COVID : 5 croyances sur le vaccin chez les 5-11 ans

Kathleen Couillard – Le Détecteur de rumeurs Agence Science-Presse
COVID : 5 croyances sur le vaccin chez les 5-11 ans
(Photo : Depositphoto)

SCIENCE. La vaccination des enfants de 5 à 11 ans contre la COVID-19 devrait commencer, au Québec, d’ici Noël. Le Détecteur de rumeurs s’est penché sur quelques préoccupations ou interrogations courantes des parents.

1) Les enfants sont peu touchés par la COVID-19, donc ils n’ont pas besoin d’être vaccinés ?

Il est exact que les experts ont remarqué que les enfants développent rarement des formes sévères de la COVID-19. Toutefois, certains peuvent quand même connaître des complications. Les données à ce sujet de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révèlent que 276 enfants de 0 à 9 ans et 177 de 10 à 19 ans ont été hospitalisés en raison de la COVID-19 depuis le début de la pandémie. Selon les données de l’INSPQ, il y a eu près de 43 000 cas confirmés chez les 0-9 ans et 56 000 chez les 10-19 ans, ce qui voudrait dire une proportion d’hospitalisations de 0,64 % chez les 0-9 ans et de 0,2 % chez les 10-19 ans.

Selon Santé Canada, les enfants souffrant de conditions chroniques (obésité, diabète, asthme) sont particulièrement à risque de vivre des complications s’ils contractent la maladie. De plus, les enfants infectés par la COVID-19 pourraient aussi développer la version longue de la maladie — et plusieurs d’entre eux n’ayant pas été hospitalisés, ils s’ajoutent aux chiffres ci-haut.

Par ailleurs, les enfants jouent un rôle important pour transmettre le virus, rappelait en juillet dernier une épidémiologiste australienne citée par Nature. Santé Canada croit même que la vaccination des enfants est essentielle pour contrôler la pandémie. De son côté, l’INSPQ rappelle que la COVID-19 a perturbé le quotidien des enfants en raison des fermetures de classe et des activités sportives et culturelles qui ont été mises sur pause. Vacciner les enfants pourrait donc limiter les éclosions et les fermetures de classe et permettre la reprise des activités parascolaires et sportives, souligne le gouvernement du Québec.

2) L’immunité naturelle est plus efficace que les vaccins pour éviter les réinfections ?

Plusieurs personnes croient, qu’il s’agisse d’adultes ou d’enfants, que le fait d’être malade conférerait une meilleure protection que la vaccination. C’est pourquoi certains parents préfèrent que leur enfant attrape la COVID-19 et que d’autres parents ne voient pas la nécessité de le vacciner s’il a déjà eu la maladie.

Une équipe des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis a réalisé une revue des études comparant l’immunité acquise par l’infection avec le SARS-CoV-2 à celle acquise par la vaccination chez les adultes. Ils ont constaté que dans les deux cas, le risque d’être infecté était très faible pendant au moins 6 mois. Or, le fait d’être vacciné après avoir eu la maladie augmentait la protection et diminuait donc le risque d’être infecté de nouveau. Plus récemment, une étude américaine a conclu que le risque de recevoir un diagnostic positif de COVID-19 était près de 6 fois moins élevé chez les personnes vaccinées que chez celles qui ont « seulement » eu la maladie.

Rappelons que toutes ces études ont été faites chez des adultes ; les experts ne savent pas si la situation sera la même pour les enfants.

3) Le vaccin contre la COVID-19 pourrait causer des effets secondaires graves chez les enfants ?

Selon l’analyse des données faite par les CDC américains, à partir d’un essai clinique mené auprès de 3000 enfants de 5 à 11 ans et paru dans le New England Journal of Medicine le 8 novembre, les effets secondaires du vaccin rapportés par les jeunes étaient principalement légers et ressemblaient à ceux observés pour les autres vaccins de l’enfance. Cette analyse révèle que 2,7 % des enfants ont connu des effets secondaires qui ont nui à leurs activités quotidiennes comme de la fatigue, des maux de tête, de la fièvre et de la douleur au site d’injection.

Certains parents sont préoccupés par un effet secondaire plus grave qui a davantage fait parler dans les médias : les myocardites, une forme d’inflammation du cœur, rapportées lors de la vaccination des adolescents. Dans leur analyse, les CDC rappellent que le nombre d’enfants étudiés lors des essais cliniques du vaccin n’était pas suffisamment grand pour détecter une complication aussi rare.

Ainsi, selon l’INSPQ, la fréquence attendue chez les adolescents de 12 à 17 ans est, avec le vaccin de Pfizer-BioNTech, de 6,7 cas par 100 000 garçons et 0,9 cas par 100 000 filles. À titre de comparaison, dans une étude israélienne récente, le risque de myocardites lié à la COVID était évalué, lui, à 11 cas pour 100 000 chez les adultes.

De plus, rappellent les CDC, les myocardites sont généralement moins fréquentes chez les enfants que chez les adolescents.

4) Le processus d’approbation des vaccins a été trop rapide pour qu’on puisse être certain de leur sécurité ?

Selon un document du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), « les vaccins contre la COVID-19 sont soumis aux mêmes normes scientifiques

rigoureuses, aux mêmes normes de qualité, aux mêmes essais et à la même surveillance postcommercialisation que tout nouveau vaccin dont l’utilisation est approuvée au Canada. » C’est Santé Canada qui réalise cette démarche avant d’autoriser un nouveau vaccin.

Le MSSS rappelle que c’est un énorme financement des gouvernements (en particulier les États-Unis et l’Union européenne) qui explique le développement rapide des vaccins contre la COVID-19. De plus, les processus d’autorisation des vaccins ont été adaptés pour que Santé Canada puisse commencer son analyse plus rapidement, note le MSSS. Par exemple, cette nouvelle procédure a permis aux fabricants de soumettre leurs résultats au fur et à mesure qu’ils étaient disponibles plutôt que d’attendre la fin des essais cliniques.

5) J’ai le droit de refuser la vaccination pour mon enfant ?

Comme le mentionne le site Éducaloi, chaque personne a le droit d’accepter ou de refuser de se faire vacciner. Les vaccinateurs doivent d’ailleurs vérifier le consentement d’une personne avant de procéder. Dans le cas d’un enfant de moins de 14 ans, ce sont les parents qui peuvent consentir ou refuser.

De plus, même si la Loi sur la santé publique le lui permettrait, le gouvernement du Québec n’a pris aucune mesure pour rendre la vaccination obligatoire auprès de la population.

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Vaccination : pourquoi des parents hésitent? C’est compliqué, Agence Science-Presse, 30 juillet 2020.

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