L’ex-mairesse de Saint-Lucien se vide le cœur

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Par Cynthia Martel
L’ex-mairesse de Saint-Lucien se vide le cœur
Diane Bourgeois, ex-mairesse de Saint-Lucien. (Photo : Photo d'archives)

POLITIQUE. Diane Bourgeois est fière de ce qu’elle a accompli durant les quatre dernières années, mais derrière ce sentiment, se cache une profonde déception. Un peu plus d’un mois après les élections municipales, l’ex-mairesse de Saint-Lucien se confie.

«Je suis déçue pour Saint-Lucien, car j’avais tellement d’idées pour cette municipalité pour qu’elle sorte du lot», exprime Mme Bourgeois qui a perdu par 72 voix derrière la nouvelle mairesse, Maryse Collette, le 7 novembre dernier.

Celle qui a été conseillère de cette municipalité avant d’assurer l’intérim à la mairie puis de remporter un premier mandat affirme avoir été «victime d’une grosse campagne de salissage» lors du porte-à-porte électoral et s’être vue reprocher plusieurs propos mensongers tout au long de son mandat.

«Pendant la campagne électorale, des conseillers disaient, durant le porte-à-porte, que je travaillais toute seule et que j’ai toujours oublié le conseil. C’est faux. Je suis une femme d’équipe, je suis à l’écoute et je n’ai jamais rien caché aux conseillers. Je ne peux pas avoir tout fait toute seule. Je n’aime pas travailler toute seule de toute façon. Par exemple, j’ai travaillé en équipe avec les loisirs pour le comptoir-bar dans le centre communautaire; la FADOQ pour le terrain de pétanque; Mme (Maryse) Joyal pour les Jeudis en chanson; Mme (Louise) Cusson sur le mesurage des boues et les boîtes à fleurs; et avec M. (Raymond) Breton sur l’utilisation du centre communautaire et de l’école pour savoir combien que ça nous coûtait», énumère-t-elle.

Selon elle, on lui reproche d’avoir présenté un budget déficitaire de 283 000 $ en 2020, ce qui n’est pas tout à fait vrai.

«En fait, tout est dans la façon de dire les choses. Les membres du conseil ont oublié que sur ce montant, 200 000 $ ont été versés à la Maison Francine Leroux et 83 000 $ ont été nécessaires pour l’achat de camions. On n’était pas dans le rouge, fait-elle valoir. Lorsque j’étais députée du Bloc québécois, j’ai reçu une formation de la grande argentière du gouvernement du Canada sur le budget, alors qu’on ne vient pas me dire que je ne suis pas capable d’administrer une municipalité…»

«Aussi, quand il était question de dépenser, certains conseillers étaient frileux. C’est important, je trouve, de ne pas toujours regarder l’argent et se concentrer sur des projets qui bénéficient à la population. On est une municipalité qui a très peu de dettes et qui pouvait se permettre de donner tel ou tel service aux citoyens», ajoute celle qui cumule 52 ans d’expérience en politique.

Parmi les autres propos mensongers, elle cite la visite du ministère des Affaires municipales pour rétablir la mauvaise ambiance causée par la mairesse.

«Contrairement à ce que plusieurs pensent, c’est moi qui ai demandé, en accord avec le directeur général, que le ministère des Affaires municipales viennent rencontrer chacun des conseillers et employés tellement que ça n’avait pas d’allure ce qui se passait. Il n’y avait aucun respect.»

Diane Bourgeois dit avoir toujours travaillé dans l’esprit d’améliorer les conditions de vie des citoyens. C’était primordial pour elle. Proactive de nature, elle n’attendait pas que les projets viennent à elle ou pire, qu’ils filent entre ses doigts.

«Je suis une fille qui saisit toutes les opportunités et je crois que les conseillers en place n’étaient pas habitués à ça. Et parfois, il fallait que je risque le tout pour le tout – toujours dans l’optique d’améliorer la qualité de vie de la population – comme je l’ai fait pour l’école (…) Ce que je proposais comme idées et ce qu’on discutait autour de la table, je m’attendais à ce que les autres membres du conseil sautent là-dessus et qu’ils embarquent, mais personne ne parlait, bougeait. Alors souvent, je me retrouvais à travailler les projets avec l’administration parce que je n’avais pas le support ou qu’il n’y avait tout simplement pas de projets, donc je prenais une chance à en présentant», explique-t-elle, en regrettant que la COVID-19 ait fait en sorte qu’elle s’éloigne des citoyens.

Même si elle se dit peinée par tout ce qui a circulé à son égard, Diane Bourgeois est fière d’elle.

«J’ai de la peine, mais je suis fière de ce que j’ai fait, parce que je me suis tenue debout. J’ai essayé de donner le maximum de moi-même. Il y a des gens qui ont déjà dit que la mairesse est censée protéger ses conseillers, faire tout en son pouvoir pour créer l’harmonie. Mais une mairesse, c’est aussi le chien de garde de la municipalité qui doit veiller à ce que les règlements soient appliqués, que l’argent soit bien utilisé et que ce que les conseillers veulent, si ça a du sens, soit réalisé», expose-t-elle, soulignant que la nouvelle école et la Maison Francine Leroux constituent les deux projets dont elle est particulièrement satisfaite.

Le futur

Malgré cette défaite, Diane Bourgeois n’est pas prête à tirer un trait sur la vie politique. Elle va d’abord prendre le temps de se reposer pour ensuite évaluer ce que lui réserve l’avenir. En attendant, elle travaille, en collaboration avec Nathalie Mercier, directrice du Centre collégial d’expertise en gérontologie du Cégep de Drummondville, sur un projet qui pourrait éventuellement faire bénéficier quelques aînés de la municipalité.

«Il s’agit d’un projet qui s’intitulerait le Carrefour des aînés. On voudrait construire de belles petites maisons ergonomiques et abordables pour des aînés qui sont encore autonomes, mais qui ne veulent plus nécessairement garder leur maison ou demeurer seuls, sans services. Il y a un promoteur qui a un terrain situé dans le village, à côté des sentiers de Saint-Lucien. Il collabore avec nous. Bref, c’est un projet qui me tient beaucoup à cœur», conclut Mme Bourgeois, affirmant avoir un grand sentiment d’appartenance pour Saint-Lucien.

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