Délestage : les urgences, les prochaines sur la liste?

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Par Cynthia Martel
Délestage : les urgences, les prochaines sur la liste?
(Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

COVID-19. Les salles d’urgence de la région pourraient être les prochaines sur la liste de délestage si les hospitalisations liées à la COVID-19 poursuivent leur progression.

En début de semaine, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a reçu l’autorisation du ministère de la Santé de passer au niveau maximum de délestage. En clair, davantage de services hospitaliers ont nettement réduit leurs activités voire cesser pour permettre de réaffecter du personnel pour la prise en charge de patients atteints de la COVID-19. Toutefois, l’établissement parvient encore à maintenir la moitié des chirurgies dites urgentes et semi-urgentes ainsi que celles destinées aux personnes atteintes de cancer.

«On a plus de services qui sont passés au niveau 4 pour nous permettre de maintenir un plus grand nombre de services en niveau 3, dont les chirurgies qu’on maintient toujours à 50 %. Et c’est ce qu’on souhaite garder le plus longtemps possible. Il s’agit d’une grande préoccupation. On veut aussi maintenir tout le volet de dépistage du cancer (endoscopie digestive). L’offre de service est présentement entre 75 et 80 %. Notre volonté est toujours d’être au plus bas niveau de délestage possible pour chacun des services que l’on dessert. Oui, il y a malheureusement des services au niveau 4, mais d’autres sont encore au niveau 2. Le délestage, ce n’est pas statique dans le temps, ça fluctue, donc on met quotidiennement en œuvre une combinaison d’actions qui nous permet de traverser la vague d’une journée à l’autre», détaille Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale adjointe (PDGA) du CIUSSS MCQ.

Si elle estime que les décisions jusqu’à ce jour ont permis de préserver les huit salles d’urgence du CIUSSS contrairement à d’autres régions, elle avise que la situation pourrait basculer à tout moment.

«Un niveau 4 amène normalement des fermetures importantes de salles d’urgence, mais étant donné que ce ne sont pas tous les services qui sont au même niveau, on a encore de la marge de manœuvre. Toutefois, il y a des choses qui sont en étude pour les urgences.»

À Drummondville, la moyenne d’hospitalisations liées à la COVID-19 est de 25 cette semaine, aux dires de Mme Boisvert. Avant Noël, elle se situait à cinq.

Nathalie Boisvert, PDGS du CIUSSS MCQ.

«Quand je regarde les courbes d’hospitalisations, on a assez suivi la tendance estimée des dernières semaines, malgré le fait qu’on a le sentiment qu’on a été frappé un peu plus vite que d’autres régions. On suit de très près les projections des courbes de l’INESS (Institut national d’excellence en santé et services sociaux). On sent qu’il va y avoir une certaine stabilisation dans les prochains jours, mais on prévoit tout de même des courbes accentuées dans les prochaines semaines. Le prochain plateau atteindra 30 hospitalisations, puis 40. Donc on continue à se préparer à ça», explique-t-elle, laissant savoir que les patients atteints de la COVID-19 occupent 17 % des lits à Drummondville.

D’ailleurs, elle indique que le niveau 4 permettra de répondre à cette hausse anticipée. Aussi, les travailleurs absents en raison de la COVID-19 ces dernières semaines reviennent peu à peu sur le plancher.

«Les nouveaux travailleurs qui ont postulé via la plateforme Je contribue commencent également à intégrer les équipes de toute la région. Je dirais qu’il y a en une centaine par semaine qui débute», fait savoir la PDGA.

Des résidents en médecine du GMF-U de Drummondville ont également prêté main-forte le week-end dernier. Le CIUSSS cherche constamment des solutions pour maintenir le maximum de services.

«Le délestage est une action qui demande beaucoup de coordination et où il y a beaucoup de zones grises. En fait, dès que je peux augmenter ma capacité, je l’augmente, dès que je peux détricoter ce que j’ai fait, j’y vais. Il faut user de prudence, car une fois qu’on a déplacé du personnel, on ne veut pas jouer au yo-yo», souligne-t-elle.

«Je suis assez satisfaite de la façon dont on parvient à conduire les choses malgré tout ce qui nous arrive au quotidien (hospitalisations, manque de travailleurs). On voyait la 5e vague s’en venir, mais on ne s’attendait pas à devoir se préparer à un tsunami. Les équipes sont fatiguées, mais les gens sont aussi engagés et savent ce qu’ils ont à faire. Ils sont compétents. La population peut compter sur le réseau, maintenant on compte sur eux pour nous soutenir», conclut Mme Boisvert.

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