéma. Lors des prochains mois, le film sera projeté dans plusieurs cinémas du réseau RGFM.
Pour l’avenir, Guillaume Venne a déjà d’autres projets dans sa mire.
«D’une certaine façon, Rêver ma vie est une carte de visite pour voir ce que je suis capable de faire pour promouvoir les prochains projets. J’ai des idées de film de plus petite et de plus grande envergure. Je ne me ferme pas de porte. Je veux continuer», termine-t-il, le sourire aux lèvres.
Survol de la programmation
Les Rendez-vous Québec cinéma terminent samedi. La journée débute avec la projection des films La grenouille et la baleine de Jean-Claude Lord et Dans l’ombre du Star Wars Kid de Mathieu Fournier à 13 h. Maria Chapdelaine de Gilles Carle est de retour sur le grand écran, tout comme Le meilleur pays du monde de Ky Nam Le Duc à 15 h 30. Le film de Kaveh Nabatian Sin La Habana est en vedette à 18 h 30.
Le dernier tapis rouge mettra en lumière le court métrage Tenir le phare de Thomas Soto, avec Jacques L’Heureux et le Drummondvillois Édouard Biron-Larocque, qui est notamment en nomination pour son rôle au Nova Stars Awards de Toronto. Par la même occasion, cinq autre courts métrages seront présentés à 18 h 30.
L’événement se clôt avec Les Trois Accords Live dans le plaisir et Comme une vague de Marie-Julie Dallaire à 21 h 15.