L’histoire de résilience de Nancy Lajoie

L’histoire de résilience de Nancy Lajoie
Nancy Lajoie. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Au triathlon comme dans la vie, Nancy Lajoie est une battante. Victime d’un grave accident cycliste l’été dernier, l’athlète émérite est déjà de retour à l’entraînement. Son objectif : prendre le départ du marathon de la Course des Chênes-toi, le 22 mai prochain.

Le 6 juillet dernier, alors qu’elle s’entraîne à vélo dans le secteur de Saint-Joachim-de-Courval, la vie de Nancy Lajoie  bascule en un seul coup de pédale. À la suite d’une mauvaise chute, la femme de 52 ans doit être transportée d’urgence à l’hôpital Sainte-Croix.

«C’est vraiment une malchance, raconte Nancy Lajoie, qui emprunte ce parcours plusieurs fois par semaine. J’ai voulu me tasser de l’autre côté de la ligne blanche, mais il y avait une fissure dans l’asphalte. Ma roue de vélo est rentrée dedans. Mon guidon a tourné et c’est tout mon côté gauche qui a reçu l’impact.»

Par chance, Nancy Lajoie est accompagnée de sa fille Émilie lors de cette mésaventure. Cette dernière, qui exerce le métier de policière, contacte les secours et lui prodigue aussitôt les premiers soins. À l’hôpital, les diagnostics des médecins tombent : fracture de la clavicule, volet de fractures touchant sept côtes, légère commotion cérébrale et pneumothorax. Nancy Lajoie n’est pas au bout de ses peines, puisqu’un transfert vers le centre hospitalier de Trois-Rivières est ensuite nécessaire en raison d’une fissure au poumon gauche qui nécessite une thoracoscopie.

Nancy Lajoie a pu compter sur la présence de son conjoint Jocelyn Lamarre à l’hôpital. (Photo gracieuseté)

Une fois qu’elle obtient son congé de l’hôpital, le 24 juillet, Nancy Lajoie entreprend alors une longue convalescence.

«De retour à a maison, je n’avais aucune mobilité ou presque, explique celle qui a pris part à plusieurs compétitions internationales de triathlon au fil des ans, dont le mythique Ironman d’Hawaï. Du jour au lendemain, tu n’es plus capable de te laver, de t’habiller ou de cuisiner. Je ne pouvais pas lever mon bras, parce que j’avais tellement de douleur aux côtes. Ça m’a pris plusieurs semaines avant de retrouver mon autonomie.»

À travers cette épreuve, la Drummondvilloise peut compter sur l’appui de son conjoint Jocelyn Lamarre, de ses proches ainsi que de nombreux amis. «Mon entourage a été vraiment bienveillant avec moi. Jocelyn et moi, on a inversé les rôles. Étant donné qu’il a fait deux arrêts cardiaques en 2019 et en 2020, j’ai été à son chevet, puis c’est vraiment lui qui m’a épaulé quand ce fut mon tour. Quand tu te sens vulnérable, tout l’amour et le bonheur que tu reçois, ça n’a pas de prix», relate celle qui a récemment eu la chance de devenir grand-mère.

«Mes amis du triathlon, ou mes tri-amis comme je les appelle, ont été très importants pour moi. Même des connaissances prenaient des nouvelles. Ça m’a beaucoup touché que tous ces gens pensent à moi. Ça m’a donné le petit coup de pied dans le derrière dont j’avais besoin pour continuer d’avancer.»

Le long chemin de la guérison

Fort de son grand bagage sportif, Nancy Lajoie s’engage sur le long chemin de la guérison. Pendant les moments les plus difficiles, elle se replonge dans sa passion pour se calmer et garder un certain contrôle. «Je dis merci à la vie d’avoir découvert l’activité physique à l’âge de 38 ans! Tout ce que j’ai appris dans le sport, ça m’a aidé à passer à travers les moments de détresse, de crainte ou de découragement. Le fait d’être très active avant l’accident, ça m’a permis de ne pas tomber plus creux. Ça m’a vraiment aidé à me rétablir.»

