Explosion chez Olymel : un grand brûlé y trouve le positif

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Par Louis-Philippe Samson
Explosion chez Olymel : un grand brûlé y trouve le positif
Afin d’encourager les gens à persévérer dans l’adversité, Jean Michel a créé une conférence retraçant son parcours. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉPREUVE. Le 20 avril dernier, la vie de Jean Michel a pris un tournant inattendu lorsqu’il a été victime d’un violent accident de travail. Il aurait pu laisser cette épreuve avoir le dessus sur lui, mais l’homme est un battant.

Agissant comme superviseur de maintenance à l’usine Olymel de Drummondville, Jean Michel a reçu un appel concernant une machine défectueuse ce soir là. Vers 1 h 30 du matin, alors que M. Michel et deux mécaniciens inspectent un tableau électrique, celui-ci explose au moment où l’un d’entre eux réenclenche le disjoncteur fautif.

Se trouvant à environ huit pieds du tableau, Jean Michel a le bon réflexe de se couvrir le visage et de se retourner pour se protéger. Sans jamais perdre connaissance, le superviseur se retrouve au sol avec de violentes douleurs au côté droit de son corps et au dos.

«J’ai été projeté par l’explosion. Il y avait de la fumée, je me demandais ce qu’il se passait. Je me suis relevé et j’avais mal. Je me suis regardé les mains; j’ai vu de la peau pendre et ma chemise en train de brûler. Je n’étais pas capable de l’éteindre. J’ai demandé aux gens de m’amener de l’eau ou de quoi m’éteindre et personne ne bougeait. Tout le monde était en état de choc. C’est l’autre contremaître qui m’a arrosé une fois qu’il s’était relevé. Jusqu’à ce que l’ambulance arrive, j’étais en douleurs, c’était incroyable», a-t-il raconté.

Ensuite, s’ensuit une hospitalisation de près de neuf semaines partagées entre l’unité des grands brûlés du CHUM à Montréal et l’hôpital de réadaptation Villa Medica. Jean Michel a passé deux séquences de deux semaines dans le coma pour l’aider à récupérer d’une greffe de peau et d’une infection subséquente. Il a été greffé sur une grande partie du côté droit de son corps et son dos.

La combinaison de compression permet non seulement à Jean Michel de mieux guérir, mais également de mettre plus de couleurs à sa convalescence. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Depuis, la vie de M. Michel a beaucoup changé. Bien qu’il envisage un retour au travail en début d’année 2022, l’homme de 53 ans sait qu’il ne pourra pas retrouver la même routine. «Je recommence à travailler après les Fêtes. Mais je ne pourrai plus travailler de nuit. J’ai de la difficulté à dormir depuis l’accident. Je ne peux plus aller au froid comme avant. Je passais souvent de secteurs chauds à des secteurs froids. Ça va me causer des problèmes maintenant», a-t-il indiqué.

Le froid semble être un important obstacle qu’aura à traverser Jean Michel. «Puisque mon corps travaille fort pour guérir; au froid, il a beaucoup de difficultés. Je suis incapable de rester au froid longtemps. Le premier hiver ne sera pas plaisant. Je suis une personne d’hiver en plus. Je voulais en profiter pour faire des activités de plein air. Il faudra y aller lorsqu’il fera beau», a-t-il ajouté.

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Dans l’objectif de partager son parcours et peut-être même inspirer certains à ne pas baisser les bras devants les épreuves, Jean Michel a préparé une conférence. C’est un ami, professeur de français au secondaire, Patrice Gagnon, qui lui a suggéré de raconter son histoire. Bien qu’il n’ait présenté sa conférence qu’une seule fois devant des élèves du secondaire jusqu’à maintenant, l’homme a adoré son expérience au point où il est impatient de recommencer.

«J’avais peur que les élèves ne m’écoutent pas. Je n’ai pas entendu un bruit dans l’auditorium; les jeunes étaient attentifs du début à la fin. J’ai tout de même fait des trucs pour les faire réagir ici et là. J’ai regardé la vidéo de ma conférence et je me suis trouvé bon pour une première fois», a signalé Jean Michel.

Les thèmes de la résilience, de la persévérance et du courage sont omniprésents dans le discours de ce grand brûlé. Il recommande d’apprendre à accepter son sort, mais de travailler pour atteindre ses objectifs.

«C’était mon premier accident de travail. Ce n’était pas beau ce que je voyais en me réveillant. Je l’ai accepté. Si je veux m’en tirer, c’est en me forçant et en améliorant ma situation que je vais réussir. La résilience : c’est accepter son sort et faire ce qu’il faut pour passer à travers. Je me suis retrouvé devant deux options. Soit je fonçais dans un mur, soit j’allais à la plage. J’ai choisi d’aller à la plage», a imagé M. Michel.

D’ailleurs, une façon qu’a trouvée Jean Michel de se remonter le moral réside dans les combinaisons de compression qu’il porte pour l’aider à guérir. Il a choisi de porter des combinaisons colorées qui donnent parfois l’impression d’un énorme tatouage sur son bras droit.

«C’est psychologique. Si je mets quelque chose de coloré, ça met plus de vie. De me voir avec des couleurs qui sont réjouissantes, ça me motive. Lorsque je vais dans des restaurants avec mes manches colorées, ça fait jaser les gens autour. Ça ne me dérange pas d’en parler. C’est plaisant. Ça me permet d’instruire les gens sur cette nouvelle technologie pour les grands brûlés», a raconté M. Michel.

Se décrivant avant tout comme un passionné de la vie, Jean Michel a dû mettre de côté ses activités favorites. Ce dernier est un kayakiste aguerri. Dès le mois de mars, on pouvait le retrouver sur les rivières à pagayer dans les rapides. Il n’a, malheureusement, pas pu retourner sur un cours d’eau depuis son accident. Il a bon espoir de pouvoir retourner sur l’eau dès le printemps et ainsi retrouver progressivement son rythme de vie d’avant.

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