Une jeune autiste à la rescousse d’une clinique médicale

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Par Cynthia Martel
Une jeune autiste à la rescousse d’une clinique médicale
Kassandra Pedini apporte son aide à l'équipe de GMF-U de Drummondville depuis l'automne. (Photo : Ghyslain Bergeron)

INCLUSION. Il y a de ces histoires où tout le monde est gagnant. Atteinte du trouble du spectre de l’autisme (TSA), Kassandra Pedini a intégré le Groupe de médecine de famille universitaire (GMF-U) de Drummondville à l’automne dernier. Si cette nouvelle expérience lui permet une meilleure inclusion sociale, sa collaboration fait une réelle différence dans le travail des infirmières.

Kassandra Pedini est un bel exemple d’ambition et de détermination. Depuis trois ans, avec l’aide des services d’intégration au travail et communautaire Di-TSA du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, elle cumule stages et expériences pour atteindre son objectif ultime : décrocher un emploi qui la rendra autonome financièrement dans le but d’avoir une vie comme les autres. Sa priorité étant actuellement le travail, la jeune drummondvilloise œuvre au sein de trois organisations, dont le GMF-U.

«Même si je ne connaissais rien de cet emploi quand on me l’a proposé, je me suis dit : « Je fonce, j’y vais et j’attaque », lance-t-elle. C’est un très bel endroit. Ils font du très beau travail. J’ai la chance de travailler avec cette bonne équipe médicale tous les vendredis.»

Sa mission : s’assurer que chacune des salles de consultation soit adéquatement approvisionnée en équipements et accessoires médicaux.

«Je remplis les tiroirs et je m’assure qu’il ne manque de rien. Par exemple, je mets des abaisse-langues et tests d’urine, je plie des débarbouillettes, jaquettes et piqués et je rajoute les rouleaux de papier sous les lits», énumère la jeune femme de 25 ans.

«Elle voyait ça gros au début, mais en une journée, elle a rapidement changé d’attitude, souligne son intervenante Myriam Laliberté. Elle a pris sa place et développé des trucs. Ensemble, on a fait un outil visuel pour qu’elle se souvienne où placer les objets. Elle l’a appris durant une semaine puis elle le savait par cœur.»

La présence de Kassandra est comme un cadeau venu du ciel pour l’équipe médicale.

«Kassandra est arrivée vraiment au bon moment avec la situation qu’on connaît, soit la pénurie de main-d’œuvre couplée au délestage. On reçoit chaque année des sous pour certains types d’emplois, mais il n’y en a pas d’octroyés pour des aides de service pour le remplissage, par exemple. Donc, ces tâches, c’est le personnel infirmier qui doit les faire et on sait que ça ne rentre pas toujours dans l’horaire. Kassandra est une très bonne recrue, elle s’implique bien et ça nous aide beaucoup», affirme Audrey Cantin, chef de service du GMF-U de Drummondville.

Les tâches effectuées par Kassandra libèrent de façon importante les infirmières, au grand bénéfice des usagers.

«On a été capable de redonner des tâches aux infirmières qui leur sont dues. Elles peuvent donc faire plus de triage de patients et en voir plus à la mini-urgence, notamment. C’est un modèle à reproduire assurément», soutient Mme Cantin.

Le contrat est d’une durée d’un an.

Gravir les échelons

Kassandra Pedini en a fait du chemin depuis trois ans pour devenir la jeune femme qu’elle est aujourd’hui.

«J’ai commencé bien bas. J’étais timide, dans ma carapace. J’ai fait des tests pour ma motricité et on a testé mes compétences pour voir ce que je voulais faire plus tard. Ç’a évolué depuis à force de faire des stages et être sur des plateaux de travail. Ce qui ressort le plus, ce sont les emplois de type service à la clientèle. C’est grâce au premier plateau de travail et les intervenantes que j’ai monté les échelons», explique-t-elle en toute authenticité.

«Depuis je que travaille auprès d’elle (deux ans), elle a beaucoup évolué et elle veut évoluer. Elle aime les défis», indique l’intervenante.

Elle se dit fière de tout ce qu’elle a accompli présentement côté travail, mais aussi côté personnel. Celle qui vit seule dans son appartement depuis quatre ans tient également à souligner le soutien de ses parents.

«Je suis fière de ce que j’ai fait pour avancer et je veux continuer, car il n’est pas question de rester chez nous à me tourner les pouces. Tant et aussi longtemps que j’apprendrai, je continuerai d’apprendre et c’est avec les meilleurs que j’ai envie de le faire», fait-elle valoir, pleine d’assurance.

Dans dix ans, Kassandra se voit avec un emploi, un appartement et… un mari ainsi que des enfants.

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