Nancy Lajoie. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«Même à l’hôpital, quand je ne pouvais pas bouger le haut de mon corps, je bougeais mes orteils, mes pieds et mes jambes. Quelques fois par jour, je marchais un mètre ou deux, juste pour ne pas rester statique. J’ai aussi fait de la visualisation et de la cohérence cardiaque.»

Afin de retrouver son autonomie, Nancy Lajoie s’adresse à des professionnels, notamment ceux de la clinique de physiothérapie SN+ et du centre de réadaptation physique Interval. «Au début, tu ne sais pas trop dans quelle aventure tu t’embarques. Ces gens-là m’ont accompagné chaque semaine. Ils ont réussi à me donner la lueur d’espoir qu’il me manquait. Je n’ai pas seulement retrouvé mon autonomie, mais j’ai aussi renforci mon corps physiquement et psychologiquement.»

Une amie lui conseille aussi de noter ses progrès par écrit, si minimes soient-ils, qu’il s’agisse de sortir de son lit, d’attacher ses boutons ou encore de marcher 5, 10 ou 15 minutes. «Les jours où ça n’avançait pas et que je me sentais découragée, je regardais dans mon rétroviseur. Ça m’a vraiment donné des ailes.»

D’une semaine à l’autre, chaque étape franchie dans sa réadaptation représente une victoire en soi. Au bout de deux mois, ses progrès sont tels qu’elle parvient à marcher pendant 60 minutes. «La première fois que j’ai couru 30 secondes sur le tapis, en octobre, je me suis arrêtée parce que j’avais les yeux pleins d’eau. Après ma première longueur à la piscine, même chose : il y avait de l’eau dans les lunettes! Je vivais beaucoup d’émotions. Après quelques mois, j’ai réussi à reprendre un certain rythme. J’ai recommencé à faire des activités que j’aimais.»

Retour aux sources

Avec l’aide de ces spécialistes, Nancy Lajoie se fixe donc des objectifs et élabore un plan. «Ça m’a beaucoup aidé. Je m’étais dit que si j’étais capable de courir un cinq kilomètres à mon rythme en décembre, j’allais m’acheter une paire de souliers pour courir dehors dans mon bas de Noël et que je ferais mon inscription à la Course des Chênes-toi. J’avais le goût de revenir à mes sources, parce qu’avant d’être une triathlète, je suis une coureuse. C’est toujours la course à pied qui m’a aidé à me dépasser.»

Nancy Lajoie. (Photo : Ghyslain Bergeron)

De son propre aveu, la Drummondvilloise veut se prouver à elle-même qu’elle est encore capable de franchir la distance de 42,2 kilomètres. «La passionnée en moi se dit que peu importe la façon, je vais y arriver. Je m’accroche à cet objectif. Je vais le faire à mon rythme. J’ai le goût de voir dans quel bonheur je vais traverser la ligne d’arrivée.»

Sa réadaptation étant maintenant derrière elle, Nancy Lajoie s’entraîne en compagnie d’un groupe de passionnés au sein du club Zone course. «Ça va de mieux en mieux. Je continue à prendre soin de moi. Ça me fait du bien psychologiquement aussi! Depuis quelques semaines, j’ai du soleil dans les yeux!»

Ayant appris tout le sens du mot résilience à travers cette épreuve, Nancy Lajoie se donne aujourd’hui comme mission de partager sa bienveillance avec tous ceux qui traversent des heures difficiles. Pour ce faire, elle s’inspire du crédo de Walt Disney : «Si tu peux le rêver, tu peux le faire.»

«Dans nos moments de découragement, c’est important de se fixer de petits buts. Après, on est capable de commencer à les rêver. Si tu as une passion, n’importe laquelle, que ce soit dans les sports ou les arts, reviens-y. Ce sont nos sources qui nous font carburer. Elles réveillent des ancrages. Va chercher de l’aide, t’entourer de gens qui vont te donner le petit coup de pied nécessaire. Peu importe ce qui va arriver, tu dois garder confiance et regarder vers l’avant», conclut la sportive qui n’a rien perdu de son énergie et de son sourire contagieux.

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