«C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin» – Elizabeth Pellerin

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Par Marilyne Demers
«C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin» – Elizabeth Pellerin
Elizabeth Pellerin lors des Championnats québécois de cyclisme sur route élite à Baie-Comeau, en septembre 2020. (Photo : Gracieuseté - Michel Guillemette)

SANTÉ. Des kilomètres, Elizabeth Pellerin en a roulés ou courus. Jusqu’à temps que tout s’arrête.

Triathlons, marathons, ironman. Elizabeth Pellerin cumule les compétitions. La propriétaire de la Clinique podiatrique Elizabeth Pellerin consacre, dans son temps libre, entre 8 à 20 heures par semaine à l’entraînement. «Le sport a toujours pris une place importante dans ma vie depuis que je suis toute petite», dit-elle.

Qualifiée pour le Championnat du monde de duathlon à Amsterdam prévu en septembre 2020, la sportive aguerrie a vu l’événement être annulé en raison de la pandémie. Mais pas question de rester les bras croisés. Avec son conjoint, elle renoue avec le vélo de route. «Mentalement, ça me faisait vraiment du bien. Plus j’en faisais, plus je m’améliorais», indique la femme de 34 ans.

Cette année-là, Elizabeth Pellerin pédale quelques 12 000 kilomètres. «Je me sentais plus en forme que jamais. Je prenais plaisir à monter des côtes, mentionne la Drummondvilloise, qui a participé aux Championnats québécois de cyclisme sur route élite à Baie-Comeau, la seule compétition du genre tenue dans la province en 2020. J’étais fière de moi et motivée pour 2021.»

Début janvier 2021, Elizabeth Pellerin souffre de douleurs aux jambes, particulièrement celle de droite. «J’avais des inconforts. Je pensais que c’était dû à un volume d’entraînement trop élevé. Je me disais qu’en diminuant un peu, ça allait passer», raconte-t-elle.

Même si elle diminue la cadence, la douleur augmente. «Plus je faisais du sport, plus mes performances diminuaient. C’était rendu une douleur insoutenable. J’ai subi plusieurs blessures sportives au fil des ans, mais cette fois-ci, c’était différent comme douleur. C’était comme si mon cuissard était trop serré, comme si le sang ne passait plus. La douleur ne faisait que s’intensifier, jusqu’à m’empêcher de dormir la nuit. J’ai commencé à m’inquiéter», affirme-t-elle.

En faisait ses propres recherches et en lisant des articles sur Internet, Elizabeth Pellerin observe des similitudes entre ses symptômes et ceux de sportifs souffrant d’endofibrose de l’artère iliaque. Parallèlement, elle effectue des examens médicaux. On n’y trouve rien d’anormal.

«Mentalement, c’était vraiment difficile. Je me disais que c’était peut-être dans ma tête, que j’étais rendue trop vieille ou encore que je ne tolérais plus la douleur. J’ai fait d’autres investigations», informe-t-elle.

Pathologie sous-diagnostiquée
Équipée de son vélo et de son rouleau, elle se rend à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, en avril 2021. Elle réalise un test à l’effort. Au repos, le sang circule à 100 % dans sa jambe. «À l’effort, il passe à 38 % dans la jambe droite et à 48 % dans la jambe gauche. Je n’étais pas folle», lance-t-elle.

Deux mois plus tard, elle obtient un rendez-vous avec la chirurgienne vasculaire Dre Nathalie Gilbert à l’hôpital Saint-François d’Assise, à Québec. «Elle me confirme que j’ai bel et bien de l’endofibrose de l’artère iliaque. C’est une pathologie sous-diagnostiquée. C’est difficile à trouver. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Dans mon cas, c’est les deux jambes. Il n’y a que 15 % des gens qui vont l’avoir des deux côtés. La cause, c’est le sport, relate-t-elle. La chirurgienne m’a dit que ce n’était pas une pathologie nécessairement très grave, que je n’allais pas en mourir, mais que c’était irréversible. Je me suis mise à pleurer.»

Elizabeth Pellerin. (Photo Ghyslain Bergeron)

Face à ce diagnostic, Elizabeth Pellerin a deux choix : «Soit je vis avec; soit je me fais opérer. À 34 ans, je trouvais que c’était triste de tirer un trait sur le sport pour le restant de ma vie. Ma décision était prise.»

Le 3 décembre dernier, la sportive a rendez-vous avec la Dre Gilbert, qui a notamment opéré le fondeur Alex Harvey et la cycliste Simone Boilard qui ont aussi souffert d’endofibrose de l’artère iliaque. Elizabeth Pellerin est opérée à la jambe droite, sous anesthésie générale. «Ç’a duré trois heures. Mon artère était bloquée. Ç’a super bien été, mais durant les jours qui ont suivi l’opération, j’ai ressenti la pire douleur de ma vie», soutient-elle.

La Drummondvilloise est loin de pouvoir reprendre ses 8 à 20 heures d’entraînement par semaine, comme avant. Pour l’instant, elle s’en tient à des marches. Mais, elle est confiante d’être opérée à la jambe gauche d’ici ce printemps. «Dans la vie, je vais toujours à 100 milles à l’heure. Là, je suis dans un stade d’acceptation. J’apprends à prendre mon mal en patience. Je préfère être résiliente et vivre au jour le jour», philosophe-t-elle.

Plusieurs athlètes professionnels ayant subi la même intervention qu’Elizabeth Pellerin ont pu reprendre la compétition. Ce qui lui donne espoir, après encore quelques mois d’attente et de convalescence, de pouvoir remonter sur son vélo, qu’elle a été forcée de remiser.

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