Des citoyens ne veulent pas d’une Maison des jeunes comme voisin

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Par Marilyne Demers
Des citoyens ne veulent pas d’une Maison des jeunes comme voisin
La Maison des jeunes St-Charles souhaitait déménager au 1035 rue Létourneau. Le projet n’ira toutefois pas de l’avant. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. La Maison des jeunes St-Charles a entrepris des démarches afin d’acquérir une maison sur la rue Létourneau, dans le secteur Saint-Charles. Devant le refus du voisinage, le projet a dû être abandonné. 

Présentement situé sur le boulevard Saint-Charles, l’organisme prévoyait déménager dans un endroit plus grand et dont il serait propriétaire.

«Nos démarches ont commencé quand l’immeuble où est située la Maison des jeunes a été mis en vente. On n’est pas obligé de quitter, mais la réflexion était déjà entamée. Notre budget nous le permet, indique Amélie LeBlond, coordonnatrice de la Maison des jeunes St-Charles. Actuellement, on n’a pas de terrain, donc on utilise celui des voisins. Ça commence à être petit pour l’équipe de travail. Pour mieux répondre aux besoins des jeunes, ça nous prend un endroit mieux situé dans le quartier, plus grand et à nous.»

La maison qui était dans la mire de l’organisme est située au 1035 rue Létourneau. Pour qu’elle devienne une Maison des jeunes, une demande de changement de zonage a été effectuée afin d’autoriser l’usage communautaire, institutionnel et administratif dans la zone d’habitation. «L’offre d’achat a été acceptée. Elle a été signée en juin, conditionnellement à ce que le changement de zonage soit autorisé», fait savoir Amélie LeBlond.

Or, le changement de zonage n’a pu être réalisé. Le nombre de signatures pour la demande d’approbation référendaire a été atteint : 34 personnes ont signé le registre. Le seuil minimal requis pour demander un scrutin référendaire était de 22 signatures. Les élus ont donc décidé de ne pas aller de l’avant avec le processus.

«Ça fait 12 ans qu’on est locataire où on est et on n’a jamais eu de plaintes ni de problématiques. Et s’il y en avait, on est outillé pour agir. On est aussi en lien avec les policiers communautaires et les travailleurs de rue. Avant d’être ici, on était au centre communautaire, qui est juste à côté [de la maison sur la rue Létourneau]. Pour nous, c’était une belle opportunité de se rapprocher de l’école primaire. C’est en rejoignant les élèves de 6e année qu’on peut bonifier nos services parce qu’on les accroche dès qu’ils s’en vont vers le secondaire. C’est dommage parce que ces citoyens ont vraiment nui à un beau projet», se désole Mme LeBlond.

La coordonnatrice de la Maison des jeunes dit avoir rencontré le voisinage à deux reprises pour discuter du projet, mais en vain. «Je leur ai expliqué ce qu’on faisait. J’ai pris le temps d’écouter leurs craintes, de les rassurer. Mais leur idée était déjà faite. Ils pensent que les jeunes sont des délinquants, qu’il y aurait eu du flânage. Ils ne sont pas venus rencontrer les jeunes et j’ai trouvé ça désolant. On trouve ça plate parce qu’on montre justement aux jeunes d’être dans le respect et l’acceptation et là, ce sont eux qui sont victimes de cette discrimination», soutient-elle.

La Maison des jeunes St-Charles est située sur le boulevard Saint-Charles. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Amélie LeBlond estime que la mission d’une Maison des jeunes, qui ouvre ses portes aux adolescents de 12 à 17 ans, reste encore méconnue. «On est là pour rassembler les jeunes autour de choses qui les intéressent, pour mieux les éduquer et les informer. Ils apprennent à bien se comporter dans la communauté, à être respectueux, à s’engager. C’est une place pour ouvrir leurs ailes. C’est encadré. Il y a toujours deux intervenants qualifiés avec eux. On est là pour assurer la sécurité et le respect, mais aussi pour parler avec eux parce que l’adolescence, c’est plein de questionnements», fait-elle valoir.

«C’est positif une Maison des jeunes dans un quartier parce que ça mobilise des jeunes qui deviennent après des citoyens mobilisés. On s’implique dans la communauté, on participe aux événements. Les jeunes sont à la croisée de leur chemin; soit qu’ils prennent des mauvais choix ou qu’ils se rattachent à quelque chose de positif et on est là pour ça. On va travailler à mieux informer les gens», ajoute-t-elle.

À la recherche d’un autre endroit 
La Maison des jeunes St-Charles continue ses démarches dans le but de se relocaliser. La Ville accompagnera l’organisme dans ce processus.

«Pour le conseil municipal, la Maison des jeunes est un organisme qui trouve toute sa raison d’être au sein de la population, par son support qu’il apporte à nos jeunes par l’intermédiaire d’intervenants professionnels qualifiés, et ça, de façon continue et encore plus en période de pandémie», mentionne la conseillère municipale du secteur, Cathy Bernier.

«Pour le conseil, leur désir de vouloir se rapprocher de nos jeunes fait tout son sens, mais dans le présent dossier, les citoyens du secteur se sont prononcés en défaveur. Malheureusement, on doit aller en ce sens, c’est-à-dire écouter les gens. Sachez que déjà, nous sommes en mode solution afin de répondre aux besoins de tous, mais surtout réussir à trouver la meilleure solution pour nos jeunes dans un avenir rapproché», poursuit-elle.

Drummondville compte deux Maisons des jeunes sur son territoire, soit la Maison des jeunes St-Charles et la Maison des jeunes de Drummondville.

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