Un rapport sans surprise pour Drummondville

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Par Louis-Philippe Samson
Un rapport sans surprise pour Drummondville
Au rythme actuel, plus de la moitié des lieux d’enfouissements techniques du Québec, comme celui de Saint-Nicéphore, arriveront à pleine capacité d’ici 2041. (Photo : archive aérienne, Ghyslain Bergeron)

BAPE. La mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, n’a pas été surprise des conclusions du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant la gestion des matières résiduelles au Québec. Celui-ci confirme même l’échec des gouvernements dans ce dossier depuis 25 ans.

Le BAPE a publié son rapport le 25 janvier à la suite de son enquête sur l’état des lieux et la gestion des résidus ultimes. Dans celui-ci, il est stipulé que l’objectif de réduire la quantité annuelle de déchets produits par habitant à 525 kilogrammes d’ici 2023 est improbable. Les données les plus récentes indiquent une proportion de 724 kilogrammes par habitant est plutôt observée.

Ainsi, des 38 lieux d’enfouissements techniques (LET) du Québec, neuf atteindront leur capacité maximale avant 2030, 13 l’atteindraient entre 2030 et 2041 et les 16 derniers auraient une capacité résiduelle après 2041. De plus, 92 % des matières éliminées se retrouvent dans les LET; ceux-ci ne représentent que 19 % des lieux d’élimination de la province.

En entrevue mercredi après-midi, la mairesse Lacoste a indiqué que l’administration municipale n’a pas été informée des orientations du ministère de l’Environnement et de Recyc-Québec. Celle-ci a parallèlement rappelé la qualité de leader attribuée à Drummondville quant à la gestion de ses propres matières résiduelles.

Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville. (Photo : archive, Ghyslain Bergeron)

«Collectivement, ça fait longtemps qu’on a pris nos responsabilités dans la gestion de nos matières résiduelles. Aussi, je suis heureuse de voir que le rapport cite exactement la situation que l’on vit avec le site de Saint-Nicéphore quant à l’acceptabilité sociale», a commenté Mme Lacoste.

La première magistrate déplore que la récompense des efforts faits par Drummondville soit l’implantation d’une zone d’intervention spéciale pour l’agrandissement du site d’enfouissement.

«Je suis contente de voir qu’on y met en lumière l’échec de tous les gouvernements des 25 dernières années sur la gestion des matières résiduelles. Il faut éliminer les déchets à la source et c’est écrit en toutes lettres dans le rapport», s’est réjouie la mairesse.

Celle-ci affirme que le combat continue dans ce dossier et que le rapport donne raison à l’administration municipale. «Ce n’est pas à Drummondville à payer pour l’ensemble du Québec», a insisté Mme Lacoste.

Fortes critiques

Isabelle Melançon, députée sous la bannière libérale et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, a elle aussi critiqué le gouvernement caquiste qui, selon elle, «fait tout dans le désordre».

«Dans le cas du dépotoir de Saint-Nicéphore, on a autorisé préalablement au dépôt du rapport du BAPE un agrandissement, pas sur cinq ans, mais sur 10 ans. En quatre ans au pouvoir, la CAQ [Coalition avenir Québec] n’a rien fait pour diminuer la quantité de matières résiduelles», a exprimé Mme Melançon lors d’un entretien téléphonique.

Cette dernière croit que le gouvernement aurait dû attendre les conclusions du rapport avant d’autoriser des agrandissements et, du même souffle, proposer des solutions pour diminuer l’enfouissement au Québec.

Isabelle Melançon, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement. (Photo : archives, gracieuseté)

«Concernant Saint-Nicéphore, j’ai parlé avec des dirigeants de la Ville et de la MRC et avec des citoyens. Tout le monde est fâché par la façon de faire de la CAQ. On n’a pas respecté ce que les citoyens et les élus municipaux souhaitent. Je trouve ça insultant pour les gens de Drummondville que la CAQ n’écoute pas», a lancé Isabelle Melançon.

La députée de Verdun a, au passage, souligné les efforts des résidents de la MRC de Drummond dans la gestion de leurs matières résiduelles par la collecte séparée des matières organiques, du recyclage et des déchets.

«La région est en avance sur tout le monde, mais malgré cela, le gouvernement de la CAQ a décidé que c’était à Drummondville qu’on allait enfouir les déchets d’autres municipalités. C’est normal qu’on dise “pas dans ma cour” chez vous, parce que vous faites les efforts pour diminuer l’enfouissement. Je trouve cette situation scandaleuse», a-t-elle poursuivi.

Isabelle Melançon a d’ailleurs vivement critiqué le silence des députés caquistes régionaux à ce sujet. «On n’entend pas le député Schneeberger et le ministre Lamontagne. Ils se cachent dans ce dossier. Je les comprends de se cacher parce que c’est honteux», a-t-elle affirmé.

Manque de vision

La porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement a aussi dénoncé un manque de vision du gouvernement actuel sur la question environnementale. «Dans la dernière semaine, les gestes du gouvernement du Québec en matière d’environnement démontrent qu’on ne va pas du tout dans la bonne direction. Ce gouvernement qui dit avoir une certaine conscience environnementale est en train de montrer qu’il va lamentablement échouer dans la protection de l’environnement au Québec», a déclaré Isabelle Melançon.

Celle qui a occupé le poste de ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques entre octobre 2017 et octobre 2018 a proposé comme solution de réduire le suremballage de plastique et carton qu’on retrouve fréquemment dans les colis de commandes en ligne par exemple.

«Dernièrement, on a appris que plusieurs types de plastiques ne seront plus envoyés au recyclage. Le suremballage représente beaucoup de matières envoyées aux dépotoirs. Le meilleur déchet est celui qu’on ne produira jamais. Je pense qu’il faut s’attaquer au début de la chaîne de création du déchet. Il y a une partie qui se trouve là et il faudra travailler avec les entreprises pour réduire le suremballage», a proposé Mme Melançon.

Celle-ci croit finalement qu’un travail doit être fait pour redonner confiance aux Québécois en la gestion des déchets. Les campagnes de conscientisation ne suffisent plus.

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