Éric Maheu se livre sur l’effet de la pandémie sur sa santé mentale

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Par Emmanuelle LeBlond
Éric Maheu se livre sur l’effet de la pandémie sur sa santé mentale
Éric Maheu a eu une première dépression en 2003 et une seconde en 2015. (Photo : Ghyslain Bergeron.)

TÉMOIGNAGE. L’auteur-compositeur-interprète Éric Maheu a tout d’un rockeur. Derrière les tatouages et la carrure imposante, il se cache une personne fragile qui a traversé des épisodes dépressifs. Après plusieurs mois à vivre les hauts et les bas de la pandémie, l’armure de l’homme s’est fissurée et il n’a pas peur d’en parler.

Cette semaine, le Cyrillois s’est exprimé sur les réseaux sociaux en livrant un témoignage poignant. Il a rédigé le texte pendant une nuit d’insomnie, alors qu’il ressentait le besoin de partager ses ressentiments avec sa communauté. Éric Maheu a longtemps hésité avant d’appuyer sur le bouton «publier». Finalement, il n’a pas reculé.

«Les artistes ont toujours l’air heureux sur les réseaux sociaux. Dans nos publications, on essaie de ne pas trop déranger parce qu’on sait qu’un seul mot peut amener le feu. Tout le monde est sur ses gardes. J’ai fait le choix d’éveiller les consciences en m’exprimant», soutient-il.

Éric Maheu a le désir de partager autant les bons coups que les mauvais. Il ne s’en cache pas, les derniers mois ont été très difficiles pour lui. La pandémie a été un coup dur. «On venait de sortir un album double avec Kaïn. On était fier. On fêtait nos 20 ans. Ça s’enlignait pour une solide tournée de festivals et de spectacles», se remémore le bassiste.

En parallèle, il travaillait sur un album avec le groupe La Chicane. Alors qu’il faisait les derniers ajustements en studio, il a reçu un appel inattendu. Tous les spectacles étaient annulés pour des raisons sanitaires. Le milieu culturel était sur pause. L’artiste a fait face à un mur. «Je n’ai jamais fait rien d’autre dans la vie que de la musique. Je n’ai aucun autre talent. Je n’ai pas d’autres ambitions. J’ai travaillé toute ma vie pour mon rêve et on me l’enlevait», souffle-t-il.

Plusieurs vagues de COVID-19 se sont succédé. Éric Maheu se sentait comme s’il était à bord d’une montagne russe. Malgré les allègements de l’automne, les salles de spectacle ont dû fermer leur porte cet hiver. Encore une fois. «C’est là qu’on a pris conscience qu’on a le plus beau métier du monde et que notre métier est plus important que n’importe quoi pour notre moral et notre santé mentale. On s’est aperçu que sans ça, on se sentait comme rien.»

Une santé mentale fragilisée

Au courant des dernières années, Éric Maheu a vécu quelques épisodes dépressifs. La scène a toujours été le remède de tous ses maux. C’est sa manière de combattre ses démons intérieurs. Sans cet équilibre, il est atteint de vertiges.

Le 2 janvier 2022, l’artiste a eu un trop plein. «Cette journée-là, je me suis réveillé devant une nouvelle année. L’année commençait et j’avais les mêmes questionnements qu’il y a deux ans. J’avais complètement les blues. Ma blonde me parlait et je n’étais pas là. J’avais tous les indices qui m’indiquaient que je m’en allais vers une dépression», raconte-t-il.

Par ses expériences passées, il a réussi à développer des outils pour s’en sortir. Son entourage a été présent pour le soutenir.

En écrivant une publication sur Facebook, Éric Maheu avait envie d’exprimer sa réalité, en espérant que ses mots trouvent un écho auprès de sa communauté. «Je ne suis pas le seul dans cette situation. Il y a une tonne de personnes dans tous les secteurs qui ont perdu leurs repères.»

En moins de 24 heures, une centaine d’internautes a partagé son témoignage. L’artiste a reçu plusieurs messages. «Les gens se reconnaissaient dans mon discours. Ma mission dans la vie, c’est de faire du bien au monde. Dans mes chansons, je mets mon cœur et ma vulnérabilité sur la table. C’est un peu ce que j’ai fait avec ce texte», conclut-il.

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