La hausse du panier d’épicerie affecte les organismes d’aide alimentaire

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Par Louis-Philippe Samson
La hausse du panier d’épicerie affecte les organismes d’aide alimentaire
Rachel Bissonnette et Nathalie Belletête. (Photo : archives)

AIDE ALIMENTAIRE. Avec la hausse du prix du panier d’épicerie, des organismes, comme le Comptoir alimentaire Drummond et la Fondation de la Tablée populaire, enregistrent déjà des augmentations des demandes d’aide.

Au Comptoir alimentaire Drummond, qui offre des dépannages alimentaires sous forme de paniers de denrées, on a constaté au mois de janvier une augmentation de 44 % du nombre de ménages qui ont déposé une demande comparativement au mois de janvier 2021. On a donc aidé 615 ménages avec 1 272 dépannages.

«On assure le service, mais on est déjà affecté parce que les besoins d’aide alimentaire sont en hausse de façon assez importante en raison de la hausse du prix du panier d’épicerie. L’augmentation qu’on a vue en janvier, elle était aussi présente au mois de décembre», a fait observer la directrice générale du Comptoir alimentaire Drummond, Nathalie Belletête.

Le même constat s’est fait à la Fondation de la Tablée populaire, qui offre des repas et des boîtes à lunch à sa clientèle dans le besoin. Celle-ci s’accroît et se diversifie. «On a plus de gens qui fréquentent l’organisme. On commence à voir de plus en plus de travailleurs venir chercher des repas. Le salaire horaire n’augmente pas toujours en fonction de toutes les augmentations du coût de la vie», a témoigné Rachel Bissonnette, directrice générale de la Tablée populaire.

Cette hausse du nombre de familles qui adressent des demandes signifient que le Comptoir alimentaire doit aussi augmenter ses achats de denrées dans une même proportion puisque l’organisme tient à offrir le même service à tous ses demandeurs.

«On achète une grande portion des aliments. Il y a une base qui provient de la récupération alimentaire avec les supermarchés. Cependant, on doit compléter principalement avec des aliments périssables. Ça a un impact sur notre budget. Aussi, les achats deviennent de plus en plus nombreux parce qu’on tient vraiment à donner un dépannage de base qui équivaut presque à une semaine d’épicerie», a poursuivi Mme Belletête.

À la Tablée populaire, la hausse des prix des aliments est déjà anticipée. L’organisme profite lui aussi du programme de récupération des aliments, mais elle doit compléter son garde-manger en achetant certaines denrées.

«On anticipe cette hausse, parce qu’il va falloir que nous la prenions en compte dans nos prévisions budgétaires. On sait qu’il y a une inflation tous les mois sur les produits alimentaires, alors on espère que ça ne montera pas trop et que ça se stabilise éventuellement», a poursuivi Mme Bissonnette.

Piger dans les surplus

Le Comptoir alimentaire prévoit ses achats de denrées à même son budget. Cependant, les hausses de prix étant plus difficiles à prévoir, les fonds disponibles peuvent s’épuiser plus rapidement qu’anticipé. Ainsi, les surplus financiers des années précédentes servent à combler le manque à gagner des années plus difficiles.

«Pour l’instant, on a des actifs affectés à l’augmentation dans notre budget. Dans nos bilans financiers, il est toujours prévu que les surplus doivent être affectés aux achats d’aliments des années où l’on pourrait être en déficit financier. Ces actifs sont un genre de portefeuille où l’on peut piger pour maintenir nos services», a expliqué la directrice générale.

D’ailleurs, le Comptoir alimentaire s’attend à observer un déficit pour l’année fiscale qui s’échelonne du 1er avril 2021 au 31 mars 2022. Cependant, de nouveaux dons ou subventions, comme l’augmentation de la contribution de la Ville de Drummondville, peuvent encore modifier la donne.

«Si on doit aller gruger dans nos surplus de façon importante, c’est dans les prochaines années que la situation pourrait devenir plus dramatique», a indiqué Nathalie Belletête.

Trop faible financement

Pour éponger l’impact de la hausse des prix des aliments, le Comptoir alimentaire travaille à bonifier ses activités de financement et s’assurer d’être visible dans la communauté.

Malgré cela, certaines sources de revenus de programmes gouvernementaux ne se montrent pas à la hauteur des attentes du Comptoir alimentaire. Nathalie Belletête et son équipe travaillent donc à rétablir cette situation.

«Les sources de financement de l’État ne sont pas suffisantes. Si  on se compare à des organismes semblables, selon la taille, le Comptoir alimentaire reçoit une aide qui n’est pas équitable. Il faut travailler à obtenir de l’appui des différentes sources gouvernementales», a-t-elle dénoncé.

Pour la Fondation de la Tablée populaire, les aides gouvernementales ne couvrent que 25 % de ses frais. L’autre portion provient du soutien de la communauté.

Celle-ci souhaiterait que la vie reprenne bientôt son cours normal afin de pouvoir de nouveau organiser des activités de financement. Au moins, on peut compter sur des partenariats avec des entreprises spécialisées en alimentation pour combler certains besoins.

«On a la chance d’avoir la communauté qui répond à l’appel lorsqu’on fait des activités de financement. Mais il se pourrait qu’un jour, il y ait une trop grosse pression envers la population, qui subit aussi les hausses des coûts. À un moment donné, il faudra se questionner sur les dons. Pour le moment, on observe une bonne réponse, mais qu’est-ce qui nous dit que dans le futur ce sera toujours le cas? C’est pourquoi on fait des pressions pour avoir plus de financement des gouvernements», a insisté Mme Bissonnette.

Rappelons que les organismes communautaires du Centre-du-Québec et de la Mauricie ont lancé une offensive pour dénoncer le manque de financement des organismes communautaires. Ceux-ci interpellent le gouvernement et soutiennent qu’il manque 35 millions de dollars au financement des organismes de la région.

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