Un couple ukrainien s’inquiète pour la sécurité de ses proches

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Par Emmanuelle LeBlond
Un couple ukrainien s’inquiète pour la sécurité de ses proches
Oleksandr Bezverkhnii et Elena Talisman montrent la photo de leurs proches qui vivent en Ukraine. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

CONFLIT. Plus de sept mille kilomètres séparent Oleksandr Bezverkhnii et Elena Talisman de leurs proches qui habitent en Ukraine. Alors que les affrontements se poursuivent dans les rues de Kiev, le couple demande à la communauté internationale d’agir en accentuant les pressions économiques et diplomatiques sur la Russie.

23 février. Oleksandr Bezverkhnii est au travail lorsqu’il apprend que le président de la Russie, Vladimir Poutine, lance une opération militaire en Ukraine. Le machiniste n’en croit pas ses yeux. Il est figé sur place. «J’ai tout de suite eu une pensée pour ma famille», exprime-t-il, la gorge serrée par l’émotion.

Oleksandr Bezverkhnii et Elena Talisman habitent avec leur fils à Drummondville depuis deux ans. Avant d’arriver au Québec, ils ont vécu pendant huit ans en Israël. Ils sont partis de l’Ukraine pour améliorer leurs conditions de vie. À l’époque, le pays d’Europe de l’Est était plongé dans la corruption et le coût de la vie montait en flèche.

Le couple brandit fièrement le drapeau de son pays. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

L’homme de 37 ans est originaire de la ville de Kryvyï Rih. «Je suis né dans une région russophone. C’est une grande ville industrielle. Dans ma famille, on adhérait majoritairement aux valeurs occidentales, mais il y a certaines personnes qui désiraient revenir à l’époque soviétique. Les avis étaient divisés.»

Si le couple a décidé de quitter le pays à la recherche d’un avenir meilleur, les proches d’Oleksandr Bezverkhnii sont restés en Ukraine. Trois jours se sont écoulés depuis le début de la guerre et le Drummondvillois est rongé par l’inquiétude. «On ne mange plus, on ne dort plus», souffle-t-il.

Les membres de sa famille doivent s’isoler à leur domicile. «C’est difficile pour eux de partir parce que cette région est au centre de l’Ukraine. Les routes sont détruites. Il y a un couvre-feu. Il y a beaucoup d’avions, des chars d’assaut et des transports militaires.»

De jour comme de nuit, ces derniers sont scotchés à leurs écrans, en consultant les nouvelles en continu et en écrivant à leur entourage. «Hier, j’ai parlé avec une amie qui habite dans ma ville natale à Uzhgorod. Elle a une très grande maison. Elle prépare des chambres pour les réfugiés qui sont touchés par la guerre», soutient Elena Talisman, ingénieure de formation.

Depuis le début du conflit armé, Oleksandr Bezverkhnii a une pensée pour ses collègues ukrainiens qu’il a côtoyés lorsqu’il était agent des services frontaliers. «Il y a beaucoup d’entre eux qui sont impliqués dans la guerre. Je n’ai pas de nouvelle d’eux. Ils combattent.»

Petites actions, grands résultats

Malgré la distance, le couple veut faire sa part. Pendant la fin de semaine, ils se rendront à Montréal pour participer à des rassemblements afin de supporter l’Ukraine. En parallèle, Oleksandr Bezverkhnii et Elena Talisman resteront actifs sur les réseaux sociaux pour contrer la désinformation. «J’ai plusieurs amis qui habitent en Russie qui me suivent sur Facebook. Pour moi, c’est important de partager des nouvelles qui sont vraies. Ces personnes doivent connaître la vérité», souligne la mère de famille.

Le couple lors d’un rassemblement en soutien pour l’Ukraine à Montréal. (Photo: gracieuseté)

En prenant la parole, le couple veut passer un message clair. «Nous appelons à une pression accrue sur la Russie, autant économiquement que diplomatiquement», soutient Oleksandr Bezverkhnii.

Vendredi, le ministre des Finances Éric Girard a annoncé que la Société des alcools du Québec (SAQ) retirera les produits russes de ses tablettes «par solidarité pour le peuple ukrainien».

Que ce soit par la présence du drapeau ukrainien à l’hôtel de ville de Drummondville ou par le soutien des internautes via les réseaux sociaux, ces derniers sont touchés par le support de la communauté. «On ne se sent moins seuls. Le Québec est avec nous.»

Rappelons que trois jours se sont écoulés depuis le début de l’invasion militaire de la Russie en Ukraine. Kiev a imposé un couvre-feu jusqu’à lundi, et ce, après que des militaires russes aient tenté de prendre d’assaut la capitale.

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