PATRIMOINE. La façade de l’église de Saint-Cyrille-de-Wendover est en piteux état. Si rien n’est fait d’ici l’hiver prochain, la devanture de pierres de la tour droite s’effondrera.
Ce sont des fissures, apparues à travers les pierres de la devanture, qui ont mis la puce à l’oreille du personnel de l’église et de la fabrique de la paroisse Saint-Luc. Ces fissures seraient la conséquence d’infiltrations d’eau entre la pierre de la structure intérieure et celle de la devanture depuis plusieurs années. Ainsi, avec l’expansion causée par le gel et le dégel, la maçonnerie aurait travaillé au point de devenir très fragile et à risque d’un effondrement. Pour le moment, il est impossible de savoir si la pierre de la structure a été endommagée. Cependant, des signes de dommages, causés par l’humidité, sont visibles à l’intérieur de la tour.
«L’ingénieur nous a dit qu’on ne pouvait pas passer un autre hiver sans faire de travaux. Les fissures sont trop importantes à certains endroits. Des sections de pierres se gonflent et forment des ballons à deux endroits distincts. Si une section tombe, le reste va suivre. Si on ne fait rien d’ici l’automne, la tour sera à terre avant la fin de l’hiver», a prévenu le président de la fabrique, Normand Dupuis.
«Le parement de pierres s’est en partie détaché de la structure de l’église. Des infiltrations d’eau et l’humidité ont entraîné la dégradation des éléments en acier qui retiennent les deux structures ensemble. La façade au complet représente des risques, mais ils sont surtout concentrés au clocher de droite. Il y a un déplacement de 50 millimètres vis-à-vis la fenêtre du bas en façade. Le restant est relativement en bon état, mais il faudra assurément sonder des éléments, dont une corniche qui a perdu une pierre», a précisé l’ingénieur en structures, Pierre Tremblay.
La résidente de la maison voisine avait d’ailleurs été évacuée de façon temporaire par crainte du risque que la tour chute sur le bâtiment. Les risques étant minimes avec le retour du temps doux, cette dernière a pu réintégrer sa résidence.
Coûts importants
Les coûts de la réparation de la tour droite s’élèvent à près de 1,2 million de dollars. La fabrique, qui a pris en charge la situation, a transmis son dossier au Conseil du patrimoine religieux du Québec afin d’obtenir des subventions pour financer les réparations. Dans les meilleurs scénarios, une subvention qui couvrirait 70 % des coûts estimés des travaux pourrait être obtenue puisque l’église est classée dans le patrimoine de la municipalité et le patrimoine religieux du Québec. Le dossier est, en ce moment, entre les mains du ministère de la Culture et des Communications.
Pour le reste du financement, on mise sur l’aide du député provincial de Drummond–Bois-Francs, Sébastien Schneeberger, de la municipalité de Saint-Cyrille-de-Wendover et de la communauté.
«Si nous ne faisons pas la réparation permanente, ça nous coûterait 100 000 dollars simplement pour faire tenir la tour une année supplémentaire. Pour nous, ça ne vaut pas la peine de le faire pour un an seulement. Le montant que nous aurons en subvention sera très important pour nous, car si on doit nous même trouver un montant important, comme un demi-million par exemple, je ne crois pas qu’on soit capable d’avoir ça dans un village comme le nôtre», a évoqué M. Dupuis.
Les coûts estimés pour la réparation de l’entièreté de la façade avoisinent les trois millions de dollars s’il était décidé de faire le tout en une seule occasion.
Les dommages de la tour empêchent la tenue de funérailles ou encore de certains mariages à l’église de Saint-Cyrille-de-Wendover. Seules les messes peuvent avoir lieu, mais encore, l’accès à la nef doit se faire par les portes de côté. L’entrée principale est présentement bloquée; des clôtures seront installées ces prochains jours.
L’enjeu devient la conservation de l’église elle-même. L’option de louer certaines parties de l’église en logements ou espaces locatifs avait été analysée, il y a quelques années, mais la fabrique n’est pas allée de l’avant avec ce projet en fin de compte.
«C’est l’une des plus belles églises du diocèse. Si on perd notre façade, l’église n’a plus de valeur. Il faudra éventuellement réunir la population et lui demander ce qu’elle veut faire de l’église», a indiqué Normand Dupuis.
Le conseil d’administration de l’église doit se réunir le lundi 4 avril afin d’évaluer l’ensemble des possibilités quant au futur de l’établissement autant si les réparations sont faites ou non.
