La rivière Saint-Germain sous la loupe

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
La rivière Saint-Germain sous la loupe
La rivière Saint-Germain.

ENVIRONNEMENT. Pour les trois prochaines années, le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF) passera sous sa loupe la rivière Saint-Germain, dans le but de limiter les inondations de plus en plus fréquentes ainsi que de diminuer les charges sédimentaires.

Pour ce faire, le COGESAF, l’Université de Sherbrooke, l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) ainsi que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) se sont réunis pour créer le projet Évaluation de l’effet de différentes méthodes de gestion des sols sur la capacité de rétention d’eau des sols et l’infiltration de l’eau en bassin versant agricole.

L’objectif principal du projet est d’évaluer la réponse hydrologique de la rivière Saint-Germain (235 km2) à l’amélioration des systèmes culturaux et de la condition physique des sols de son bassin versant, sous les conditions climatiques actuelles et futures. La réponse hydrologique correspond à la réaction d’un bassin versant lors d’événements climatiques, comme la pluie ou la sécheresse.

«La municipalité de Saint-Germain-de-Grantham est une zone fréquemment inondée par la rivière Saint-Germain depuis quelques années. Auparavant, le phénomène se produisait surtout au printemps, mais avec les changements climatiques, ça survient maintenant à l’été et à l’automne, ce qui cause des répercussions financières importantes chez les producteurs agricoles qui perdent des parties de leurs récoltes. On va donc principalement s’attarder à cette zone», détaille Julie Grenier, biologiste de formation et coordonnatrice de projet au COGESAF.

Le projet permettra l’analyse et l’évaluation de techniques visant à améliorer la capacité d’infiltration et de rétention d’eau des sols afin de limiter les pointes de crues et les charges sédimentaires des cours d’eau. Ultimement, le projet vise à soutenir l’implantation de pratiques visant à conserver la qualité de l’eau aussi bien que sa quantité, dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques.

«Plusieurs personnes ont déjà vécu le moment où la rivière avait été draguée et même, dynamitée pour évacuer les sédiments afin d’accélérer le débit. Plusieurs auraient aimé qu’on procède à nouveau ainsi, mais du point de vue environnemental, c’est assez drastique comme mesure. Et si jamais on le ferait, ça ne règlerait pas le problème à long terme. Alors, il faut se pencher sur les actions qui pourront régler ou du moins, diminuer l’impact de cette problématique (inondation)», indique Mme Grenier, ajoutant que la rivière Saint-Germain est la plus polluée des bassins versants de la rivière Saint-François.

Les équipes pourront tester les meilleures pratiques dans les bassins versants expérimentaux que possède l’IRDA.

«À la fin de l’étude, on devrait être capable de savoir qu’est-ce qu’il faut faire et où spécifiquement sur le bassin pour obtenir les résultats que l’on souhaite», souligne-t-elle.

Le volet d’étude hydrométrique soutient également la mise en service de trois stations de mesure en continu des débits et de leur séparation en écoulements de surface et souterrain, de même que des flux de sédiments aux endroits stratégiques.

«Nous avons installé des instruments pour mesurer le débit et la quantité de sédiments qui est évacuée et qui ruisselle en surface. L’érosion sera également étudiée.»

Un comité de suivi se rencontrera tout au long du projet afin de partager les avancées aux différents acteurs concernés et assurer l’acceptabilité des mesures proposées.

«Nous nous donnons trois ans parce qu’on ne veut pas se baser sur une seule année, car par exemple, cette année a été particulièrement sèche. On veut avoir une bonne variation pour s’assurer d’avoir vu tous les cas d’espèce», précise la coordonnatrice de projet.

Elle souligne que les agriculteurs intéressés à participer au comité de suivi peuvent communiquer avec le COGESAF.

«C’est important pour nous qu’un grand nombre de producteurs soient impliqués, car on veut s’assurer que ce qu’on va proposer soit réaliste aux problématiques que vivent les gens sur le terrain, que ça réponde à leurs besoins et que ça fasse l’objet d’un consensus entre tous les agriculteurs concernés», conclut-elle.

Partager cet article