Prévention du suicide : 40 % plus d’appels dans la région

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Par Louis-Philippe Samson
Prévention du suicide : 40 % plus d’appels dans la région
Ce sont 6 000 appels supplémentaires qui ont été enregistrés en 2020 et en 2021 dans les centres de prévention du suicide. (Photo : Depositphoto)

SUICIDE. En pleine semaine de la prévention du suicide, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) souligne que les efforts portent leurs fruits alors que plus de gens osent demander de l’aide dans la région.

Le CIUSSS MCQ enregistre une augmentation de 40 % des appels dans les centres d’écoute et de prévention du suicide depuis deux ans. Cette augmentation des appels équivaut à 6 000 conversations téléphoniques de plus qu’en 2020 et 2021 comparativement aux deux années qui précédaient la pandémie.

Le nombre de décès a diminué de 5 % entre 2017 et 2019 comparativement à la situation 10 ans plus tôt. Cela représente 25 décès de moins chaque année dans les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

«Il est encourageant de voir qu’il y a plus d’appels et de demandes. Le sujet du suicide est beaucoup moins tabou et fait moins l’objet de stigmatisation en santé mentale, ce qui permet à une population d’avoir une meilleure relation avec la demande d’aide. L’aide existe et elle fonctionne, il faut l’utiliser», a dit Patrice Larin, directeur du centre de prévention L’accalmie de Trois-Rivières.

Entre le 1er avril 2021 et le 1er janvier 2022, 318 sorties sur le terrain ont été effectuées, par le CIUSSS MCQ, pour des interventions de crises psychosociales comparativement à 126 pour la même période l’année précédente.

«Les équipes d’intervention de crises psychosociales 24/7 de notre établissement ont dû être déployées sur le terrain plus de 50 % plus souvent en 2021 comparativement à 2020», a renchéri Jovany Raymond, directeur adjoint – Services sociaux généraux et dépendance du CIUSSS MCQ.

Prévention en ligne

Au cours de cette 32e semaine de la prévention du suicide, les efforts de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) se concentreront sur les actions qui peuvent être posées sur les réseaux sociaux. À cet effet, deux guides seront publiés le 2 février et étaleront des méthodes à adopter lorsqu’un utilisateur fait part de ses idées suicidaires en ligne. L’un s’adresse aux utilisateurs; l’autre, aux gestionnaires de communautés.

Jérôme Gaudreault, directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS). (Photo : gracieuseté)

«Ces guides serviront à outiller les gens sur les bonnes manières d’aborder la question auprès de quelqu’un qui partage une détresse sur le web. Les guides comprennent des explications sur ce qui justifie l’état de la personne, les signes inquiétants qu’on peut reconnaître et des suggestions de gestes à poser auprès de cette personne», a expliqué Jérôme Gaudreault, directeur général de l’AQPS.

Selon la mise à jour des données sur le suicide au Québec diffusées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les filles adolescentes constituent la tranche de population qui a visité le plus les hôpitaux pour des raisons liées au suicide en 2021.

«Lorsqu’on regarde les courbes, c’est une augmentation constante et importante chez les jeunes filles particulièrement, mais aussi chez les jeunes garçons, depuis 10 ans. On se questionne beaucoup sur les raisons qui expliquent cela. Si on regarde les taux de suicide, c’est la catégorie de la population pour laquelle les chifffres sont les plus bas au Québec ces 10 dernières années. On n’a pas encore d’explications claires; les chercheurs commencent à s’intéresser à ce phénomène», a indiqué M. Gaudreault.

Répercussions à long terme

Historiquement, les tragédies ou les pandémies ont occasionné une hausse subite du nombre de morts par suicide observable jusqu’à plusieurs années après leur conclusion. Les difficultés de réadaptation à un mode de vie dit normal peuvent parfois expliquer cette situation.

Le CIUSSS MCQ prévoit des répercussions psychologiques à long terme de la pandémie. Du côté de l’AQPS, on entend demeurer attentif à cette situation. «Certains sont laissés derrière alors que l’ensemble de la société a tendance à retourner à la normale. Il sera important au cours des prochains mois, et mêmes des années, de marteler les messages de prévention et de diffuser les ressources d’aide pour éviter d’oublier des gens en chemin», a exprimé Jérôme Gaudreault.

Jovany Raymond a lui aussi encouragé les personnes en détresse à demander de l’aide. Le CIUSSS MCQ recommande également la pratique d’activités qui provoque le bonheur, comme le sport ou l’art, pour améliorer son état d’esprit.

«N’hésitez pas à demander de l’aide. Parler de sa détresse ou de ses inquiétudes à un ami, un membre de la famille, à un collègue ou à un professionnel, ça permet de diminuer la souffrance et d’obtenir du soutien. Il y a des ressources disponibles en tout temps dans notre région. C’est ici que l’adoption de saines habitudes de vie, qui nous font du bien, prend tout son sens», a ajouté M. Raymond.

De nombreuses ressources d’aide existent au Québec et dans la région. Il est possible de parler à des intervenants à la ligne 1 866 APPELLE (1 866 277-3553), la plateforme d’informations et de clavardage en ligne suicide.ca, la ligne Info-Social 811, pour les jeunes, les lignes Jeunesse, J’écoute du 1 800 668-6868 ou Tel-Jeunes au 1 800 263-2266. À Drummondville le Centre d’écoute et de prévention suicide (CEPS) est joignable au 819 477-8855.

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