Feu vert à la nouvelle usine de traitement d’eau potable

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Par Marilyne Demers
Feu vert à la nouvelle usine de traitement d’eau potable
Le nouveau bâtiment sera construit sur le site adjacent à l’usine actuelle, laquelle a été construite en 1928. (Photo : Gracieuseté )

MUNICIPAL. Après avoir mis son projet de nouvelle usine de traitement d’eau potable sur la glace pendant quelques mois en raison des coûts plus élevés que prévu, la Ville de Drummondville va finalement de l’avant avec ce qu’elle considère comme étant «le plus important projet d’investissement de son histoire».

Les élus municipaux ont accordé un contrat de 102,5 M$ à la firme Construction Deric pour la construction de la nouvelle installation. «On n’a pas le choix, il faut aller de l’avant. Notre usine a presque 100 ans. Ça s’en vient risqué de la garder longtemps encore. On devient vulnérable. On devait prendre une décision. L’eau, c’est essentiel et c’est notre responsabilité comme Ville», indique la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste.

Rappelons que le projet a été mis sur pause en août dernier, quelques semaines après la pelletée de terre officielle. Les autorités municipales ont dû composer avec une hausse de 27,5 M$ du coût total. Le projet global est ainsi passé de 81 M$ à 108,5 M$. Selon la Ville, différents facteurs ont fait grimper les estimations des coûts préliminaires, dont l’effet de la pandémie sur la construction et les matériaux. Elle a tout de même choisi de ne pas retourner en appel d’offres.

«Le problème, c’est que la soumission s’en venait échue. Il restait quelques semaines pour se décider. Si on avait rejeté les soumissions et qu’on était retourné en appel d’offres, selon notre analyse, on croit qu’il y a tellement de projets sur le marché actuellement qu’on n’aurait pas eu de meilleurs prix, ou pire, qu’il n’y aurait pas eu de soumissions du tout. En pesant les pours et les contres, il y avait beaucoup de risques à retourner en appel d’offres. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu deux soumissionnaires et que le deuxième était encore 20 M$ plus cher que le premier», mentionne le directeur général de la Ville de Drummondville, Francis Adam.

Montage financier
La Ville de Drummondville a injecté de nouvelles sommes au montage financier du projet, dont la bonification du Programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec – TECQ. «Cet été, Drummondville a reçu une subvention supplémentaire de 8,7 M$ pour pallier l’impact de la COVID-19 sur les projets qu’on finance. Ce montant sera entièrement affecté au projet», indique le directeur général de la Ville.

Globalement, les autorités municipales consacreront 36 M$ de la TECQ à la construction de la nouvelle usine. «On a tenté de minimiser le plus possible les coûts. On va se servir entre autres de la TECQ pour absorber le dépassement des coûts. Les autres municipalités contribuent un peu plus elles aussi», soutient la mairesse Lacoste.

La tarification sur l’eau potable des citoyens augmentera progressivement au cours des prochaines années afin de contribuer à payer cette nouvelle infrastructure. La Ville soutient qu’elle sera au même niveau de ce qu’elle avait anticipé avant de connaître les coûts finaux. «Présentement, ça coûte 135 $ au citoyen par maison. Avec le nouveau projet, ce qui était prévu, c’était de monter approximativement autour de 160 $», précise Francis Adam.

«On a regardé et à 160 $, on est dans la moyenne des villes comparables, mais qui n’ont pas nécessairement notre usine moderne, renchérit Stéphanie Lacoste. Le conseil municipal est unanime : il faut respecter la capacité de payer des contribuables. Je suis donc très fière des solutions qui sont amenées et qui nous permettent d’aller de l’avant. Ça va coûter un peu plus cher, c’est vrai, mais on fait de l’usine de traitement de l’eau potable une priorité, pour aujourd’hui et pour demain.»

«Cette décision, ce choix, il nous faut l’assumer, parce que les sommes consenties au projet ne seront pas disponibles pour financer d’autres infrastructures. Ça nous apparaît toutefois la chose à faire compte tenu de l’importance stratégique de l’usine de traitement d’eau potable», poursuit-elle.

Québec et Ottawa avaient annoncé une somme conjointe de 32,2 M$, une aide évaluée à partir du montant initial de 79,8 M$. Les trois députés de la région ont été interpelés au cours des derniers mois afin de trouver une solution financière pour pallier cette hausse du coût du projet.

Stéphanie Lacoste indique que de nouvelles représentations seront effectuées, conjointement avec les élus des municipalités desservies par l’usine de traitement d’eau potable de Drummondville, afin de bonifier l’aide déjà annoncée.

Usine moderne
Bien que les équipements fonctionnent au maximum de leur capacité, l’usine de traitement d’eau potable actuelle construite en 1928 approche de sa fin de vie utile. Au fil des décennies, la bâtisse a été agrandie à une demi-douzaine de reprises. Certains équipements sont à l’arrêt ou ont été abandonnés. Des travaux palliatifs y sont réalisés depuis 10 ans afin de la maintenir en activités. De plus, peu d’équipements sont automatisés.

Maquette de la future usine de traitement d’eau potable.

La nouvelle installation doit non seulement permettre d’offrir une eau de meilleure qualité, mais aussi d’augmenter la capacité de production. En période estivale, les épisodes d’interdiction d’arrosage sont de plus en plus fréquents. La capacité de production maximale est régulièrement atteinte, particulièrement en périodes de canicule.

La Ville soutient que la nouvelle usine viendra accroître la capacité de production avec un débit de près de 75 000 mètres cubes par jour. Elle atteindra près de 90 000 mètres cubes par jour dans un horizon de 30 ans. La capacité actuelle se situe aux alentours de 58 000 mètres cubes par jour. La Ville souhaite néanmoins poursuivre la sensibilisation auprès de la population afin de réduire la consommation de l’eau potable.

Par ailleurs, une rencontre est prévue cette semaine entre la Ville et l’entrepreneur afin d’établir le calendrier des travaux. «L’objectif est que les travaux préparatoires se terminent d’ici les Fêtes. Dès janvier, l’entrepreneur va commencer à se mobiliser, à s’installer. Aussitôt que le printemps va arriver, il va débuter les fondations, le bétonnage. Il en a pour presque tout 2022. La structure va commencer à lever fin 2022», fait savoir Francis Adam.

Si l’entrée en fonction de la nouvelle usine était initialement prévue en 2023, elle est désormais attendue en 2025. La Ville de Drummondville dit toutefois respecter l’échéancier initial du projet.

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