Santé mentale : la présence d’une travailleuse sociale à la SQ porte fruit

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Par Cynthia Martel
Santé mentale : la présence d’une travailleuse sociale à la SQ porte fruit
Michael Smith, lieutenant officier aux opérations, Julie Deslandes, travailleuse sociale en milieu policier, et Myriam Deraps, agente de police. Photo prise avant l'exigence des mesures sanitaires de la cinquième vague. (Photo : Gracieuseté)

SANTÉ MENTALE. Mario (prénom fictif) était sans domicile fixe aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale ainsi qu’un trouble de la personnalité. En état de crise deux à trois par semaine, il nécessitait l’intervention des policiers. À l’automne, il a accepté l’aide de la travailleuse sociale qui assiste l’équipe du poste de la Sûreté du Québec (SQ) de la MRC de Drummond. Depuis, il s’est stabilisé, a un logis et va bien.

Des dénouements comme ceux-là, il y en a plusieurs depuis que la travailleuse sociale Julie Deslandes s’est jointe aux policiers du poste de la MRC de Drummond, dans le cadre du projet-pilote lancé en avril 2021 par la SQ et le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Le but, rappelons-le, est d’optimiser les interventions policières auprès des personnes en situation de vulnérabilité, en besoin de soutien et de protection ou susceptibles de comportements à risque, mais aussi d’aider ces gens à recevoir les services adaptés à leurs besoins.

«[Dans le cas de Mario], je me suis assise avec différents partenaires, dont le CLSC et Domrémy, pour entreprendre différentes actions, car clairement, ce qui était en place ne fonctionnait pas. En novembre, après une période de stabilisation, on lui a trouvé un logement et l’a entouré d’intervenants. Il bénéficie aussi de suivis médicaux de façon plus régulières. Depuis, les policiers n’ont plus à intervenir», détaille la travailleuse sociale.

Chaque matin, Mme Deslandes prend connaissance des interventions des dernières 24 heures pour traiter les nouvelles demandes ou voir si des usagers en suivi ont nécessité l’intervention des policiers. Deux fois par semaine, elle assiste également aux rencontres avec les équipes policières afin de les sensibiliser à la situation et l’état de santé des usagers ainsi que leur donner quelques pistes d’intervention.

«Mon rôle est de mettre en place des services pour diminuer la récurrence des appels au niveau des policiers et faire en sorte de faciliter leur travail», indique-t-elle.

«Je ne vais pas sur les interventions de crise. Je suis là pour mettre les choses en place et réseauter avec les intervenants qui s’occupent de la personne. Le but est de prévenir les interventions», ajoute-t-elle.

Son rôle est aussi de s’assurer que tous travaillent en concertation pour le bien des usagers, que ce soit les policiers, les intervenants au CLSC ou à Info-Santé, le personnel médical, les organismes communautaires, etc.

«On s’arrime tout le monde ensemble pour travailler dans le même sens. Autrement dit, que la personne passe par le 811, l’hôpital ou les policiers, l’intervention va aller dans le même sens. On a une ligne de conduite et on la suit. La personne ne se sent pas déstabilisée de cette manière et la cohérence dans une intervention va faire en sorte que la récurrence ou la durée des appels va diminuer», fait valoir Mme sans pouvoir donner de chiffres pour l’instant.

La travailleuse sociale prend même soin de connaître les attentes et besoins des usagers en ce qui a trait aux interventions.

«Il y a eu des situations durant lesquelles j’ai demandé aux usagers qu’est-ce qui les aidait quand les policiers viennent les voir, est-ce qu’il y a des interventions qui leur ont permis de diminuer leur crise, etc. Ils ont aussi le droit de prendre leur place afin qu’on trouve des moyens qui fonctionnent pour eux.»

Engouement et différence

Depuis la mise en place de ce projet-pilote, le nombre de demandes d’aide est en augmentation, ce qui est positif en soi, selon Mme Deslandes, étant donné que les personnes, lors d’une intervention policière, peuvent refuser l’aide.

«Le nombre de demandes est toujours en augmentation, car les gens apprennent à connaître le projet, nous font confiance. Ils voient que c’est dans un but de les aider. C’est positif, car les gens acceptent de l’aide. On sent que ce projet est une plus-value», affirme-t-elle, satisfaite.

Michael Smith, lieutenant officier aux opérations, est à même de constater les bénéfices du projet.

«C’est sécurisant, ça permet d’optimiser les pratiques policières et bonifier la qualité du service offert. Dans la dernière année, clairement, on s’est vraiment amélioré», se dit-il d’avis. Il ajoute : «Ça nous a permis aussi de démystifier le travail des partenaires et vice versa. Par le réseautage de Julie, elle peut expliquer aux intervenants pourquoi les policiers ont agi d’une telle manière au même titre qu’on se questionne parfois de certaines interventions des intervenants.»

La fin du projet-pilote est prévue en avril. Une évaluation approfondie sera effectuée à savoir s’il est reconduit.

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